Le Refuge - Renaissance

Chapitre 2 - Mac

Le pire dans une guerre, ce n'est pas le combat ou encore la peur de la mort, non, le pire c'est l'attente : l'attente de l'attaque ennemie, l'attente de l'ennemi qui arrive.

Nous savons très bien qu'Acragas arrive, que sa Dirigeante est prête à tout pour se venger de ce que nous avons fait. Mais ce qu'aucun de nous ne sait, c'est quand ils arriveront, quand ils attaqueront. Peut-être qu'ils sont déjà là, à quelques mètres du Nouveau Système, et que nous ne le savons pas. Peut-être qu'ils vont attaquer dans une heure, demain, cette nuit, jamais. On ne peut pas savoir. Non, nous pouvons nous préparer. Nous devons nous préparer. Une fois le convoi entièrement arrivé, avec toutes les filles à son bord ainsi que tous les blessés, le camp a commencé à avoir une véritable allure. Il a fallu attendre le lendemain matin pour décider de ce qui allait être fait. Pour moi, c'était facile : je voulais et veux me battre. Je veux sauver cette cité dans laquelle j'ai grandi et pour laquelle je me suis toujours battu. Il n'y avait pas d'hésitation, ni hier matin quand Fred et Elia sont partis en nous laissant le commandement à Tatiana et moi, ni aujourd'hui alors que le soleil se lève à peine et que je suis debout, prêt à en découdre comme je le serai toujours. Lorsqu'Elia m'a demandé de prendre en main la direction de nos équipes, je n'ai pas hésité un seul instant. D'abord, j'ai accepté parce que je sais être capable de le faire. En plus, en me laissant diriger, Elia pouvait aller se mettre à l'abri avec sa fille et Fred à la Société. Un poids en moins sur ses épaules qui n'en devient pas un sur les miennes. J'adore ce que je fais. La guerre ne m'enchante pas, mais je me sens capable de la gagner. Je me sens capable de tout depuis que j'ai retrouvé Cassie. Mon cœur se gonfle alors que je ne fais que penser à elle. Son nom traverse mon esprit, son visage apparait sous mes yeux, et soudain je suis plus fort. Oui, je ferais tout pour sauver notre cité, tout ce qui est en mon pouvoir. Parce que, quelque part, si le Nouveau Système survit, alors notre amour aussi.

« Tu as prévu quoi aujourd'hui ? me demande Cassie tout en s'habillant alors que je reviens d'un premier exercice de combat avec les plus jeunes recrues.

- Comme hier, préparation physique le matin, même si je vais séparer mon groupe en deux pour que Finch m'aide un peu.

- Et cet après-midi ?

- Réunion tactique avec Oli. D'ailleurs, tu l'as vu hier toi ?

- Non, soupire-t-elle. Il ne veut parler à personne. J'espère qu'il viendra pour discuter avec toi, au moins ça lui changera un peu les idées. Tu crois qu'il va bien ?

- Il vient de perdre son fiancé, je... »

J'hésite un instant. Devant moi, Cassie est en train d'attacher ses cheveux en arrière. Elle les a laissé pousser ces dernières semaines si bien que maintenant ils lui arrivent aux épaules. Comme je me suis arrêté en plein milieu de ma phrase, Cassie se tourne vers moi et, d'un geste de la main, me fait signe de continuer.

« Je... Si c'était moi à sa place, je serai une vraie loque. Et pourtant on n'est pas ensemble depuis longtemps. »

Les yeux marrons de Cassie sont toujours posés sur moi. Ne pouvant pas parler à cause de la barrette qu'elle tient entre ses dents, elle hausse simplement les épaules.

« Je vais y aller, je lui dis tout en lui posant un baiser sur la tempe.

- On se voit ce midi ? me demande-t-elle après avoir fini d'attacher ses cheveux en queue de cheval.

- Comme hier, j'acquiesce. »

Entre nous, le dialogue s'est libéré en l'espace de quelques minutes. Notre séparation, non seulement celle de l'année dernière qui n'avait pas été très claire, mais surtout celle due à son enfermement à Acragas, nous a permis de nous rendre compte que nous pouvons nous entendre. Et que ça peut marcher. Certes, le temps n'est pas à l'amour, mais nous essayons tout de même de prendre le temps de nous parler. Le soir, nous dormons dans ma cabane dans les bois, à l'extérieur de la cité. Le midi, nous nous rejoignons pour discuter un peu dans son appartement en ville. Le reste du temps, nous ne nous voyons pas. Souvent, je me surprends à vouloir que la guerre n'arrive jamais, mais que le risque qu'elle nous tombe dessus, lui, reste. Rien que pour pouvoir être avec elle comme ça.