41 ~ Genealogy and robbery

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Ashton

     Je pose mes lèvres sur celles tremblantes de Kala avant de la bercer lentement. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans sa tête ses yeux sont grands ouverts et par moments je la sens qui sursaute, comme si elle entendait des bruits. Des coups de feu. Je me mords la lèvre à cette vision, je ne peux rien faire pour elle, seulement la regarder se remettre du choc et attendre, encore et encore, restant à présent assis au  bord de son lit.

Comment est-ce possible ?  Je la savais en danger mais pas à ce point.

        Comme elle ne s’endort pas je suis obligé de lui procurer un puissant calmant, sur le coup elle se débat, m’obligeant à lui tenir tête et à bloquer ses bras contre mon torse qu’elle cherche à frapper, puis lentement sa force s’évanouie et elle s’affaisse contre moi. D’habitude ça ne me fait rien d’anesthésier mes patients, mais là c’est différent. C’est ma petite amie que je suis obligée de droguer pour la forcer à se reposer.

Je dépose un baiser sur son front avant de me lever, laissant à présent Darween veiller sur elle.

« Si tu entends du bruit ou quoi que ce soit dans sa chambre, n’hésite pas à m’appeler –Je le préviens d’un air grave-

-Pourquoi ça ? Elle est endormie non ?

-Elle oui. »

        Il hausse un sourcil et je prends congé, le laissant sur ma phrase énigmatique alors que je me dirige à l’étage inférieur pour me prendre un café. Je suis seul ce soir, la plupart des médecins sont rentrés chez eux et le reste des effectifs doit sûrement s’occuper de mon jumeau.

        Je m’assois à une table et observe mon gobelet fumant d’un regard vide. Je ne saurais expliquer ce que je ressens, c’est comme si on m’avait arraché une partie de l’abdomen et que je me devais de vivre sans y prêter attention, ignorant la douleur, ignorant la perte de cette partie de moi. D’un côté mon jumeau est aux portes de la mort et de l’autre ma petite amie risque de subir le même sort très bientôt.

        Je dois penser à autre chose, focaliser mon attention sur un autre point que le vide béant qui me ronge petit à petit. Je laisse mes pensées s’évader et repense au soir où je m’étais assis à cette même place, face à Luke, lequel m’avait appris qu’il avait couché avec Kala avant de venir, me rendant particulièrement jaloux. Aujourd’hui les rôles ont changés, mais je ne peux m’empêcher de me poser cette question. Est-ce que Luke savait à quel point la situation était grave pour Kala ?

Et également grave pour nous, ses proches ?

        Jamais je n’avais imaginé ça. Je pensais que je vivrais une relation normale avec la fille qui pourtant était mon opposé. Mais finalement rien ne se passe comme prévu et je me demande même si un jour tout ceci va cesser. Vais-je pouvoir vivre normalement avec Kala ?

        Je soupire et avale une autre gorgée de mon café, ne regardant pas les heures défiler sur la lourde pendule face à moi. La seule chose que je remarque c’est que dans les couloirs les médecins se font de plus en plus rares et bientôt un silence de mort se repend dans le bâtiment, ne me laissant entendre que les bips stridents des électrocardiogrammes de patients en fin de vie. Et dire que ce pourrait être le cas de mon jumeau.

        Je serre vigoureusement mon cup et regarde les gouttelettes de liquide noir éclabousser la table propre. Oliver ne peut pas mourir, il ne peut pas m’abandonner. On s’est promis qu’on veillerait l’un sur l’autre le soir où nous avons appris le décès de nos parents. Alors il ne peut pas briser cette promesse, pas maintenant et surtout pas comme ça. Comment serait la vie sans mon jumeau ? Je me sentirais à moitié moi, à moitié comblé. Même la chaleur et l’amour de Kala ne saurait me réchauffer et j’errerai tel un fantôme, cherchant désespérément ce que l’on m’a enlevé, sans jamais le retrouver… Je frotte mes yeux de fatigue et enfoui ma tête dans les bras, laissant enfin aller mes larmes. J’aimerais le voir, qu’on me laisse entrer. Je suis rassuré que Kala soit en vie, mais j’aimerais que mon frère le soit aussi, après tout c’est moi qui l’ait envoyé là-bas, si jamais il meurt alors ce sera de ma faute. Je tire nerveusement sur mes cheveux alors qu’une autre pensée traverse mon esprit.

Two paths for one TramwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant