FIN B

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FIN B

Ploc.

Ploc.

Ploc.

Médusé, Sans regarda son propre sang couler le long de ses doigts et disparaître dans l'obscurité ambiante. Planté dans son âme, le couteau luisait dans l'obscurité d'une lueur rougeoyante. Il n'arrivait pas à détacher son regard de ce dernier, fasciné morbidement par sa propre mort.

Il ressentit tout. Le lien entre son âme et celle de Frisk, brisé net. La fissure qui se créa dans son âme. Le craquement sinistre lorsqu'elle se brisa net sous le choc, comme on casse une fenêtre. Son corps qui se désagrège. En quelques secondes, tout fut terminé. Ce qui lui restait de conscience s'évapora, juste devant Frisk, impuissant, qui hurlait son nom.

Frisk tomba à genoux lorsque le squelette disparut entièrement du vide où leurs âmes conjointes se trouvaient. Indifférente, Chara rangea son couteau, satisfaite.

« Tu vas me donner ton âme, maintenant. Il est temps d'arrêter cette mascarade. »

Frisk ne répondit pas, silencieux. Le rouge de ses yeux faiblissait à vue d'œil. Il avait tant espéré cette nouvelle fin. Il avait promis que tout s'arrangerait. Et tout ça pour quoi ? Rien. Rien du tout. Il ne restait plus rien. Chara venait de tout gâcher.

L'adolescent s'assit au sol. Il abandonnait. À quoi bon ? Il avait beau essayé, il ne serait jamais maître de son destin. Il releva la tête vers Chara, le visage ravagé par les larmes.

« Prends-la. Prends ta revanche. Mais si ça te retombe dessus, ne compte pas sur moi. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi Chara. Tu n'existes plus pour moi.

— Cesse donc le mélodrama. Tu as fait ça. Tu t'es fait ça à toi-même. Il est temps d'assumer les conséquences de tes actes et d'en finir pour de bon. »

La lumière dans les yeux de Frisk s'éteignit complètement, là où celles des yeux de son clone brillaient de nouveau d'une lueur menaçante. L'adolescent n'était plus assez déterminé pour lutter contre elle. Elle avait gagné. Impuissant, il préféra ne plus être là pour voir ce que Chara allait faire à sa famille. Il se coucha au sol, et laissa l'obscurité l'engloutir, dans l'espoir qu'elle fasse taire sa conscience à jamais.

**********

Alphys entra dans la salle d'attente, les mains tremblantes, et le visage ravagé par les larmes. Elle peinait à faire un pas devant l'autre et refusait de croiser les regards pleins d'espoir qui s'étaient posé sur elle. Undyne fut la première à comprendre que quelque chose n'allait pas.

« Al' ?

— Je... Je suis désolée ! »

Elle tomba à genoux et se mit à sangloter, alertant tous les monstres dans la pièce. Toriel sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Elle s'apprêta à se précipiter dans le couloir, mais les docteurs humains, qui sortaient de la salle d'opération, ne lui en laissèrent pas le temps. L'un d'eux posa une main compatissante sur l'épaule d'Alphys.

« Nous sommes désolés, dit-il d'une voix solennelle. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour faire aboutir l'opération, mais... Le lien était trop instable. Frisk est vivant. Il a fait un arrêt cardiorespiratoire, mais il est revenu. Il devrait se réveiller bientôt. Mais pour Sans... Nous... Nous avons tenté de le sauver, mais son âme était bien trop faible pour cette opération. Malgré tous nos efforts, il n'a pas survécu. »

Un cri étouffé s'échappa de la gorge de Papyrus, qui se transforma rapidement en cri de souffrance. Toriel vint le prendre dans ses bras, alors que le squelette hurlait sa tristesse dans la salle d'attente.

À ses côtés, Asriel ne réagit pas. Il savait déjà. Il l'avait senti. Le contrôle de la détermination était passé à quelqu'un d'autre. Et si ce n'était pas lui, ou Frisk... Il se leva et quitta la pièce.

********

Deux mois s'était écoulé depuis l'opération. Assis dans un champ de fleurs dorés, Frisk et Asriel rendaient visite à Sans, ou plutôt ce qu'il restait de lui. Ses cendres avaient été réparties sur le sommet de Mont Ebott, comme il l'aurait voulu, là où les étoiles brillaient le plus.

Frisk parlait de tout et de rien, comme si ce n'était qu'une banalité, une promenade sans importance. Silencieux, Asriel n'arrivait pas à détacher son regard de l'inscription gravée dans un grand rocher que l'on avait placé là pour avoir un endroit où se recueillir. Le jeune prince ne savait plus où il en était. Même si Frisk était revenu officiellement, il savait que ce n'était pas lui. Elle avait beau avoir changé de visage, Chara avait toujours cette tonalité de voix qui lui était propre et qui la trahissait. Personne ne semblait avoir remarqué. Mais lui ? Lui avait vécu avec elle pendant des années. C'était sa meilleure amie. Il la connaissait par cœur.

« On doit parler. » l'interrompit-il alors qu'elle se lançait dans une nouvelle anecdote.

Frisk, ou Chara, se tut et se tourna vers lui, le regard interrogateur.

« Je sais tout, Chara. Je sais que... Je sais que ce n'est plus Frisk qui est aux manettes. Et je voudrais comprendre pourquoi.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Je ne suis pas un idiot. J'ai vécu quatorze ans avec toi, Chara. Je te connais mieux que quiconque, et il y a des détails qui ne trompent pas. Cette soudain passion pour les couteaux et le chocolat, ton besoin de tout contrôler, ta peur de l'abandon... Je sais que Maman a remarqué, elle aussi. Elle te regarde étrangement parfois, avec cet air mélancolique dans le regard. Elle sait. Tout le monde sait. Et tu ne pourras pas le cacher éternellement.

— Frisk n'est plus là. Il a refusé d'assumer ses erreurs et a abandonné. Si tu le sais déjà, pourquoi t'acharner à me l'entendre dire ? Tu sais très bien, pour l'avoir vécu, que je ne peux pas simplement leur dire que je suis de retour. »

Asriel sourit tristement.

« Ce n'est pas là où je veux en venir. Il y a... Autre chose qui a changé. J'ai mis du temps à le comprendre, mais les signes ne trompent pas. Tes yeux brillent plus, tes mains tremblent... Tout ça, je l'ai expérimenté. Avant. Je sais mieux que quiconque ce que ça fait de tuer des gens. Je... Je ne voulais pas y croire, j'ai fermé les yeux. Mais ce matin, je suis tombé sur une affiche dans la rue. Des monstres disparaissent, un peu plus chaque semaine. Et je ne peux pas croire une seconde que c'est un hasard.

— Tu vas vraiment me faire la morale pour quelques meurtres ? Toi ?

— J'ai changé, Chara, répondit le prince. J'ai appris de mes erreurs, j'ai avancé et j'ai fait au mieux pour être une meilleure personne. Comme Frisk. Comme Sans. Mais toi ? Qu'est-ce que tu as fait jusqu'à présent ? Je ne peux pas croire que Frisk ait abandonné sans raison. Tu dis qu'il devait assumer ses erreurs, mais avec ce que tu fais, est-ce que ta justification tient seulement la route, Chara ?

— Tu n'es qu'un hypocrite. Tu as absorbé mon âme, tu connais mon objectif.

— Non. Je ne te connais plus. Je ne sais pas qui tu es. Chara n'a jamais tué par plaisir. Mais les tremblements de tes mains ? Ils montrent que tu aimes ça et que tu en redemandes. Je ne sais pas qui tu es, mais tu n'es pas la sœur que j'ai connu dans les Souterrains. Chara est morte le jour où elle s'est sacrifiée pour ses idéaux. Tu n'es qu'une pâle copie de ce qu'elle fut jadis et je ne te laisserai pas salir sa mémoire.

— C'est une menace ? répondit-elle sèchement. Tu devrais faire attention à tes arrières, Asriel. On ne sait jamais de quoi demain est fait. »

Sans un mot de plus, elle se leva et s'en alla vers le sentier. Asriel baissa la tête.

« Je suis désolé. J'aurais dû agir plus tôt. Mais elle est devenue trop instable et j'ai peur que si je ne fais rien... Il ne restera bientôt plus rien à sauver. J'espère que vous pourrez me pardonner, dit-il à Frisk et Sans. Je n'ai plus d'autres choix. »

Il se leva et s'approcha d'un gros arbre. Camouflé derrière, une corde, un couteau, une arme à feu et un réceptacle à âmes volé dans l'ancienne salle du trône d'Asgore. Asriel prit une inspiration, déterminé. Ce soir, Ebott ne craindrait plus rien. C'était une promesse.

FIN.

Une dernière promesse | Fanfiction UndertaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant