Le Mordoré

Chapitre troisième, le Conseil des Aristos

Conseil des Peuples Libres, deux semaines après la capture de la Communauté de l'Anneau et son échec :

Etaient réunis tous les Grands Seigneurs. Saroumane le Blanc, Radagast le Brun et les deux Magiciens Bleus; Thranduil de Mirkwood, la Dame Galadriel et son mari Celeborn, et Elrond d'Imladris, que ses fils Elladan et Elrohir avaient d'avantage forcé que convaincu de venir, mais celui-ci se cachait, restait enfermé la plupart du temps, trop coupable de la situation; Denethor Intendant du Gondor, Théoden du Rohan, et même Bilbo Baggins, oncle de Frodo et l'Ancien de Sam; enfin, un porte parole des Nains d'Erebor, car le roi n'avait pas pu se déplacer, du nom de Hainrt.

Les voici donc, ces représentants des peuples Libres de la Terre du Milieu. Si brillants, avec leurs airs calmes et irréprochables et sérieux... et ils ressemblaient beaucoup trop à des aristocrates hypocrites. Déjà parmi eux, il avait deux pions.

Sauron s'ennuyait. Il faisait tourner d'un air ennuyé le Palantir dans une main et, la tête appuyée sur l'autre, observait l'extérieur. Ces imbéciles étaient incapables de prendre rapidement une décision. Ils débattraient toute la journée pour n'en tirer aucune conclusion et en resteraient au même point. Et lui attendrait patiemment qu'ils finissent par lâcher quelques mots, les trois quarts sans doute déjà morts d'ennui. Entre ceux qui parlent à peine, ceux qui parlent trop, ceux qui défendent fermement un point, ceux qui oscillent entre deux camps, ceux qui sont résolus dans un autre camp... Cette réunion pourrait durer des années ! C'est là que Sauron eut une idée.

***

Elrond avait les yeux clos, les mains sur le ventre, allongé, immobile dans une chambre à la porte close et à l'atmosphère tapissée, quoique que la fenêtre ouverte laisse entrer à flot le vent. Elrond songeait encore et toujours à la même chose. Aurait-il du rejoindre l'Ouest ? Il aurait peut être causé moins de problèmes. Pourrait-il se rattraper ? Ou valait-il mieux qu'il s'en aille pour ne pas aggraver les choses ? Il pensait à Elladan, Elrohir, Arwen. Que penseraient-ils ? Ils essaieraient sans doute de le retenir. Auraient-ils raison ? La Communauté le haïrait après cette trahison. Comment pourrait-il continuer de se regarder en face si la Terre du Milieu était asservie et tous les peuples réduis en esclavage ?

- Premièrement, ce n'était pas ta faute. C'était un piège. C'est le principe. Deuxièmement, des remords et des regrets, on en a tous beaucoup. Nous devons seulement nous en servir pour progresser et les laisser derrière nous. Troisièmement, je ne compte pas détruire la Terre du Milieu et ses habitants pour tous en faire des esclaves. Question de principe, ça ne fonctionnerait pas.

Elrond se releva en sursaut, porta immédiatement la main à l'arme posée au pied de son lit.

- Du calme ! Je ne vais pas t'assassiner. Ce serait l'endroit parfais, le moment parfais, mais ça n'aurait absolument aucun intérêt.

Malgré cela, le Seigneur Elfe dégaina sa lame et la tint près de lui. Sauron était assis sur le rebord de la fenêtre ouverte, les bras posés sur les genoux, remontés contre lui. Il lui lança un regard.

- Tu comptes me transpercer avec ça ?

- Au moindre geste.

- Ce n'est pas juste, je n'ai pas d'arme, moi !

- Vraiment ?

- Oui, tu peux vérifier. Je ne suis pas là pour me battre, si ce n'est par la parole.

- Pour le conseil ?

- Tout à fait. Je vais proposer une solution claire et efficace qui saurait convenir à tout le monde et ça évitera que cette réunion dure deux mois.

- Pourquoi être passé me voir avant alors ?

- Parce que tu es rongé de remords et que tu ne devrais pas.