Chapitre 17 : Edward

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Je ne sais pas vraiment quelle heure il est quand je me retrouve devant chez moi. J'ai bien évidemment pris mon téléphone avec moi pour la semaine mais, je l'ai oublié dans la voiture. Ce gadget est loin d'être ma priorité désormais. Ça me fait bizarre de dire ça car avant tout ça, j'étais un vrai addict des réseaux sociaux, des jeux vidéo et des écrans en tout genre.

Je pense avoir erré au moins une bonne heure, mais au moins, cela m'a permis de me calmer et de retrouver mes esprits. J'espère que je n'ai pas trop effrayé mes parents. Les pauvres, ils ne doivent pas comprendre grand-chose...

Au moins, ma petite excursion en solitaire m'a rappelé de jolis souvenirs. Ça a été une vraie thérapie ! Mais, ces souvenirs étaient tous plus ou moins liés à ma sœur...

Par exemple, je me suis retrouvé dans le parc dans lequel mes parents m'ont annoncé que ma mère était enceinte, qu'elle avait un bébé dans son ventre, que j'allais être grand-frère. J'avais à peine trois ans cette année-là et, à vrai dire, je ne comprenais pas vraiment ce qu'ils essayaient de me faire comprendre. Ce n'est qu'à la naissance de Thaïs que j'ai compris que ma vie allait changer à jamais.

Notre relation n'a jamais été conflictuelle. J'ai compris très rapidement que j'étais responsable de ce petit être, que je me devais de la protéger le plus longtemps possible. Dès le départ, nous étions si proches que cela étonnait tous les membres de notre famille. On m'appelait d'ailleurs son second papa bien que je refusais ce surnom car je ne voulais pas prendre la place de mon père dans la vie de ma sœur.

En grandissant, notre relation n'a fait qu'évoluer en bien. Nous étions de plus en plus proches et on partageait de plus en plus de moments ensemble. Des moments qui resteront toujours dans mes souvenirs...

C'est quand je repense à tous ces moments passés ensemble, que le manque se fait encore plus ressentir. Je ne pourrais plus jamais revivre ça, c'est impossible, et c'est horrible de ma part de penser ça notamment car cela signifie que ma relation avec Britney ne pourrait pas évoluer davantage, mais pour moi, c'est évident. Ma relation avec Thaïs était unique et personne ne pourra jamais la remplacer, bien que Britney est, et restera toujours ma petite protégée également.

Quand je m'approche de la maison de mes parents, je remarque qu'ils ont décoré la maison pour Noël. Je ne sais pas quoi penser, mes émotions se mélangent. Je ne sais pas si je dois me réjouir du fait que mes parents ont trouvé la force de fêter Noël cette année malgré la perte définitive de leur première fille et le placement de leur fils, ou bien si je dois leur en vouloir. À vrai dire, je ne pensais pas du tout que la maison serait décorée car je ne suis pas d'humeur à fêter Noël cette année et je pensais que ce serait le cas de mes parents également. Mais, quand je vois les enluminures qui illuminent chaque recoin du jardin et de la façade, je ne peux m'empêcher de sourire.

J'ai toujours aimé cette période de l'année qui est d'ailleurs, je pense, ma préférée. J'aime beaucoup le fait que les lieux soient décorés et remplis de joie de vivre, les chants de Noël, les repas de Noël, mais surtout, le fait de se retrouver en famille, et, j'avoue que c'est ça qui m'angoisse le plus pour cette année. Je ne suis pas sûr d'être capable d'encaisser le vide que va procurer l'absence de Thaïs aux fêtes de fin d'année. Mais, je comprends mes parents. Britney est là, c'est une enfant de même pas deux ans qui ne comprend pas vraiment qu'il y a eu un changement énorme dans la famille. Elle doit avoir le droit de fêter Noël comme chaque enfant, comme nous le fêtions Thaïs et moi à son âge. Elle doit comprendre ce qu'est la magie de Noël, et ce serait bête et tellement dommage de lui en priver à son âge.

Alors que je m'apprête à tourner la poignée, la porte s'ouvre brusquement et ma mère me serre fort dans ses bras. J'avais oublié à quel point ils sont réconfortants. J'oublie tout quand elle m'enlace.

Alors qu'elle me lâche, j'entends des voix qui me sont inconnues :

« Bien, on dirait que le problème est réglé. Nous n'avons plus rien à faire ici, nous vous laissons gérer ça Monsieur Garden. N'hésitez pas à nous appeler en cas de problème. Monsieur et Madame Duval, je vous souhaite une bonne soirée. »

Quand je lève la tête, je suis surpris de voir un groupe de trois policiers. Ils devaient sûrement être à ma recherche ! Mes pauvres parents ont dû tellement s'inquiéter...

Ils quittent la maison après m'avoir lancé un sourire compatissant auquel je répondis d'un regard désolé.

C'est seulement après qu'ils aient quitté la maison que je comprends quelque chose. Ils ont bien dit Monsieur Garden ?

« Viens Edward », me dit ma mère d'un ton compatissant en me tenant par l'épaule. « Le directeur de l'hôpital est venu ici pour te voir. »

« Re bonsoir Edward. J'espère que tu vas bien ? Ne t'inquiète pas, tu peux enlever l'angoisse que je remarque sur ton visage, je ne suis pas venu ici pour te réprimander. Je me suis inquiété pour toi tu sais ? D'ailleurs tout le monde ici l'était ! Mais, je pense que l'on est tous apte à comprendre que tu avais besoin d'un moment pour reprendre tes esprits ! Toutefois que cela ne se reproduise pas mon garçon car sinon je serais dans l'obligation de suspendre tes journées chez toi pour une durée indéterminée et, personne ne souhaite cela. Pas vrai Edward ?

- Oui, je suis désolé Monsieur Garden. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Je...

- Ne t'en fait pas Edward, c'est oublié et comme je te l'ai dit, je comprends, nous te comprenons tous. Toutefois, vous devrez tout de même indiquer ceci dans votre rapport. », il conclut en s'adressant à mes parents.

« Bien, me voilà donc rassuré ! Je vais me dépêcher de retourner à l'hôpital, j'ai pas mal de paperasses à remplir et tout un tas de formalités à régler ! Bien Edward, je te souhaite une bonne semaine ! Porte-toi bien et profite de ta famille ! Au revoir Monsieur et Madame Duval !

Cette erreur de ma part est rapidement oubliée par mes parents qui m'invitent à me trouver un passe-temps avant le dîner. D'après l'odeur, je dirai que ma mère nous prépare un poulet avec des pommes-de-terre rôties, mon plat préféré !

Le repas se passe dans une ambiance agréable bien que quelque peu pesante. En effet, je remarque les regards étonnés de Britney qui ne semble pas comprendre ce que je fais ici. Mais, je ne lui en veux pas. Comme me l'a expliqué Baptiste, si je suis moi-même incapable de comprendre ce qui m'arrive, comment une gamine de dix-huit mois pourrait-elle faire mieux.

Alors, quand je croise son regard, je me contente de lui sourire. Elle commence par détourner la tête mais, petit à petit, cela devient un jeu pour elle et on utilise la bouteille de soda située entre nous pour nous cacher, sous le regard émerveillé de mes parents et le rire magnifique de ma petite sœur qui résonne dans la cuisine.

Je vais me coucher le soir, heureux de cette journée qui avait pourtant si mal commencé. J'ai vraiment l'impression d'enfin avancer et, quand je vois la photo de Thaïs et moi à la maternité pour la naissance de Britney, je ne peux m'empêcher de sourire. Non, il n'y a plus de place pour le désespoir aujourd'hui, que du bonheur !

Je m'endors avec le casque sur les oreilles, en pensant à la rentrée qui m'attend demain. Car oui, nous sommes dimanche et l'une des règles pour que je puisse rester cette semaine chez mes parents, c'est que je retourne au lycée et, cela commence dès demain. Et même si l'angoisse m'envahit, je me sens fier et heureux de retrouver mes amis. 

Seconde chance (1er jet / EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant