Chapitre 22 : Judith

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Quand ils rentrent dans la chambre, mes parents semblent soulagés. Je me force à sourire bien que mon corps souhaiterait m'en dissuader. Je ravale mes larmes pour paraître au meilleur de ma forme devant mes parents. Une boule se forme dans ma gorge et c'en est presque douloureux.

Après quelques instants, mon père brise le silence, s'avance et me serre dans ses bras.

- Oh ma chérie j'ai eu si peur ! Comment vas-tu ? Tu es si courageuse !

C'est dans ses bras que je trouve tout le réconfort dont j'avais besoin et je me permets enfin de craquer. Ça y est. La tristesse a pris le dessus sur la colère. Je pleure. Ces derniers jours ont été si difficiles. Baptiste est parti, une sonde va m'être posée pour me nourrir et Georges a brisé ma vie à tout jamais.

Et c'est loin d'être fini... Les répercussions de tout ça ne sont pas encore arrivées. Je vais reprendre le poids que j'ai si difficilement perdu, je vais subir la déception de mes parents et surtout, je vais devoir réussir à me relever si je veux pouvoir quitter l'hôpital psychiatrique rapidement. Et pour cela, je ne dois pas me laisser aller et je dois rester forte.

Toutefois, quand mon père desserre son étreinte, je me demande bien comment je vais pouvoir continuer à me battre malgré le désespoir que je peux lire dans les yeux de ma mère. Elle est tellement déçue de moi... comme d'habitude.

- Alors ça y est ? Tu as fini de te lamenter ? Qu'est-ce que tu as encore fait ? demande ma mère d'un ton emplit de reproches.

- Enfin ma chérie, tu sais bien que ce n'est pas sa faute ! Elle ne l'a pas demandé ! Nous sommes venus ici pour la soutenir tu te rappelles ? répond mon père d'une petite voix.

- Oui, enfin je n'ai pas vraiment eu le choix ! Je me serais bien passée de venir ! Comme toujours tu as voulu faire la belle et bien voilà ce que ça coûte ! Tu l'as bien cherché et maintenant tu oses venir pleurer !

Je reste sans voix, je ne sais quoi répondre. Ma mère, ma propre mère pense que c'est ma faute. Elle m'accuse d'avoir cherché Georges. Je cherche du soutien chez mon père qui, en croisant mon regard, baisse la tête. Je me sens abandonnée.

- Alors là par contre je ne vais pas rester ici sans rien dire ! Comment osez-vous dire une chose pareille ? Rien ne justifie le viol vous m'entendez ? Rien du tout ! Peu importe l'attitude ou la tenue de la victime, un viol est un acte répugnant et d'une grande violence, physique et psychologique ! Et oui je parle de victime car c'est le cas et votre fille ne fait pas exception à la règle ! Elle n'est pas coupable, elle n'a rien demandé ! Alors je vous le répète, ce n'est pas sa faute. S'énerve ma psychologue.

Voyant que personne ne répond, elle reprend.

- Et puis si vous êtes venus pour dire des choses aussi affreuses, je vous invite à vous en aller ! Après ce qu'elle a subi et ce qu'elle d'apprête à vivre, Judith n'a pas besoin qu'on la culpabilise !

Personne ne dit un mot. Quand je relève la tête, je remarque dans le regard de ma mère qu'elle est choquée. Elle n'est pas habituée à ce qu'on lui tienne tête. En effet, depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, ma mère a toujours eu ce qu'elle voulait, que ce soit de la part de mon père ou de tout autre membre de notre famille. D'ailleurs, même moi je lui ai toujours laissé passer chacun de ses propos à mon sujet. Je l'ai laissé me rabaisser sans cesse. Je l'ai laissé m'humilier. Et tout ça, simplement parce que c'est ma mère et que je pensais que je lui devais le respect. Pourtant, aujourd'hui, un déclic se fait en moi. Elle va beaucoup trop loin.

Je suis coupée dans mes réflexions par un bruit de porte qui se claque. Quand je me redresse, je remarque que ma mère a quitté la pièce et mon père s'apprête à la suivre. Il me regarde une dernière fois d'un air désolé et m'assure qu'il reviendra me voir demain quand il aura réglé ce problème.

Je me sens abandonnée. Des larmes perlent au coin de mes yeux et menacent de couler.

Je me sens seule. Mes propres parents m'abandonnent.

Je me sens brisée. Je ne suis donc rien de plus qu'un calvaire pour eux ? Un simple problème ?

Alors que je m'apprête à me laisser submerger par la tristesse, des bras m'enlacent. Je lève les yeux et je me rends compte que je ne suis pas seule. Patricia Martins est ici, avec moi. Elle m'a défendue mettant possiblement son travail à l'hôpital en jeu, et pourtant, elle n'a pas hésité une seconde.

Pour la première fois de ma vie, je me sens soutenue. Je ravale mes larmes pour laisser la place à un sourire. Un sourire d'espoir. Plus rien ne me fait peur. Je peux y arriver.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 03, 2022 ⏰

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