Last Christmas

Chapitre 2

Suite à cette visite au magasin, il revint souvent à la boutique pour d'autres achats. Je m'habituais à voir ma morne routine être dérangée par cet homme dont je ne savais pas grand-chose.

Cinq jours après notre première rencontre, Reko avait décidé de me faire passer à un mi-temps afin d'éviter d'avoir trop de personnes à la librairie au même moment. Je ne travaillais plus que le matin et passais mes après-midi chez moi à rêvasser, lire ou passer du temps sur internet. Pas grand chose d'important, au final, mais ça me permettait de réfléchir et je commençais à réaliser que je n'avais strictement rien fait depuis près d'un an pour remettre de l'ordre dans ma vie. Rien.

-Pfff, Izuku depuis quand tu te laisses aller comme ça... soupirais-je en me passant une main lasse sur le visage.

Je levais mon regard vert du livre que je lisais, me rappelant que je devais sortir faire des courses pour la semaine : mon frigo était presque vide, et j'avais déjà faim alors même que l'après-midi ne touchait pas encore à sa fin. Je me dirigeais vers mon armoire à vestes et manteaux et je pris une doudoune bien chaude. Alors que je la tirais de son ceintre, un truc tomba à mes pieds avec un bruit dissonant.

Je reculais, comme brûlé, et lui donnais un coup de pied rageur, la remettant à sa place. C'était ma guitare, celle qu'il m'avait offerte l'an dernier avant de disparaître. Une haine envers l'objet prit possession de moi et je dus me contrôler pour ne pas réduire l'instrument en poussière. Jamais je n'avais compris la raison de son départ, et je ne pouvais m'empêcher de reporter ma haine, ma frustration et ma tristesse sur la dernière chose qu'il m'avait offerte. C'était puéril, mais c'était un moyen d'avancer.

Le lendemain matin, je me trouvais dans la salle réservée au personnel, derrière le comptoir. Je m'apprêtais à partir, ayant déjà travaillé le matin et Rui prenant la relève pour l'après-midi.

-Bonjour Monsieur ! fit Rui de l'autre côté de la porte alors que j'enfilais mon bonnet, me préparant à rentrer tranquillement chez moi.

-Bonjour. L'autre vendeur n'est pas là ?

Je reconnus immédiatement sa voix : c'était le blond aux yeux rouges, celui qui venait presque tous les jours pour acheter des livres - et peut-être aussi me voir, qui sait ?

-Vous voulez parler de Deku ? Il a fini son service. Il se change dans la salle réservée au personnel.

-D'accord, merci. Alors au revoir.

La porte d'entrée claqua, comme si le blond était parti. Immobile, je ne pouvais en croire mes oreilles : il était venu juste pour me voir ?

Je sentis mon visage rougir brusquement et secouais la tête, refusant d'y croire. Je plaçais mes mains sur mes joues, espérant en faire redescendre la température et affadir les couleurs prononcées qui les coloraient. Rien à faire, j'étais rouge comme une tomate.

Entre mes cheveux verts et mon visage rouge, je dois passer soit pour une fraise, soit pour un poivron...

-Bon, à plus Rui, dis-je en sortant de la salle, faisant comme si je n'avais rien entendu de la conversation.

-Oui, à demain. Et oublie pas ton petit ami ... fit-il d'un air mutin, un petit sourire aux lèvres sans pour autant relever les yeux de la caisse.

-Ce n'est p-

-Pas encore, jeune homme, dit une voix derrière moi.

C'était monsieur Komuro qui me regardait d'un air paternel. Il venait pour son passage hebdomadaire mais semblait tout de même heureux que ce ne soit pas moi qui le renseigne pour une fois.