11. envoûtement

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Je me suis perdu dans ses yeux qui n'ont vraiment jamais eu d'émotions.  Envers moi, envers les autres, envers tout le monde.  J'ai prié pour y déceler quelque chose, mais c'est quasiment impossible. 

Alors que nous sommes dans la même position, Kimia ouvre sa bouche mais la referme aussitôt.  Je me retire en elle et m'affale à côté, les yeux au plafond.  Je couvre mes yeux de lassitude en soufflant bruyamment.  Elle n'a pas encore fermé ses jambes, les ayant toujours écartées comme si elle a besoin de mon touché  alors que j'ai ma partie génitale à l'air libre qui ne veut toujours pas se calmer malgré ce qui vient de se passer.

- Je dois vraiment te donner une réponse ? Demande-t-elle après  des  minutes de silence.

- Oui, dis-je fermement sans quitter le plafond des yeux.

- Et si je disais non ?

Je tourne ma tête vers elle, non sans un regard de sa partie intime  à ma vue mais me reconcentre  à son visage rapidement pour ne pas perdre la tête. La pièce sent fraîchement le sexe et les positions dans lesquelles nous sommes ne fait que me donner des envies.

- Alors on arrête tout, réponds-je finalement.

Elle fait la moue avant de timidement cacher ses yeux à l'aide de ses doigts comme si elle les frottait. joues gonflées et sa bouche pointant vers moi, je ne cesse de la contempler en attendant sa réponse. Kimia place soudainement une de ses jambes sur mon ventre à quelques millimètres de mon pénis et sa main commence à doucement caresser ma joue , toujours les yeux fermés.  Je suis surpris mais ne réagis pas.

- Tu peux vivre sans moi ? Me demande-elle

Bien-sûr que non pauvre idiote.

- Et toi ?  Je lui demande alors que je connais bien la réponse.

Ce n'est plus à nier, je suis accro à elle.  Elle me rend fou, j'en deviens malade. Ça a toujours été le cas en faite; avant même qu'on ne commence cette relation qui me fait plus de mal que de bien.

- Pourquoi tu veux que ça change ?

- Pourquoi tu ne veux pas que ça change ?  Tu as beau le cacher, je sais que tu as des sentiments pour moi.  Cette manie de construire un mur entre nous ne marche pas avec moi.  Je n'ai pas envie de passer pour un con de bas étage ok ?  Alors c'est soit tu veux vraiment être avec moi, soit je me tire d'ici et je ne reviendrai plus jamais.

Face à mon discours plus que jamais ferme et à mon ton autoritaire, elle est obligée d'enlever sa main des yeux et de me regarder . Kimia arrête son mouvement tendre avec sa main.

- Comment te dire que c'est compliqué ?

- Il n'y rien de compliqué ! Mais qu'est-ce que tu caches ?  T'es enceinte ? Lesbienne?  Promise à un chef coutumier ?

Je perds patience.  Son manque de réaction m'est encore plus énervant. Dans un élan de frustration, je la repousse pour me lever du lit et remet mes vêtements convenablement sur mon corps.

- Devon...

- Dis plus rien, fais-je en bouclant ma ceinture.

Amour, fantasmes, obsession ou je sais pas quoi, je ne vais pas rester ici plus longtemps pour qu'on piétine ma fierté.  Sait-elle à combien de filles j'ai fais des déclarations ou à combien de filles j'ai mis ma fierté à côté pour elle ?  Kimia ou pas, c'est pas à moi qu'on va faire ça.

- N'essaie pas de me joindre, n'entre plus en communication avec moi, fais toi baisé par qui tu veux; à présent je m'en fous

- Pauvre con, lache-t-elle brutalement. 

La haine dans son regard pourrait me tuer, mais la haine dans mon regard aussi pourrait la tuer. Elle est peut-être blessée par mes mots, j'y suis peut-être allé un peu trop fort ; je ne sais pas et je m'en fous un peu.

- Vas te faire foutre, lâché-je à mon tour avant de sortir à tout jamais.

Une limite a été dépassée, une limite qu'aucune autre n'a jamais pu dépassée. Elle me hante, elle m'obsède; une partie de moi est étrangement attachée à elle et c'est ça qui me fait peur.  Je suis déjà tombé à ses pieds comme un chien obéissant à son maître, mais je dois m'en éloigner.

Et c'est ce que je fais.

Kimia

Il m'arrive de me demander qui je suis réellement , quelle est le but de mon existence et pourquoi je me sens ainsi : vivante et morte à la fois, blessée au plus profond de  mon être, seule à mourir.  Mais surtout " Pourquoi je fais souffrir".
Je partage le mal que je ressens avec les gens qui m'entourent mais encore plus de mal avec ceux qui m'aiment ou que j'essaie d'aimer.

Devon n'est pas une exception, il n'est malheureusement pas cette exception.

J'ai observé mon ange plusieurs fois depuis que je suis arrivée à Londres. Cet air impassible au visage comme si rien ne le touchait , ces yeux d'un brun envoûtant, ce charme qu'il dégage et son tic de lever furtivement les yeux  et cette voix qui pourrait faire fondre n'importe qui.  Il sait qu'il est un sex-appeal  et joue avec. Il laisse derrière lui des coeurs brisés et s'en fou.  Comment peut-il me traiter ainsi alors qu'il fait la même chose ? Mon égo a pris son depart pour une humiliation alors que la partie tendre de mon coeur l'a vécu comme un abandon.

Des jours sont passés, mais je lui en veux toujours autant .

Je m'en fou s'il m'aime vraiment ou s'il fait encore parti de ces hommes dont j'arrive à contrôler pour me sentir moins seule dans ma douleur, mais je dois avouer qu'il est bien différent.  Dans son regard, dans sa manière de me parler, de me toucher ; dans la manière d'être tout simplement avec moi.  J'avoue aussi que cela m'a surpris et que c'est pour cette raison que je l'ai laissé effleurer ma vie.  Je voulais savoir si le briseur de coeur était réellement sa nature ou une couverture ; et j'ai été déçue.

Déçue de constater que c'est une misérable couverture et qu'il est plus fragile qu'il ne le montre. Déçue de découvrir qu'il se réfugie entre les jambes des femmes pour ne peut-être pas se faire rejeter.  Mais comme je me répète à dire, mon ange est d'une beauté divine, une beauté qui torture vos nuits et qui ne vous laisse aucunement le temps de penser à autre chose , une beauté qui vous aveugle et vous obsède au premier regard. 

Qui se ressemble s'assemble, est l'adage populaire que beaucoup utilisent pour resserer leurs liens.  Mais dans mon cas; je dirais que ceux qui ressemblent doivent s'éviter pour ne pas engendrer  une catastrophe.

Et sa manière de m'avoir quitté ressemblait à un réel adieu avant que je ne découvre avec une envie malsaine que je n'avais pas quitté ses pensées. Je l'ai surpris plusieurs fois à me devisager sans gêne et à touner la tête à s'en faire mal au cou quand j'encrais mes yeux dans le siens; ou à m'éviter  quand on se retrouvait dans la même pièce. J'ai eu mal de son comportement.  Mon sombre être ne supporte pas ce traitement qu'on lui accorde.

Un jour, alors que je me commandait de la nourriture dans un fast-food,  mon ange était présent accompagné de ses amis et ne m'avait pas directement remarqué.  Je l'ai longtemps observé rire à gorge déployée , parler joyeusement et peux affirmer que c'était tellement faux que je me demande si son entourage fait exprès de ne pas le remarquer, de ne pas voir qui il est vraiment. Un être brisé qui cherche continuellement à être réconforté par une personne qui lui fera encore et encore du mal. Devon m'avait remarqué en fin de compte et avait directement  arrêter de rire bêtement puisqu'il sait que cette image qu'il se crée ne marche pas avec moi.  Ce que j'avais retenu ce jour-là, c'est qu'il me reviendra.

Mon côté pervers, sombre et malsain le voulait entièrement alors que mon cœur, piégé dans une brume et plus dure qu'une pierre ne pouvait le définir ne ressentait pas le besoin de l'avoir. Puisque quand il a tissé le premier lien avec moi, il a aussi tissé une toile où il sera emprisonné à jamais.

Mon ange me reviendra.  Et si tel n'est pas le cas, j'irais jusqu'à lui.








Kimia/1&2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant