Chapitre 42

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🦢🦢🦢 SEPT ANS PLUS TOT 🦢🦢🦢

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🦢🦢🦢 SEPT ANS PLUS TOT 🦢🦢🦢

Cela va faire près de cinq minutes que Aure sirote son capuccino chaud et déguste son pain au chocolat ; dans le plus assourdissant des silences. Marquant soudainement une légère pause, elle fixe le fond de sa tasse maintenant vide, pensive. Force est de reconnaitre que pendant un court instant, la jeune femme a pratiquement oublié la présence de son compagnon en cette matinée désolante et excessivement givrée. Et pourtant, les pupilles grises et étincelantes de ce dernier installé en face d'elle, ne la quittent pas d'une semelle. En effet, chaque geste de Aure, du clignement de ses yeux jusqu'au simple mouvement mécanique de ses mâchoires lorsqu'elle mange sa viennoiserie, est méticuleusement observé par le SDF. Chaque mouvement de cheveux, chacune des nombreuses mimiques de la jeune femme semble captiver l'étrange toxicomane.

Comptant mentalement les secondes qui s'écoulent depuis que son invitée s'est arrêtée de manger, Liam cesse de se retenir de parler au bout de quatre-vingt-dix secondes. Quatre-vingt-dix secondes qu'elle semble ailleurs, hypnotisée par ses pensées. Quatre-vingt-dix secondes que son expression s'est entièrement métamorphosée.

_ 'Vous avez tort.' Déclare passivement, l'étrange mendiant immobile en face d'elle.

Arrachée de ses pensées par la voix grave et barytonique de sa rencontre, Aure sursaute.

_ 'Quoi ?'

_ 'Vous êtes en train de vous persuader que vous devez arrêter votre projet. Et vous avez tort...de vouloir arrêter.' Poursuit-il.

Elle le dévisage longuement en silence avant d'ajouter sur un ton défaitiste :

_ 'Merci pour ce petit déjeuner.'

Ramassant son sac qui abrite les plans de son projet manifestement voué à l'échec, Aure se lève de table. 'Bonne journée Monsieur Wade.' Dit-elle sur un ton amer en lui tournant le dos.

_ 'Misérable...' Dit-il dans son dos alors qu'elle se dirige d'un pas décidé vers la sortie.

Aure se fige.

_ 'Pardon ???' S'énerve-t-elle en se retournant.

_ 'Misérable...c'est ce que vous serez si vous vous arrêtez avant même d'avoir commencé. Misérable...c'est ce que vous serez si vous abandonnez un projet qui vous fait vibrer au point de vous faire vous lever et prendre le bus avant sept-heures du matin en pleine tempête de neige...tout cela pour finalement retourner à votre vie monot...'

Une terrible quinte de toux s'empare de l'homme et le coupe dans son discours. L'homme visiblement mal en point provoque une peine vibrante et indescriptible auprès de son interlocutrice.

_ 'C'est vous qui êtes misérable.' Réplique pourtant cette dernière, trop fière pour laisser paraitre ses émotions.

_ 'Je sais.' Concède tout de même Liam après avoir repris le peu de souffle qu'il lui reste. 'Et vous avez raison, je suis misérable. Je suis misérable et je ne m'en cache pas. Être misérable est abrutissant, éreintant et suffocant. C'est précisément pour cette raison que je ne vous souhaite pas de l'être. Vous êtes une bonne personne A., ne devenez pas misérable seulement parce que vous ne supportez pas de rencontrer et encore moins d'accepter les difficultés que vous réserve la vie.'

Les cygnes qui ne trompent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant