27/03/2022

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  S'allonger dans son lit, la tête ailleurs. Lumière éteintes, la seule source de luminosité s'agit de la lune ou des lampadaires qui éclaire la rue ou la résidence. Fermer les yeux avec la profonde envie de plonger dans les bras de Morphée, du moins s'il veut de moi. Les ouvrir de nouveau, comprenant qu'il me claque la porte au nez. Il ne veut décidément pas de mon sommeil agité.

Ma vue s'habitue peu à peu à l'obscurité, je distingue désormais chaque recoin de ma chambre : j'ai l'impression d'être un chat.

Les pensées négatives me reviennent. J'essaie de les chasser, ça ne fait qu'amplifier les choses. Des mélodies chaotiques, dramatiques, tragiques envahissent mon esprit, comme s'il n'était déjà pas suffisamment engloutit de papillons noirs.

Pourquoi ?

Comment ma vie, pardon, ma vie familiale, a pu arriver à de telles extrémités ?

Ouvrir la porte de chez moi, dire bonjour à mon père, lui raconter comment s'est passé les cours, faire mes devoirs, manger à tables avec toute ma famille, rigoler : tout va bien. L'ambiance y est bon enfant.

C'est ce que j'imagine de la vie que j'aurai pu avoir si j'étais née dans une famille « normale ».

Rentrer du lycée, observer que mon père est ivre, que mon frère s'est barricadé dans sa chambre, que ma sœur s'est engueulé avec mon père et mon frère : une journée normale. Je sais d'avance ce qu'il se passera le lendemain : mon père n'ira pas au travail, encore trop saoul, ma sœur séchera sans doute, et je ressentirai encore et encore la passivité et l'agressivité de mon frère envers moi. Peut-être me frappera-t-il ce soir ?

Cette vie est loin de moi, je suis à la fac maintenant. Enfin... C'est ce que je croyais. Cette vie n'est pas du tout loin de moi, elle est même encore bien présente.

Jusqu'à maintenant, j'avais pu constater que la communication entre mon père et ma petite sœur n'était certes pas la meilleure du monde, mais je croyais que tout ça allait s'améliorer pour le mieux.

Non.

La réponse est juste, tout simplement, non.

Rien ne va pour le mieux.

Croire que ma famille ne pouvait pas se briser plus que ça était naïf.

Jusqu'à maintenant, mon grand frère, ma petite sœur et moi-même avions déjà été placée deux ou trois fois en foyer, je ne sais plus exactement, suite à quelques « erreurs » de la part de mon père. Nous avions évité le pire une nuit ou mon père avait été contrôlé par un flic. Nous aurions pu être définitivement placé en foyer mais la déesse de la chance à eu pitié de nous. Il s'agissait d'un ami de mon père qui nous a juste suivi pour que l'on puisse entrer en toute sécurité, empêchant à mon père de perdre notre garde. Depuis ce soir-là, je suppose que mon père avait décidé de faire plus attention. Et moi aussi.

Paranoïa, peur, angoisse. Ce sont ces sentiments qui nous parcouraient le corps lorsque, après cet événement, mon père voulait partir de l'appartement pour prendre la voiture dans le but d'acheter de l'alcool. Réflexe : fermer la porte d'entrée à clef, les fenêtres également, prendre les clefs de la maison, celles de la voiture pour empêcher notre père de faire quoique ce soit d'irréfléchi. Le mettre au lit, attendre qu'il dorme alors qu'on avait nous-même cours le lendemain, éteindre le pc familial pour éviter qu'il mette de la musique à fond et dérange les voisins.

M'occuper de mon père comme d'un enfant, alors que ce rôle m'appartient. Les différents « rôles » du jeu étant inversés.


Il n'y a pas si longtemps, j'ai appris quelque chose : ma sœur a été placée en foyer, six mois. Je sais que mon père avait arrêté les conneries pendant un certains temps, à la suite de bonne rencontres qui l'avait aidé. Cependant, ma sœur avait gagné, parait-il, en insolence.

Journal des penséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant