Chapitre 4 - Mac

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J'ai trouvé quelque chose de pire que l'attente : le silence. Le silence de l'ennemi est ce qu'il y a de pire dans un conflit de cette envergure.

Au moins, avec le bruit, on sait qu'il se passe quelque chose. On se rend compte de tout avec du bruit. Mais avec le silence, on ne se rend compte de rien. Absolument rien. Nous n'avons pas remarqué l'arrivée d'Acragas. Parce qu'ils sont arrivés sans faire le moindre bruit. Nous n'avons pas entendu leur coursier entrer dans le bâtiment. Parce qu'il ne faisait aucun bruit. Nous ne voyons pas la guerre qui nous fonce dessus à toute vitesse. Parce qu'elle ne fait absolument aucun bruit. Le Nouveau Système est sourd, il n'entend rien, et il est aveugle, il ne voit rien.

Mais moi, je vois. Je sens la guerre approcher. J'aperçois le camp d'Acragas. Ces petits points de lumière dans la nuit qui se sont installé sans bruit. Je les vois venir, accompagnés de la fidèle Mort.

Le matin qui a suivi la réception de la lettre, Olivier m'a accompagné sur le toit de la Mairie. Ensemble, aidés de jumelles, nous avons observés le camp d'Acragas qui n'était finalement qu'à quelques centaines de mètres du Nouveau Système, un kilomètre ou deux tout au plus. La perception jouant son rôle, nous ne nous doutions pas qu'ils pouvaient être si près de nous. Je ne l'aurais jamais imaginé. Et pourtant, c'est le cas. Nous devons faire avec et agir en conséquence.

Durant les premières heures du jour, Cassie avait totalement disparu. Personne ne l'avait vue. Moi, j'étais bien trop occupé pour la chercher ou simplement pour me demander où elle pouvait bien se cacher. Olivier était resté perché sur le toit de la Mairie. Il regardait le camp de nos ennemis qui ne bougeaient pas. En même temps, moi, je lançais le plan d'urgence. Une sirène a retenti dans le camp. Puis quelqu'un a fait sonner la grande cloche qui trône au centre de la Grand Place.

« Les ennemis sont proches, préparez-vous à l'attaque. »

Tel était le mot d'ordre dans la cité entière. Le camp fourmillait de soldats, personne ne restait une seconde sans rien faire. Les affaires de chacun étaient préparées, entre l'équipement de base et les vêtements. Cet uniforme, voilà ce qui définira le Nouveau Système lorsque la guerre éclatera pour de bon. Parce que nous sommes une équipe, et que nous n'avons pas honte de le montrer.

Le même jour, dans la matinée, des filles sont venues me voir. Elles faisaient partie du convoi qui devait rejoindre la Société dans l'après-midi. Elles ont insisté pour rester, pour être livrées à Acragas. Elles étaient prêtes à tout pour éviter la guerre.

« Laisse-nous partir, Mac. »

La sœur de Liza en faisait partie.

« Je ne veux pas voir ma sœur mourir dans un combat qui peut être évité.

- Elle ne mourra pas.

- Donc tu nous laisses partir ?

- Non. »

La décision était prise. Tous ceux qui avaient leur mot à dire face au problème avait été écoutés. On était tous d'accord sur une seule chose : jamais nous n'enverrons une femme quelconque à Acragas de plein grès.

Pour être tout à fait sûrs de nous, Tatiana et moi avions organisés une réunion conviant tous ceux qui pouvaient avoir voix au chapitre. Cassie s'était alors pointée, la mine fatiguée et anxieuse. Installée au fond de la salle, je n'ai pu entendre sa voix qu'au moment du vote. Et pour un simple mot.

« Oui. »

La question était simple, du moins en apparence.

« Faut-il privilégier la guerre au départ de femmes pour Acragas ?

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