2 Février 2022

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  Je me lève après que mon réveil ait sonné au moins cinq fois, je pense que l'on peut parler de réveil difficile à ce niveau. Pas étonnant quand on sait que je me suis couchée à 1 heure du matin hier soir et qu'en plus de cela je me sentais légèrement malade. Avoir une santé fragile n'est pas facile tous les jours, en plus de cela j'ai l'impression que ma fragilité n'est reconnue par personne : ma dernière expérience avec un médecin était horrible, c'était un vieux monsieur approchant de la retraite qui m'avait dit que les douleurs que j'avais constamment (et que j'ai toujours) étaient dû au fait que je ne faisais pas assez de sport, de même pour mes difficultés à respirer après des efforts. De même, j'ai dû me battre pour convaincre mon père (et encore convaincre est un grand mot) de parler de ces douleurs-là à notre médecin traitant. Étrangement, les seuls qui prenaient vraiment au sérieux ces douleurs étaient la famille de mon petit ami, sa mère, lui, même son père qui faisait des blagues dessus et mes amis.

À peine après m'être préparée, je m'effondre sur ce clique-clac dépliée qui ne nous appartient même pas mais que l'on apprécie tant, et ai la même sensation étrange qu'hier soir : cette espèce de tournis, de sensation étrange dans ma gorge qui me donne l'impression que je vais vomir tous mes intestins et mourir par la suite. Mon copain me dit de ne pas aller à la fac aujourd'hui, car je suis malade, mais obstinée comme je suis je me questionne encore sur ce dilemme : vais-je ou non à la fac ? Je ne veux pas rattraper les cours, je sais que cela sera difficile et démotivant... Petit interlude sur un insecte qui ressemble à une punaise de lit qui apparaît devant nous, au sol. Réaction normale : frayeur et dégoût, je prends mon chausson et l'écrase. Début de paranoïa, on se demande tous les deux s'il y en a d'autres, on avait déjà entendu par le passé que notre résidence universitaire CROUS pouvait avoir des problèmes aux niveaux des cafards et un ami de mon copain avait eu affaire à cela. On se demande donc si on aura le même problème.

Mon copain se prépare, me fait un dernier bisou alors que je suis toujours en pleins dilemme. « Écoute, là t'as 40 minutes pour réfléchir, alors fait comme tu veux, mais s'il te plaît prend juste soin de toi » me dit-il avant de partir. Alors je réfléchis, j'essaie de me reposer afin de voir si je peux me lever et aller en cours. Obstinée et têtue comme je suis, je décide d'y aller, oubliant d'ailleurs ma Ventoline. Tête en l'air, maladie qui me fait perdre le sens des priorités.

Une fois dans le métro, toujours le même schéma : je sors mon pass navigo, passe les portiques en attendant et en espérant d'entendre cette petite sonnette qui valide mon pass, vois des personnes passer sans tickets ni pass par la porte d'à côté par laquelle on est censé sortir et monte les escaliers pour atteindre le métro. 2 minutes à attendre. Je me dis alors que j'aurais du courir pour atteindre celui qui vient juste de partir, mais me rappelle que j'ai oublié ma Ventoline. Je ne veux pas risquer une crise d'asthme alors que je n'ai pas ce qui pourrait me sauver la vie... Alors je décide de patienter, d'y aller doucement, de marcher doucement. Je patiente sur les bancs du métro, sentant la brise glaciale du matin, 8h55. Le métro arrive, le schéma se poursuit : je monte, reste debout en écoutant de la musique, attendant que des places se libère pour m'asseoir, je passe les arrêts un à un, je dois sortir du métro pour en prendre un autre et me revoilà en train de faire le même schéma. Je me rappelle que je voulais lire ce livre que j'avais emprunté à la bibliothèque universitaire, « Défaire le genre » de J. Butler, mais je suis trop fatiguée et surtout trop mal pour faire cela. Alors je patiente juste dans le métro jusque mon arrêt, écoutant de la musique pour passer le temps qui me semble interminable lorsque je suis dans ce transport en commun. J'imagine des scènes, des design, mon imagination est alimentée par un tas d'images différentes et me voilà arrivé à ma fac.

Je me dirige directement vers le bâtiment B1 et entre dans ma salle où aura lieu mon cours d'anglais. J'attends ma professeure. Une autre étudiante m'adresse la parole, n'ayant pas compris les instructions de la semaine dernière, et me rappelle des devoirs qu'il fallait faire pour aujourd'hui. Je n'ai rien fait pour aujourd'hui. Je continue de parler amicalement avec elle, angoissée à l'intérieur – mais me moquant de moi-même pour essayer de me calmer – et sors mon ordinateur portable pour faire le devoir qui était normalement à faire pour aujourd'hui même. Réaction classique d'étudiante qui vient de sortir du lycée : ne plus jamais faire ça, m'organiser comme au premier semestre. Me dire que j'ai eu cette réflexion que tout le monde à et m'en rendre compte, m'analyser moi-même me faire rire, soupirer. Mon livre que j'avais posé sur le coin de ma table dans le but de le lire avant le début du cours va décidément encore devoir attendre avant que je ne l'ouvre de nouveau.

La professeure arrive, répétant la même phrase que tous les autres cours et autres professeurs en cette matière : « Good morning everyone ! ». Je continue les devoirs que je devais normalement avoir déjà fait pendant qu'elle fait l'appel et règle les problèmes qu'il y a comme à chaque début de semestre jusqu'à ce qu'elle donne les consignes de ce qui est à faire pour la séance d'aujourd'hui. Pendant qu'elle explique, je fais mon maximum pour me concentrer et essayer d'ignorer la maladie. Je prends des notes, vocabulaire, grammaire, et prend la correction des exercices. Je sens mon esprit m'abandonner peu à peu, je l'entends me dire que c'est trop dure pour lui. Mais je m'obstine, je reste déterminée et essaie d'ignorer mon mal-être, sachant pourtant très bien que je ne vais pas bien. Je parle avec mon copain et une amie en même temps que de prendre des notes sur mon ordinateur, prenant en notes des réflexions que ma prof peut avoir et les analysant de manière plus ou moins politique. Tout est politique. Étudiante en sociologie qui étudie le comportement et analyse les paroles des individus, je suis moi-même un schéma qui me fait rire.

Le cours passe et je me demande ce que je vais manger ce midi, n'ayant pas de liquide sur moi et voulant éviter avec mon copain d'utiliser nos cartes. Évidemment je reste dans l'idée que je vais rester à ma fac jusque 18 heures, la fin de mes cours. Alors que le cours arrive bientôt à sa fin, je me rends compte de mon mal-être. Encore. Je demande conseille à mon amie et à celui que j'aime. À ce moment-là d'ailleurs, j'ai mal à mes articulations. La sensation d'avoir le corps d'une vieille personne de 80 ans me parcours l'esprit, je m'imagine dans ce corps fragile, alors que j'ai 18 ans. L'image me fait rire mais la douleur me fait revenir à la réalité et je manque de crier en pleins cours, et ce plusieurs fois.

C'en est trop, je souffre trop. Je décide de finalement rentrer chez moi, mon copain décide de faire pareil d'ailleurs. « Je crois qu'à cause de toi j'ai chopé ta saloperie ! » me dit-il. Son humour sarcastique me fera décidément toujours rire, même en pleine maladie. Je reprends le métro et décide de lire cette fois-ci, musique dans les oreilles, me permettant de ne pas trop entendre le bruit désagréable du métro.

J'arrive à mon arrêt après avoir fait le schéma inverse de celui du matin et descend les escaliers du métro. Une douleur me vient, m'empêchant de respirer. J'essaie de prendre une profonde inspiration mais mes côtes me font terriblement mal. Habituel ? Oui, mais gênant au quotidien.

Je lis sur le trajet, arrive devant ma résidence, entre, prend l'ascenseur et finit la phrase de ma page avant de rentrer dans mon appartement. J'ai bien dû rester 30 secondes dans le hall du troisième étage. 30 secondes durant lesquelles je me disais que si quelqu'un sortait de son appartement et me voyait en plein milieu du hall d'entrée en train de lire un livre, il.elle me prendrait probablement pour une folle.

J'enlève mon manteau, le pose sur le clique-clac resté déplier, dis bonjour une nouvelle fois à la personne que j'aime et ouvre la fenêtre. En espérant que le soleil me donne un minimum d'énergie pour vivre cette journée qui s'annonce déjà si compliqué. Je sens le peu d'énergie que j'ai me quitter peu à peu. J'ai besoin d'une soupe de pâte.

L'après-midi passe. J'essaie de me reposer, je n'y arrive pas vraiment. J'écris pour passer le temps, essayer par la même occasion de m'entraîner à ne plus faire de fautes d'orthographe. Je me rappelle d'un de mes professeurs de TD de sociologie qui me disait que l'on pouvait être pénalisé si l'on continuait à faire autant de fautes. Il faut que je règle cette difficulté.

Lorsque la soirée commence, je continue mon écriture, j'essaie de me détendre pour oublier la fatigue et la maladie en passant une soirée avec mon amie et mon copain. Soirée classique, encore un schéma qui se répète. La vie est comme une succession de schéma qui se répète : la routine matinale, chargée de se préparer, de prendre le métro puis de commencer une nouvelle journée, et la routine du soir où l'on termine notre travail, où l'on se détend. Et chacun à ses petits rituels qui constituent sa routine. Cela ne veut pas dire que c'est quelque chose de mauvais, j'aime moi-même ce petit confort que me procure cette routine.

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