Un Somptueux Désir

Chapitre 13

"L'expérience prouve que celui qui n'a jamais confiance en personne ne sera jamais déçu"

Leonard De Vinci

Blake jouait avec les couverts depuis qu'elle s'était vue offrir un semblant de solitude. Même si à en juger par le lieu dans lequel elle se situait, elle ne l'était pas vraiment. Personne n'avait vraiment l'air de lui prêter ne serait ce qu'une once de regard, à part l'un des gardes en charge de sa surveillance, étant assis discrètement à la table d'en face. Elle savait que venir dans un restaurant si convoité n'aurait pas lieu d'être, si ce n'était de son bon vouloir ou de sa volonté.

Sans vouloir paraître plus étrange qu'elle ne l'était déjà, elle arrangea le voile qui couvrait son visage en prenant le soin de libérer sa cavité, avant de poser un énième regard à la quantité déraisonnable de nourriture qui se trouvait devant elle, n'attendant que son consentement pour être savouré. Soufflant exaspérément face à son ventre qui était aussi noué qu'un nœud, elle agrippa son poignet avant de relever la tête à la recherche de Michael Williams qui s'était absenté depuis un bon moment.

Dès qu'elle l'aperçu, émergeant ténébreusement vers leur table, elle se dépêcha d'enfourcher la première olive qu'elle vit traîner dans le saladier avant de le plonger dans sa bouche. Ses yeux se mirent à guigner toutes choses hors de sa portée, pour tromper sa piètre mascarade.

- Inutile de jouer la comédie douce Blake. Sonda t-il d'une voix étrangement calme avant de prendre place sur la chaise en face d'elle : Mes hommes m'ont déjà affirmé que vous n'aviez pas touché à votre assiette. Je vois que vous êtes une villaine fille qui en plus, désobéie.

Sans laisser paraître son visage honteusement rouge, Blake prit nerveusement le verre d'eau disposé à quelque millimètres de son assiette avant d'en boire une gorgée pour faire passer l'olive qui s'était coincé au tréfond de son œsophage. Avec une fierté démesurée, elle soutint son regard sans laisser transcrire une faille d'intimidation.

- Je n'ai pas faim. Je mangerais plus tard, une fois rentrée à Manhattan.

Il plissa sournoisement les yeux avant de lever deux doigts à l'adresse d'un serveur qui se précipita de lui apporter une bouteille de martini.

- Alors qu'il en soit ainsi. Glissa t-il sournoisement. Nous avons toute la journée devant nous de toute évidence.

Incrédule, elle flécha son sourcil droit tout en gardant le visage fermé.

- Si j'ai bien compris, on ne quittera pas cet endroit tant que je n'aurais pas mangé ? S'enquit-elle dévisageant l'homme d'affaires.

- Bravo ! Vous méritez un dix pour cette si belle observation. S'exclama t-il sombrement avant de retirer ses lunettes pour se servir un verre de la boisson alcoolisé. Maintenant je pense que je n'ai plus besoin de vous rappeler ce que vous avez à faire.

- À votre avis qui en pâtira le plus si on devait rester ici toute la journée, Vous ou moi ? Osa t-elle en pointant son doigt en sa direction. Ce n'est pas moi qui dirige une société.

L'homme d'affaires fit mine de réfléchir tout en remuant le verre ambré qui était soigneusement suspendu à ses doigts.

- C'est exact. Admit-il finalement. Mais ce genre de chose ne me nuise aucunement douce Blake. Il me suffit d'un simple coup de fil pour que toute mon équipe me rejoigne sur place. En revanche, il me semble vous avez un travail à finaliser pour honorer notre accord.

Blake jura intérieurement avant de saisir, frustrée, un des couverts pour ingurgiter le contenu de son assiette alors que l'homme d'affaires imitait son geste, un rictus triomphant courbant ses traits.