Vide de tout, vide de sens, vide de vie, vide de passion, son ventre est vide.
Entre 20 et 30 ans, elle souhaitait devenir maman. Dans cette tranche d'âge, elle espérait tomber enceinte, vivre une grossesse et une maternité comme beaucoup de jeunes femmes. Mais rien ne se passa. RIEN.
Ô comme ce mot est fort, rien, comme il fait mal à lire, à écrire, à prononcer. Il n'y a rien qui se passa, ni nausée, ni arrêt menstruel, ni changement de corps. RIEN. Comme elle était jeune, ses ami.e.s lui répétèrent que ça viendrait, que ça prenait seulement du temps. Sa famille lui répétèrent que le jour où bébé sera là elle oubliera cette souffrance du ventre vide. Mais rien ne vînt. Alors s'installe la roue de la souffrance, de la jalousie et de la peur.
Ses amies prévoyaient leurs grossesses à leurs tours, son frère, sa soeur, de quelques années plus jeunes, annonçaient leurs heureux événements imprévus l'un après l'autre.
Ô comme la jalousie grandit, sans crier gare, la voilà devenant haine et incompréhension. Elle, qui souhaitait plus que tout devenir maman, vit ses cadets avoir ce cadeau par accident. Elle, qui trouvait la grossesse si belle chez les autres, ne put à présent, que ressentir de la haine et de la jalousie à chaque coin de rue. Les mamans, les papas avec leurs chérubins sur les épaules, les poussettes, les rondeurs harmonieuses des mamans à en devenir, ne lui provoquait que de la haine, du dégoût, de l'incompréhension.Elle n'avait rien, que le vide, un bas ventre sans poche, sans fonction, sans amour. Elle en a tellement à donner. Et soudain le nom "Tatie" résonne. À tous les repas, à chaque réunion de familles, il n'est plus question de l'appeler autrement. Serait-elle condamnée à se nommer "Tatie" à la place de "Maman" ?
Il fut de plus en plus dur de voir le monde avancer sans elle, plus en plus dur de sortir de ce foyer sans rire d'enfants.Personne ne put l'entendre souffrir. Personne ne put la comprendre.
En passant dans les rayons bébés, les rêves d'acheter les petites tenues pour son enfant s'évaporèrent. À présent elle les prenait pour son neveu et sa nièce. Tatie. C'était ce qu'elle serait jusqu'à la fin.Les années passèrent, l'espoir avec, mais la souffrance resta, fidèle amie incomprise. Sous la douche, les larmes coulaient, une main sur le ventre vide, vide de sens, vide d'amour, vide de vie.
Cet amour sera-t-il rendu un jour?
Entre 20 et 30 ans, la souffrance du ventre vide est présent, impossible de le banaliser ou de l'oublier. Il est là. Jeune oui, incapable de ressentir le manque de bébé non. Il ronge tel une taupe creusant toujours plus profondément sous terre. Il perse le coeur comme une aiguille perse la peau. Il est à vif tel la chair arrachée. Il est invivable, tel le souffle coupé sous l'eau.Ce rien, ce vide, ce manque, cette absence...
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Confession D'un Coeur
Poetry"Tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d'etre vécu" l'Étranger ~Albert Camus~ (/!\ Attention : certains poèmes ou certaines nouvelles pourraient choquer; les sujets abordés sont souvent sensibles. )