En retournant auprès de sa famille, en Australie, Chase pensait protéger ses amis et tirer un trait sur tous les crimes qu'il a commis. Il allait débuter une nouvelle vie, prendre du recul et ne pas reproduire les mêmes erreurs que son père.
Pourtan...
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La semaine a été longue. J'ai passé d'innombrables heures à penser à Chase, à ce qu'il m'a demandé. J'ai voulu l'appeler, lui dire que j'étais d'accord, puis j'ai douté, j'ai hésité, j'ai pesé le pour et le contre. Quel intérêt aurais-je à le laisser entrer à nouveau dans ma vie ? Il pourrait la bouleverser une seconde fois. J'ai la gorge nouée rien que d'y penser. Mais est-ce une mauvaise chose ? Se pourrait-il que ce soit un stress positif ?
En dépit de la tragédie que nous avons connue – le décès de Linh – j'ai passé de bons moments avec Chase. Nous avons partagé de jolies choses et avant lui, je ne m'étais jamais sentie aussi vivante. Il a pansé les blessures de mon cœur et mieux encore, il a réparé mon âme. Qui sait ce que je serais devenue si je n'avais pas croisé sa route, s'il ne m'avait pas tendu la main, à sa façon.
J'ai longuement pensé à tout ce que je risquais en acceptant de l'aider. Je sais que cela pourrait être dangereux pour moi, pour mon bien-être et mon équilibre. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de me rappeler tout ce que nous avons traversé ensemble. Je me souviens de nos moments de complicité, de nos fous rires, de nos confessions et plus que tout, je suis incapable d'oublier la confiance que l'on avait l'un en l'autre.
Je mentirais si je disais que sa compagnie ne me manque pas parfois. Nous avons tissé un lien inébranlable que je ne peux tout simplement pas ignorer. Et même si la liste des « contre » est nettement plus longue que celle des « pour », j'ai choisi de lui tendre la main. Je l'ai souvent fait par le passé et il ne l'a jamais saisie. À l'époque, j'avais du mal à le comprendre. Je détestais l'idée qu'il ne soit pas capable de me confier le moindre de ses problèmes. J'ai souvent douté de la confiance qu'il m'accordait et de notre amitié. Je lui en ai même voulu. C'était stupide. Avec le recul, avec les années et l'expérience, j'ai compris que son silence n'avait rien à voir avec une quelconque confiance ou amitié. Il n'était pas prêt à se confier, tout simplement. Aujourd'hui, il l'est.
Il est prêt à se libérer des chaînes qui l'entravent et l'empêchent de respirer. Il est prêt à avancer, à soulager sa conscience. Il est peut-être même prêt à se pardonner. Je serais égoïste de ne pas lui tendre la main cette fois, maintenant qu'il en a besoin, alors que je l'ai tant fait par le passé. Et je m'en voudrais de ne pas être à ses côtés dans ce qui sera, sans aucun doute, une épreuve douloureuse pour lui.
Je le fais pour lui, mais aussi pour moi. Je ne pourrais pas poursuivre ma vie sans y penser à chaque seconde. J'ai été stupide de croire que ce sont ses révélations qui pourraient bouleverser mon quotidien, parce que c'est faux. Je ne peux pas y échapper. Son simple retour a foutu le bordel dans ma tête.
Ce que nous avons partagé, en dehors des horreurs que j'ai pu découvrir, j'ai envie de le revivre. Je veux retrouver mon ami, mon confident. Seulement, j'ai conscience qu'en cinq ans, les gens changent et je crains de ne pas trouver ce que je cherche. J'ai peur, mais je ne peux pas rester dans l'ignorance. Je veux essayer. C'est peut-être une erreur. Mais tant pis. Et si c'est le cas, je regretterai plus tard.
