Massacre

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Il y a maintenant quelque temps, on m'avait parlé du théâtre, un art ancien consistant à se donner en spectacle devant un public en jouant une petite histoire préparée en avance.
Les gens s'installaient devant la scène, attendant que le rideau rouge se lève.

J'y étais.

Assis sur ces sièges de pierre taillée, seul, la lune rayonnant au dessus de moi, je fixais ce rideau rouge, mystérieux, ce rideau de soi cramoisie.
Je me leva, et commença à m'avancer vers la scène.
Je posa le pieds sur ce parquet qui constituait cette scène, cet étrange sentiment qui s'empara de ma poitrine, une solitude... Face aux sièges vides devant moi, j'étais maintenant au devant de la scène, j'étais ici, perdu, cherchant refuge.
Je me tourna vers le rideau, l'empoigna et le rabattit violemment, c'est ainsi que la pièce commença.

J'assistais à cette scène impuissant. Au sol se trouvaient les cadavres d'un bon tier de mon groupe, ils avaient la gorge arrachée, le crâne fendu, les jambes séparées en deux, les bras arrachés, les yeux griffés, le ventre vidé.
Ceux encore debout, ne le restaient pas longtemps, ils tombaient comme des mouches, chacuns leur tour quand leurs têtes décidaient d'aller dire bonjour aux oiseau mais que leur corps préférait faire un câlin au sol.

C'en étais trop, j'en avais trop vu.
Je pris mon arc et me mis à tirer : "raté !" encore une fois : "pas loin !" encore ! "ALLER !" mais ils continuaient de s'effondrer un à un. Je me sentais impuissant, comme le spectateur assistant à la représentation mais qui souhaiterais intervenir, tous ce que je pouvais faire était jeter des légumes, des déchets sur scène pour exprimer mon mécontentement, mais les acteurs n'y prêtent pas attention.

Une tête me retomba entre les mains, l'ancien... Ses cheveux gris à moitié tachés de sang, il lui manquait une partie du crâne, j'ai toujours sur qu'il commençait à perdre la tête, mais je ne pensais pas de cette façon, mais en tout cas je peux dire que sa tête était bien remplie.

Ils n'étaient plus que 5.
L'un se fit soudaiement happé, et je vis son ombre derrière un arbre, suivit d'une grand éclaboussure et d'un cri à terroriser la bête de nuit elle même.
Plus que 4...

L'un se fit éventré en une fraction de seconde.
Un autre encore disparut d'un coup, je ne risquais pas de le revoir.
Les deux derniers se firent étranglés, je vis leurs corps se soulever dans les airs, et leurs yeux à l'approche de l'ange noir.

Ce fut la fin de la représentation, et il était temps pour l'unique spectateur d'applaudir, l'acteur restant tira sa révérence, et disparut dans les bois.

Le Rabatteur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant