En retournant auprès de sa famille, en Australie, Chase pensait protéger ses amis et tirer un trait sur tous les crimes qu'il a commis. Il allait débuter une nouvelle vie, prendre du recul et ne pas reproduire les mêmes erreurs que son père.
Pourtan...
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J'offre un sourire réconfort à ma patiente qui ramasse son sac, prête à partir. Je note dans mon agenda notre rendez-vous de la semaine prochaine lorsque la porte s'ouvre brusquement, claquant contre le mur.
L'adolescente sursaute et fait un pas en arrière en se retournant, apeurée. Je relève la tête vers l'entrée et me fige en découvrant la personne sur le pas de la porte. Le souffle court, je vacille sur mes talons et lorsque je croise ses iris si sombres, je perds mes moyens. Mon stylo tombe sur le sol et il me faut beaucoup de courage pour rester de marbre face aux personnes présentes dans la pièce. Derrière celui que j'aurais aimé ne jamais revoir, mon secrétaire se balance d'un pied à l'autre, mal à l'aise.
- Je suis désolé, je n'ai pas réussi à le retenir, s'excuse-t-il.
Je prends une longue inspiration et m'appuie discrètement contre mon bureau avant que mes jambes ne cèdent sous le poids des souvenirs assaillant mon esprit.
Je ferme un bref instant les yeux avant de reprendre le contrôle de la situation. Hors de question que ma patiente et mon secrétaire me voient si fragile. Je ne veux pas que l'on me pose de questions. Ce qu'il s'est passé cinq ans plus tôt ne doit pas refaire surface maintenant, ni empiéter sur ma vie actuelle.
- Tout va bien Michael, ce n'est rien. Tu peux raccompagner Anaïs, s'il te plaît ?
Il fronce furtivement les sourcils, puis ses yeux font des allers-retours entre Chase et moi. Finalement, il hoche la tête et fait un pas en arrière pour laisser ma patiente quitter la pièce la première.
- Je reste à côté si tu as besoin de quelque chose, déclare Michael. - Ce n'est pas la peine, va déjeuner. - Tu es sûre ? - Certaine, acquiescé-je.
Je lui offre un sourire rassurant pour qu'il cesse de s'inquiéter et qu'il me laisse. Je n'ai pas envie de perdre mes moyens devant mon collègue, ni devant qui que ce soit d'autre. J'ai besoin d'être tranquille pour affronter ce qui va suivre.
- Très bien. Appelle-moi si tu as besoin que je décale tes rendez-vous de cet après-midi.
Il referme la porte derrière lui. Le silence retombe. Pesant. Étouffant. Je n'ai jamais été claustrophobe mais entre ces quatre murs, dans la même pièce que cet homme qui a marqué ma vie, je commence à manquer d'oxygène.
Je ne peux pas croire que Chase soit venu jusqu'ici.
- Salut, souffle-t-il en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
Je m'assois sur une chaise avant que mes jambes ne me lâchent et je secoue la tête, espérant une hallucination. Je me pince le bras à plusieurs reprises, mais je n'ai pas rêvé. Il est toujours là, devant moi. Vêtu d'un pull blanc et d'un jean noir, il n'a pas esquissé le moindre geste depuis qu'il a fait irruption dans la pièce. Son regard semble encore plus noir qu'il y a cinq ans et pourtant, je doute que ce soit possible. Ses cheveux sombres sont en bataille et des cernes lui tombent sous les yeux, comme à l'époque.
