Chapitre 10

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15 décembre, midi

— Tu m'avais pas dit que t'avais un truc de prévu ce midi ?

Échevelé et poussiéreux, je ressortis la tête du dessous d'une étagère, sous laquelle j'avais fait tomber un livre. Je plissai la yeux, cherchant dans ma mémoire une information semblable et j'ouvris grand les yeux, me remémorant la chose en question.

— Oh mais oui putain !

Je me relevai en panique et me pris le coin d'une table dans le crâne, retombant lourdement au sol.

— Fais chier si je m'assomme je vais être en retard, grommelai-je sous le regard hilare de Riu qui se tenait les côtes, à quelques mètres de moi, mort de rire à cause de mon malheur.

— Et arrête de rire, tu risques de te prendre un sale karma, ajoutai-je en me relevant, légèrement chancelant.

Ça ne découragea pas mon collègue qui riait encore lorsque je sortis de la pièce, vexé de sa réaction et blessé à la tête. Un bruit de livres qui tombent parvint à mes oreilles et je ricanai, lui criant au passage que le karma venait de le rattraper. Je passai en coup de vent dans la salle du personnel, récupérant mes affaires et dépoussiérant mes habits avant de tacher de recoiffer un peu la touffe de cheveux qui prenait place sur ma tête - d'ailleurs toujours douloureuse, je m'étais sans doute à moitié assommé...

Je sortis rapidement, enfilant mon manteau et traversai la librairie en quelques pas. La porte s'ouvrît, et je vis M. Komuro entrer. Je n'eus même pas le temps de m'excuser de mon départ qu'il secoua la tête et me fit un clin d'œil.

— Aller vas-y. Quelqu'un a l'air de t'attendre dehors. Je dirais à Reko que tu viens de partir si t'en n'a pas eu le temps, sourit-il avec une petite tape toute paternelle sur mon épaule.

Je lui adressai un sourire de gratitude et sortis dehors, dans le froid.

J'y retrouvais des températures plutôt glaciales, mais aussi la rassurante chaleur du regard carmin que je chérissais désormais.

— On y va ?

Il écrasa rapidement sa cigarette et me rejoignit tandis qu'un léger sourire se dessinait sur ses lèvres.

— Suis-moi.





Pdv Katsuki :

J'avais fini par craquer. Après notre rencontre surprise dans le parc, j'avais fini par lui proposer un déjeuner. Je voulais le revoir. Non, mieux, je devais le revoir : observer ses yeux, sentir de nouveau son odeur de cannelle piquante, effleurer sa peau et ses cheveux du bout des doigts, juste pour m'en imprégner un peu plus.

Et aussi, je voulais savoir pourquoi. Pourquoi ce regard doux et triste, pourquoi tout ce mystère autour de ce qui semblait s'être passé l'année précédente, pour quelle raison avais-je tant que ça besoin de le voir pour me sentir enfin bien. J'avais presque l'impression de devenir plus fou de lui à chaque rencontre. C'était à la fois si fort et si tendre, si violent et si doux, si passionné et si désintéressé que c'en devenait indescriptible. Et je voulais comprendre pourquoi je ressentais soudainement autant de sentiments contradictoires.

Au fond, j'avais déjà la réponse et ce, depuis un bout de temps, mais entre le savoir et se l'avouer, il y a un grand pas que je n'étais pas encore prêt à franchir.

Alors pour essayer de mieux le comprendre et mieux me comprendre, j'avais fini par lui écrire. Lui proposer ce déjeuner que je lui avais promis lors de notre première rencontre et que je ne lui avais pas offert depuis.

— T'es en vacances ?

Je relevais la tête vers mon interlocuteur. Perdu dans mes pensées, j'avais totalement oublié qu'on était arrivés au restaurant.

Last ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant