Last Christmas

Chapitre 14 - Partie 1

19 décembre, après-midi

J'avais envie de voir la neige tomber. C'était bête comme envie, mais c'était véridique. Je voulais voir des flocons voleter autour de moi, blanchir de nouveau cette couche devenue grisâtre de pollution et de saletés. Je voulais les laisser m'ensevelir, et pourquoi pas devenir un bonhomme de neige vivant pour faire peur aux passants - idée un peu saugrenue mais qui me plaisait étrangement sur le coup.

Fuyu avait retrouvé son ami, un chien aux poils courts et au profil athlétique qui appartenait à une jeune fille, sans doute une collégienne du quartier. Elle n'arrêtait pas de regarder dans ma direction et de rougir dès que je posais mon regard vert sur elle. C'est à ce que je ressemble quand je suis avec Katchan ? Madre dios, c'est ridicule...

Ne répondant pas à ses vaines tentatives de séduction désespérée, je détournai les yeux, les posant sur mon compagnon à poils qui s'amusait beaucoup avec le chien de la jeune fille - elle avait beau être ridicule, son chien avait, lui, l'avantage de s'occuper du sport de mon propre animal.

*bruit de sonnerie*

Je baissai les yeux vers ma poche et décrochai machinalement mon téléphone, ne regardant même pas l'identité de mon interlocuteur. Je savais déjà qui c'était.

— Ochako je sais que c'est toi, arrête de me harceler je te dirai rien d'autre.

[ Tu as une bien curieuse façon de saluer ta mère, Izuku ]

— Ooooh pardon maman ! Je pensais que c'était Ocha alors...

Je me massai l'arête du nez, fatigué de moi. Il fallait vraiment que je pense à regarder qui m'appelle avant de décrocher bêtement.

[ Je vais pas t'en vouloir pour ça mon grand. Alors, tu as pris des vacances pour une fois ? Ochako à la gentillesse de penser à moi et de m'envoyer de tes nouvelles, puisque mon propre fils n'y pense même pas... ] se lamenta ma mère au bout du fil.

— Encore pardon pour ça...

[ Trève de plaisanteries, je t'appelle juste pour discuter un peu, pas pour te rappeler ce que tu ne fais pas. ] rappela ma mère avec un sourire audible.

— T'as fait bon voyage ? T'es arrivée y'a deux jours, de mémoire.

[ Aahhh... C'était super ! Masaru - le mari de Mitsuki - est vraiment un très bon conducteur, j'ai à peine eu des nausées ! Et la montagne... c'est vraiment magnifique. Le calme, la neige, les sommets blancs, tout est si beau ! J'avoue que j'ai encore du mal avec le ski mais ça va, je réussis à faire du chasse-neige et d'après Mitsuki, je me débrouille pas trop mal pour une « vieille »... ]

— T'es pas vieille maman, arrête... d'ailleurs Mitsuki a le même âge que toi, soupirai-je en souriant.

[ Et puis avec mon poids, j'avais peur de transpercer la couche de neige et de me retrouver ensevelie- ]

— Et t'es pas grosse non plus, t'es parfaite comme tu es, et tu le sais, Moune'... ajoutai-je, la coupant dans son monologue auto dépréciateur.

[ C'est que tu me connais bien... Et toi de ton coté ? Comment ça va ? Ochako m'a parlé d'un homme, mais j'ai pas trop compris le rapport avec toi... Tu revois Shoto ? Je pensais que c'était fini entre vous... ]

Oh la p- la salo- la connas- la méchante petite brune. Quand je vais la voir elle va la sentir passer celle-là.

S'il y avait bien une personne que je ne voulais mettre au courant de rien, c'était bien ma mère. Elle avait beaucoup trop tendance à se faire du souci, à s'inquiéter pour tout et rien, et je la connaissais assez pour savoir qu'elle risquait de se faire des idées.