« Évidemment, tu te doutes qu'il y aura certaines règles à respecter, même à l'extérieur de notre établissement. Il s'agit d'une période d'essai, il est donc judicieux que tu comprennes que ces règles ne sont pas à prendre à la légère. Un faux pas et ton retour définitif chez toi sera retardé voire impossible selon le degré de gravité. Tu comprends ? », explique le directeur.
Encore étonné par ce que je viens d'apprendre, je me contente d'hausser les épaules. Le directeur me sourit d'un sourire qui me semble sincère, à l'image de ceux qui se dressent sur les lèvres de mes parents.
« Je vais donc énumérer les règles à suivre. Je te demande de les assimiler rapidement et, dit-il en se tournant vers mes parents, il va de soi qu'il en est de même pour vous. »
Après cela, il enchaine diverses règles très simples telles que respecter les autres, être sage et toutes les choses que l'on apprend à un enfant en bas-âge durant son éducation. À celles-ci s'ajoutent des consignes bien plus importantes : je devrai continuer à avoir des rendez-vous avec mon psychologue le mercredi et le samedi. Dans un premier temps, par téléphone, et si ce format ne convient pas, je devrais me rendre dans l'hôpital. Aussi, le jeudi, le directeur se déplacera pour vérifier si tout se passe bien. Enfin, je devrai aller au lycée public. L'autre consigne est dédiée à mes parents. Ils devront tenir un journal dans lequel ils noteront comment se passe mon séjour en général, de quoi se composent mes repas, si mes nuits sont agitées, si j'accepte les règles de vie sociales et toutes ce genre de banalités.
Après notre entrevue avec le directeur, ce dernier me demande d'aller préparer mes affaires tout en me souhaitant une bonne continuation. Alors que je me rends dans ma chambre, je m'aperçois que mes parents m'ont suivi, tout sourire. À ce moment, je ne sais pas ce qu'il se passe, mais j'explose. Toutes les émotions que j'avais retenue en moi jusqu'ici remontent à la surface. Je me mets à hurler, à pleurer, mes poings s'écrasent contre les murs, mes phalanges s'écorchent.
« JE NE VEUX PAS QUE VOUS VENIEZ DANS MA CHAMBRE ! JE NE VOUS AI PAS DEMANDÉ DE ME SUIVRE ! »
Mes parents, stupéfaits tentent en vain de me calmer mais rien n'y fait, je ne comprends pas ce qu'il se passe. C'est alors que des médecins et psychologues, probablement les mêmes qui se sont occupés du cas de Baptiste s'approchent de moi en courant.
Je commence à paniquer. Je comprends que tous mes efforts et progrès vont probablement partir en fumée. Je vais me faire exclure de l'hôpital pour me rendre dans un établissement pour les fous, le pire c'est que je ne pourrai probablement pas passer cette semaine avec ma famille que je viens sûrement de décevoir. Je laisse ces pensées m'envahir et je me pose au sol.
Après quelques minutes avec ma tête posée sur mes genoux, je décide de lever le regard vers mes parents. Ma mère est dans les bras de mon père qui lui donne un léger coup dans le dos quand il remarque que je vais mieux. C'est alors que je sens une main posée sur mon épaule. Je me retourne vers la personne entrée en contact avec moi et je constate stupéfait qu'il s'agit du directeur. Après quelques instants de silence, il décide de prendre la parole. Il commence par s'adresser à mes parents, puis, à moi : « Ne vous inquiétez pas, ce doit être une accumulation d'émotion. Entre la surprise, la joie, le stress et la tristesse. Edward vous expliquera sans doute ce qu'il est arrivé récemment. Edward, comment te sens tu ? Tu vas mieux ? Tu penses pouvoir te relever ? Prends ton temps surtout et vas préparer tes affaires tranquillement, nous te laissons dans ton intimité. Tu nous rejoindras tes parents et moi dans le salon convivial. »
J'acquiesce tout en me relevant et je lance un regard désolé à mes parents qui forment tous les deux un grand sourire rayonnant, comme s'ils avaient déjà tout oublié.
Lorsque je suis dans ma chambre, toutes sortes de questions me viennent en tête. Comment se fait-il que je ne sois pas renvoyé ? Pourquoi n'ai-je pas au moins été grondé ? Les médecins ont même été plus violents avec moi quand j'essayais seulement de voir Baptiste avant son départ. Et s'ils essayaient de l'empêcher de me parler ? Non, je me fais des idées, ils ont simplement suivi les ordres du directeur qui a eu peur que Baptiste se montre aussi violent avec moi qu'il l'a été avec lui.
De légers coups à ma porte me coupent dans ma réflexion. Je fronce les sourcils. Ils ne peuvent pas me laisser cinq minutes ? Un « Oui ? » sec sort de ma bouche et la porte s'ouvre lentement. J'aperçois Judith derrière la porte. Elle me regarde d'un air interrogatif. Elle semble attendre mon approbation pour entrer.
« Oh c'est toi, je t'en prie, entre. »
C'est alors qu'elle me saute dans les bras et qu'elle fond en larmes.
« Oh Edward, je suis tellement désolée pour tout ce que je t'ai dit l'autre jour ! Je ne pensais pas un mot de ce qui est sorti de ma bouche ! Je me sentais si mal pour ce qui arrivait à Baptiste et plutôt que de t'expliquer, j'ai préféré déverser ma haine sur toi ! »
Je ne sais que répondre pour la rassurer. Je me contente de la serrer plus fort dans mes bras ce qui semble l'apaiser car je sens sa respiration se calmer et reprendre un rythme régulier après quelques minutes.
Lorsqu'elle semble totalement calmée, elle s'écarte légèrement de moi et baisse la tête.
« Et désormais c'est à ton tour...
- Que veux-tu dire par là ? je lui demande intrigué.
- Je t'ai vu Edward, j'ai entendu tes cris et j'ai décidé de venir voir. Tu as réagi comme Baptiste, tu t'es montré... violent, finit-elle par dire après avoir bien réfléchi sur le terme qu'elle allait employer. Je... je suis tellement désolée, j'aurais dû être là pour te soutenir... je...
- Tu te trompes, je la coupe, certes j'ai eu une réaction démesurée pour pas grand-chose, mais le directeur s'est montré très compréhensif !
- Dans ce cas, pourquoi es-tu dans ta chambre en train de préparer tes affaires ? Tu t'en vas ? Tu changes d'établissement ?
- Pas exactement, mes efforts ont été remarqués. Mes parents sont donc venus me chercher pour que je passe une semaine avec eux à partir d'aujourd'hui ! Si tout se passe bien, je devrai pouvoir fêter Noël en famille cette année !
- Mais c'est génial ! Je suis tellement heureuse pour toi ! Maintenant que j'y pense, tu me l'avais dit même si je n'avais pas pris la peine de te répondre et je m'en excuse à nouveau d'ailleurs !
- Cesse de t'excuser. Tout va bien, je comprends ta réaction et je ne t'en ai pas voulu une seconde ! J'étais tout aussi déprimé et en colère que toi !
- Merci de me comprendre Edward. En tout cas félicitations, j'espère que tu passeras un très bon séjour ! Tu le mérites ! »
C'est alors que nous entendons la porte s'ouvrir. Judith a le réflexe de vouloir se cacher car elle n'a pas le droit d'être dans ma chambre, mais c'est trop tard, le directeur nous a déjà vus.
« Eh bien, tes parents et moi nous demandions ce qui te prenait tout ce temps jeune homme. Il me semble avoir compris. »
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Seconde chance (1er jet / EN PAUSE)
RomansaEdward, jeune adulte de dix-huit ans, se fait percuter par un camion alors qu'il était en voiture avec sa soeur Thaïs. Cette dernière n'y survit pas. Lorsqu'il apprend la nouvelle, Edward tombe en dépression ce qui l'amène à être interné dans un hôp...