Chapitre 43

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David est terrifié

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David est terrifié.

La phrase « Aure est enceinte » résonne en boucle dans son crâne, et fait tambouriner non seulement l'organe dans sa poitrine, mais aussi toutes les cellules de son corps.

David a peur car en grandissant, il n'a jamais réussi à se projeter dans la peau d'un parent...un père. En réalité, seul le petit David de huit ans s'imaginait quelques fois, vivre plus tard dans une grande maison chaleureuse et intimiste avec Aure. Un foyer qu'il partagerait avec elle et dans lequel ils auraient des enfants ainsi qu'un nombre non négligeable d'animaux de toutes sortes...enfin, sauf les chats, parce que Aure n'aime pas les chats. Et, lorsque Aure a disparu, cette image idyllique s'est, d'années en années, effacée de la mémoire de David pour laisser place à un vide terrifiant. Enfin, c'est plutôt David qui, au fur et à mesure de ses séances chez le psy, a enterré ce rêve au cimetière des pensées qui lui font de la peine. Parce que sans Aure, rien de tout ça n'en valait la peine. Sans Aure, il ne voulait ni animaux de compagnie, ni foyer chaleureux et intimiste...ni enfant.

David est angoissé.

Car, il craint de ne pas savoir comment être un bon père...Enfin un père tout court. Pour lui, il n'y a pas de bon ou de mauvais père ; il y a juste des pères et des géniteurs. Il faut reconnaitre que lorsque comme David, on grandit dans un manoir de plus de deux mille six cent mètres carrés de superficie, avec près d'une soixante de pièces et près d'une centaine d'employés de maison et d'agents de sécurité, et qu'on aperçoit son supposé père seulement quinze minutes par jour sans pouvoir attirer son attention, il peut sembler difficile parfois de garder la tête froide. D'autant plus que ce même supposé père vivait sous le même toit que lui ; seulement pas dans la même aile du manoir. Sera-t-il lui aussi dissimulé derrière une porte à laquelle sa progéniture, fatalement rendue transparente, n'aura pas le droit d'accéder ? Cette progéniture sera-t-elle éduquée par des valets ?

Cette pensée le tend, et l'étouffe. Accablé par ses propres réflexions anxiogènes, il tire violemment sur le col de sa chemise et fait péter accidentellement deux boutons. Le premier objet circulaire en laiton cogne contre la vitre de sa fenêtre et le deuxième termine sa course contre la main de Tom agrippé au volant.

_ 'C'est toi qui décideras.' Dit le moustachu en ignorant le projectile pour aplatir la pédale d'accélérateur de Cléopâtre. Le compteur de vitesse du tableau de bord enfreint plus d'une règle du code de la route car avoisine les deux cent trente kilomètre-heure maintenant.

_ 'Hein ?' Se contente de répondre vaguement le concerné, installé sur le siège à côté du moustachu.

_ 'Je te redis ce que je t'avais dit la première fois que nous avions eu cette discussion quelques années plus tôt. Il n'y a pas de manuel utilisateur. Il n'y a pas de sortilège qui te condamnerait à suivre fatalement le même cheminement que tes parents ou les parents de tes parents. C'est toi qui décides quelle sorte de père tu veux être. C'est à toi de rompre la chaine familiale et étant ton propre maillon de départ. C'est à toi de créer ton propre manuel utilisateur.'

Les cygnes qui ne trompent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant