Chapitre 8

28 0 0
                                    

'Le règlement est semblable aux rites d'une religion, qui semblent absurdes, mais qui façonnent les hommes.'  

Antoine de Saint-Exupéry 

- Le peintre est arrivée Mademoiselle. Annonça Andrea qui se tenait discrètement à l'encadrement de la porte : Il vous attend dans la pièce que je vous avais montrée hier. 

Elle portait toujours ce même sourire qui arrivait immédiatement à la réconforter d'une manière ou d'une autre. La seule qui ne jugeait pas d'un regard son choix "d'absurde" ou "d'anodin". La seule à qui elle pouvait se confier dans cette demeure. 

Sans raison apparente, elle accourue et se rua vers cette dernière, qui sans réticences, accepta son étreinte. 

- Tout va bien se passer Mademoiselle. Chuchota t-elle d'une voix doucereuse au creux de son oreille. 

Blake hocha positivement la tête en s'éloignant légèrement de la vieille femme qui lui tendit un draps en soie le regard compatissant, avant de repartir. 

Elle s'en empara hésitante, sans dire un mot puis referma la porte derrière elle. 

La texture qu'elle tenait entre ses doigts était richement légère. Avec des motifs cachemire qui bordaient la surface. Elle était presque sûr qu'il s'agissait du tissu qu'elle devrait enfiler pour la toile.  

Elle s'assit devant le miroir. En  contemplant soigneusement son reflet sans savoir si elle était vraiment prête ou non.  

Elle se regardait. 

Avec ce sentiment habituel de mépris envers sa personne. Avec le même dégoût que certaines le faisaient au temps de sa courte carrière de mannequin. Ces filles la dévisageaient avec amertume. Toutes ne voulaient qu'une seule et même chose. Qu'elle disparaisse de la compétition, qu'elle soit disqualifiée pour ne plus être un obstacle dans leur univers merveilleux. 

Cette époque a été sans doute l'un des pires de sa vie antérieure. Pensa t-elle en refermant doucement ses yeux verts. 

Cette insécurité qui la rongeait au tréfonds de ses entrailles, découlait de cette période. Depuis lors, elle ne se voyait plus comme la mignonne petite fille qui avait conquis en une seconde le cœur des jurées au grand plaisir de sa mère, mais plutôt comme la faible Blake qui se contemplait devant la glace sans ne pas ressentir un sentiment de répulsion envers sa personne.

Une personne avait dit un jour que les mannequins faisaient parti des plus belles personnes au monde, mais ce sont elles les plus complexées. Blake n'avait jamais autant crut en cette citation qu'à cette instant. 

Au moins ça lui permettait de garder les pieds sur terre.

Elle faillit en rire amèrement. 

Son corps était devenue une prison pour son esprit fragile. Toute sa vie, il a était l'objet de ses tourments. Ce qu'elle s'apprêtait à faire aujourd'hui en ait encore la preuve vivante.

Pour ainsi dire, elle se détestait.

Elle détestait ce sentiment d'infériorité qu'elle ressentait lorsqu'une personne la dévisageait sans vergogne. Toujours ce même frisson qui parcourait son être lorsque les autres ne le faisaient ne serait ce même que de travers.

Se parfaire à était l'objectif ultime de sa courte vie. Satisfaire corps et âme son estime de soie.  Malheureusement, chaque décision prise avait un prix. Et elle continue d'en payer le sien.

Son regard retomba sur son élastique qui n'avait de cesse de lui rappeler chaque seconde qu'il ne fallait pas qu'elle fasse un autre faux pas. Qu'il fallait qu'elle tienne pour ne pas sombrer dans le désarroi.

Un Somptueux DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant