Chapitre 26

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Cela va faire quelques heures déjà que Aure a atterrit à Hortensia

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Cela va faire quelques heures déjà que Aure a atterrit à Hortensia. Quelques heures qu'elle a du mal à digérer sa dernière conversation avec David. Et pour cause ; pour la première fois depuis plusieurs années, elle se sent perdue. Perdue parce qu'elle n'a plus Liam ; perdue parce que son âme sœur de meilleur ami lui prête une image qu'elle n'a pas : une meurtrière vénale. Et ça, ça fait mal. Même pour une personne qui souffrirait d'un trouble de la personnalité antisociale.

Pour la première fois depuis sa création, Aure n'a pas envie de s'occuper de son entreprise. Elle n'a pas envie de toucher à son ordinateur, ni d'avoir à traiter les dossiers de ses potentiels nouveaux clients qui trainent sur sa table basse depuis quelques jours. A cet instant précis, A. n'a pas envie de parler de CYGNUS.

Mais, lorsque Aure ne parle pas de CYGNUS, comment occupe-t-elle fait-elle sa vie personnelle, se demanderait-on ? Que fait-elle exactement dans ces moments de creux ?

Eh bien, rien.

Aure n'a pas de vie en dehors de son travail. Elle l'a déjà dit : CYGNUS est littéralement toute sa vie depuis sa création. En dehors de CYGNUS, Aure ne sait pas fonctionner. Alors, lorsque CYGNUS, son étoile du berger, est retiré de l'équation, il est très aisé de comprendre que Aure se sent comme une naufragée sur un radeau au milieu d'un océan aussi obscur que la voute céleste une nuit sans lune ; autrement dit, elle se sent terriblement seule et déboussolée. Certes, elle a toujours Adrianna, son père et Akira. Mais, lorsque ses associés ne sont pas présents comme en ce moment, et qu'elle évite son père pour ne pas avoir à planifier avec lui une prochaine disparition dans une destination hors de la sphère d'Hortensia, eh bien...il ne lui reste que...du vide. Et le vide, ça fait peur...même à une cinglante antisociale comme Aure Otto.

Recroquevillée sur son lit, dans l'obscurité de sa chambre, Aure repasse en boucle sa discussion avec David. Comment en l'espace de cinq minutes peut-il passer d'un intense « je t'aime » à un abominable « Serais-tu prête à m'assassiner ? ».

Rien qu'à penser à cette question, les yeux de Aure se remplissent d'eau. Elle s'empresse de sécher ses larmes du revers de la main et décide de se changer les idées en regardant la télé.

Parvenant, après quelques tentatives échouées, à atteindre d'une main indécise sa télécommande planquée sous un oreiller, elle allume l'écran plat fixé au mur en face de son lit. Un bref rictus se dessine au coin de ses lèvres lorsqu'elle voit le film qui passe à la télé : « Mr. & Mrs. Smith ».

Le hasard fait bien les choses car pendant l'adolescence de la jeune femme, ce film lui donnait toujours une niaque d'enfer. En effet, le féroce charisme d'Angelina Jolie dans le rôle de Jane Smith a été le moteur de Aure lorsqu'elle avait des coups de mou au lycée. Cependant, ce soir, même ce film ne la booste pas comme il devrait. La fiction semble fade, froide et pathétique. De plus, John Smith lui fait penser à David. Bon...force est de reconnaitre que le moral actuel de Aure est tellement dans les chaussettes que même l'image d'un cactus paumé en plein désert lui ferait penser à David.

Les cygnes qui ne trompent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant