Chapitre 8 : Edward

5 2 0
                                    

Posé dans ma chambre, mes écouteurs dans les oreilles comme chaque jour, je repense à la merveilleuse journée que j'ai passé accompagné de mon meilleur ami mais surtout de ma famille. Rien qu'en me repassant les évènements d'aujourd'hui dans ma tête, un sourire tire mes lèvres.

« Et bah alors, je sais que je suis beau mais quand même ! » se moque mon colocataire lorsqu'il rentre dans la pièce.

Je sursaute puis ris de bon cœur.

« Mais qu'est-ce que tu racontes encore ? je demande

- Je rentre dans notre chambre et tu me regardes du haut de ton lit, avec un sourire collé au visage et un regard perdu dans les abysses profonds ! C'est très plaisant mais ça reste un peu flippant quand même ! plaisante-t-il en rangeant ses affaires.

- Tu es vraiment bête », je conclus.

Après quelques instants à passer le temps chacun de notre côté, l'ennui commence à se faire ressentir donc, je décide de lancer la discussion.

« Dis... Comment tu as fait ?

- Que veux-tu dire ? Comment j'ai fait quoi ? demande mon colocataire perplexe.

- Bah... Tu sais... Pour que Britney t'aime bien... je continue sous le regard de mon ami

- Je t'arrête tout de suite, tu t'invente de ces scénarios dans ta tête ! Britney s'est montrée proche de moi aujourd'hui, mais cela ne veut pas dire que j'ai fait quelque chose pour qu'elle m'aime bien et cela ne veut pas dire non plus qu'elle ne t'aime pas ! m'explique Baptiste d'un air sérieux.

- Alors explique-moi pourquoi elle était si proche de toi alors qu'elle a peur de moi ? Pourtant, c'est ma petite sœur, ça ne devrait pas se passer comme ça ! je le questionne.

- C'est justement parce que c'est ta petite sœur qu'elle réagit comme cela, il me répond sincèrement.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? » je demande, perplexe à mon tour.

Baptiste se redresse dans son lit et croise ses jambes, comme il le fait chaque fois que l'on a une discussion sérieuse. Preuve qu'il prend ce sujet très à cœur.

« Tu vois, reprit-il, Britney est une petite fille, presque encore un bébé. Elle connaît ses têtes et elle commence à savoir en qui elle peut avoir confiance ou pas. Avec moi, c'est tout de suite passé. Il faut dire que je suis vraiment beau gosse, plaisante-t-il avec un clin d'œil. Plus sérieusement. Toi, tu es son grand-frère, et elle le sait. Pourtant, elle ne comprend pas pourquoi, tu es ici et pas avec elle. Je pense que ce qu'elle attend c'est que tu fasses le premier pas vers elle.

- Mais alors, dans ce cas, pourquoi est-ce qu'elle se cache dès que je m'approche d'elle ?

- Elle a besoin de temps. Si déjà toi tu as du mal à comprendre pourquoi tu ne peux pas être avec ta famille alors que tu sais que tu as un problème. Comment ta petite sœur de deux ans à peine pourrait-elle le comprendre ? »

Il me laisse un temps avant de reprendre son explication.

« La prochaine fois que tu la verras, sois encore plus proche d'elle et ne te rebute pas dès qu'elle s'éloigne ou qu'elle cherche à se cacher ! Au contraire, vas-y à petit feu avec elle mais n'hésite pas ! Approche-toi d'elle, plaisante avec elle, dis-lui ce que tu ressens avec un vocabulaire adapté à son âge bien sûr, mais surtout rassure là. Elle en a besoin et c'est là qu'est le blocage. Elle ne sait pas si elle peut avoir confiance en un grand frère qui est absent à la maison, qu'elle ne voit presque jamais, dont elle n'a aucun souvenir de quand elle était bébé mise à part peut-être quelques photos. Elle a besoin d'être rassurée et comprise. »

Suite à ce monologue, je parviens simplement à répondre un « Merci » franc et sincère.

« Maintenant, il est l'heure de dormir. Demain est un autre jour ! Bonne nuit cher camarade ! plaisante-t-il comme à son habitude

- Passe une bonne nuit, crétin. »

***

Comme d'habitude, c'est l'alarme qui me sort de mon sommeil mais, comme chaque matin, je ne bouge pas d'un pouce ce qui laisse penser à Baptiste que je dors encore. Il me jette alors son coussin à la figure.

« Allez la marmotte on se lève ! Je ne sais vraiment pas comment tu fais pour rester au lit après un vacarme pareil ! »

Je ris avant de me lever de mon lit et de lui relancer l'oreiller, sans qu'il s'y attende.

Nous échangeons quelques banalités et nous rendons au réfectoire pour le petit-déjeuner. Mon colocataire prend, comme à son habitude des tonnes de nourriture différentes. Des céréales, des granolas, du jus d'orange et bien d'autres choses encore. Je me demande comment il peut faire passer tout cela dans son corps si frêle.

Lorsque la cantinière me pose sa question quotidienne, je lui réponds que je veux bien un pain au chocolat. À ces mots, elle se montre surprise mais à son regard, je sens qu'elle est émue. Cela me touche et me conforte dans l'idée que je ne suis pas seul. Je lui souris alors qu'elle me sert ce que je lui ai demandé.

Nous nous installons à table Baptiste et moi, sous les félicitations de mon ami. Nous sommes rejoints par Judith qui souhaite le bonjour à Baptiste, puis, baisse la tête. Je décide de prendre les choses en main et je la salue, d'un ton enjoué. Judith se montre surprise, elle relève rapidement la tête mais, me répond timidement.

Tandis que je la regarde, je me rends compte de la beauté de cette fille. Ses cheveux roux ressemblent à un torrent de flammes qui recouvre son visage blanc. Ses pommettes, parsemées de taches de rousseur sont rougies probablement par la gêne qu'elle a ressenti à cause de mes paroles, mais, ses yeux cyans, trahissent sa joie ce qui me rend encore plus heureux.

C'est moi qui lance la discussion sous le regard étonné des deux personnes assises à ma table. Baptiste me jette un regard interrogateur auquel je réponds par un sourire et un haussement d'épaules. Décidément je n'ai pas autant souris depuis six mois, mais cela me fait un bien fou.

Je me surprends moi-même à échanger avec Judith, cette fille qui me rebutait encore hier à cause de sa ressemblance avec ma sœur. Une ressemblance qui s'arrête d'ailleurs simplement à la couleur de ses yeux et de ses cheveux. Je la trouve d'ailleurs très intéressante et je pense que je pourrais l'écouter parler d'un sujet qui ne m'intéresse absolument pas pendant des heures. Elle sait capter son public et a l'intention d'être professeure. Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne va pas louper sa vocation.

Après quelques minutes d'échanges, elle nous dit à bientôt, m'encourage pour mon combat, puis se lève, son plateau encore rempli en main. Je demande alors à Baptiste :

« Pourquoi les cantinières ne lui-donnent-elles pas moins à manger ? »

- Tout simplement parce qu'elles lui donnent déjà le minimum

- Non, puisqu'elles me donnaient simplement un verre d'eau à moi, quand je ne voulais rien d'autre.

- Certes, mais Judith est malade... Elle doit manger. Sinon, j'ai entendu les médecins lui dire qu'elle allait être nourrie par sonde nasale...

- Mais c'est horrible ! La pauvre, elle doit tellement en souffrir ! Mais pourquoi elle ne fait rien dans ce cas ?

- Mais parce qu'elle ne le peut pas ! C'est psychologique ! Tu penses que c'est facile pour elle ? Elle pleure souvent tu sais ! Elle pense que tout est de sa faute et se considère comme une incapable ! En plus, elle ne pense pas réellement être malade, elle est persuadée que c'est une erreur de diagnostic des médecins ! C'est très difficile à vivre pour elle !

- Ah oui... Je vois... »

Je finis le repas, un goût amer dans la bouche, sans prononcer un mot de plus. C'est à ce moment que je prends la décision d'apprendre à connaître Judith et de l'aider du mieux que je le peux, comme elle le fait avec moi. À partir d'aujourd'hui, je tâcherai d'être présent pour elle ! 

Seconde chance (1er jet / EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant