Sauron arriva donc dignement à Aman, mais les elfes s'emparèrent aussitôt de lui. Il demanda à voir Manwë et on le conduisit à lui. Les Valar vivaient bien sur dans un palais. La salle où ils se trouvaient était vaste, une estrade en face de la porte, sur laquelle trônait Manwë et sur les côtés, les treize autre dieux. Les nombreuses fenêtres laissaient entrer à flot la lumière. Tout était rayonnant, du sol au plafond, en passant par les colonnes centrales gravées. Ce luxe écoeurait Sauron. C'était hypocrite. Une façade de lumière pour un coeur de pierre. La colère l'enserra un peu plus et il fut encore plus déterminé à achever son plan.
Il s'inclina respectueusement mais s'adressa directement au Roi, sans préambule.- Je viens vous défier en duel à l'épée.
Simple, claire, efficace. Le silence plana comme si c'était une plaisanterie dont on attendait la chute.
- Votre nom ? répondit enfin le Seigneur Blanc avec un air lasse et surpris en même temps.
- Sauron.
- Le Maiar contre qui nous avons envoyé les Istari ?
- Oui.
- Il semble que les "Seigneurs" Sombres aient un don pour se monter à la tête.
Sauron garda un visage impassible mais ses doigts se crispèrent sur son fourreau et sa haine envers lui redoubla d'intensité. Elle tripla quand, contre son gré, une nouvelle slave de réminiscences l'envahit. Les cris. Il se souvenait si bien de ses hurlements de douleur, il se souvenait si bien de sa désastreuse impuissance. Il se souvenait surtout d'où venait son malheur, sa nostalgie. De qui.
- J'accepte le duel, acheva Manwë en se levant de son trône avec lenteur.
Il dégaina une épée lumineuse et immaculée qui ne devait jamais avoir fait couler la moindre goutte de sang. Sauron se demanda à quoi elle servait, sinon à faire joli, dans ce cas.
Manwë retira sa cape et descendit de son estrade. Le Maiar sortit lui aussi son épée qui lui sembla ridiculement petite et fragile en comparaison. Il s'approcha, tenta de porter un premier coup mais son ennemi le contra aisément. Cela lui semblait déjà ennuyeux, une distraction étonnante mais non moins intéressante que les autres. Dans sa longue existence de Valar, il avait du passer l'essentiel de son temps infini à dormir, et à donner ordre aux autres. De l'hypocrisie. Bientôt, il se désintéresserait. Non, ce ne devait pas être ainsi. Sauron ne voulait pas gagner, il n'était pas stupide et savait pertinemment que ce serait impossible. Il devait seulement attirer son attention, toute son attention, le plus longtemps possible. Il se concentra. Autrefois, c'était le meilleur à l'escrime avec Lui. Il eut une nouvelle tentative, un nouvel échec. Alors il se déchaina, virevolta, sans qu'aucune de ses attaques n'atteigne son adversaire.
- C'est drôle, dit Manwë avec flegme, si tes actions ne me sont pas inconnues, tes pensées me sont voilées.
Voilà ! Parler, il devait parler ! Si le combat ne menait à rien, il devait parler. Et le Valar venait de lui tendre une perche. Attirer son attention...
- Par quoi sont-elles voilées ?
- Je ne peux pas les saisir, les examiner, c'est agaçant...
Sauron frissonna. Ainsi donc Manwë pouvait connaitre les songes de quiconque. Il était heureux d'échapper à cette règle.
- Ne devinez-vous pas ma motivation ?
- Mourir ?
- Je suis loin d'être suicidaire.
- Ah... Vraiment...
Cette fois il passa à l'attaque. Sauron put parer les premiers coups de son ennemi mais l'un l'atteignit à l'épaule droite et au autre à la jambe gauche. Il ne flancha pas, ignora la douleur.
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Le Mordoré
Fiksi Penggemar[TERMINÉ] Fanfic LOTR, uchronie dans laquelle un pacte est signé et la Guerre de l'Anneau n'a donc pas lieu. 26 décembre 3019 du Troisième Age. La veille tout juste, la Communauté de l'Anneau nouvellement formée avait quitté Fondcombe. Elle devait...