Que m'arrivais t'il ? C'était l'extase, je prenais du plaisir à loger mes flèches dans la chair de cette bête. J'en avais assez de me cacher en haut, dans les arbres, j'empoigna une corde, trancha l'extrémité et me laissa glisser le long de cette dernière, avant de poser délicatement le pied à terre, je faisais face à un rocher, à quelque chose qui pourrait me tuer en une fraction de seconde, à une bête, à un montre. Et pourtant, j'avançais, doucement, la défiant du regard. Je m'arrêta. Qui feras le premier mouvement ? Apparemment, nous deux. À la même seconde, la bête se rua vers moi. Tendis que moi, je sautais en arrière, cherchant une flèche dans mon carquois. Je l'esquivit de peu, posa la flèche contre mon doigt, je pris la corde de mon autre main, sa texture rugueuse, je la caressais tendrement, avant de la tirer d'un coup sec vers moi, j'approcha mon œil, la pointe aggressant mon adversaire, ce fut comme si le temps avait ralenti, l'enchaînement de ces mouvements, et à présent j'étais prêt à tirer, je laissais la corde s'échapper, et la flèche partit droit dans la poitrine de la bête et s'y enfonça sans résistance. À présent il fallait courir, j'étais sans défense au sol, contre ce mastodonte, je comptais utiliser une tactique de lâche, esquiver, puis tirer une pauvre flèche, et répéter ça jusqu'à ce qu'elle s'épuise ou se vide de son sang.
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Alors je me mis à courir, glissant dans les feuilles mortes pour éviter un coup de tête mortel, roulant pour ne pas me faire écraser par une de ses immenses pattes, j'étais en transe, toujours en train de danser, c'était comme si je transcendais l'espace et le temps, la gravité n'avait plus effet sur moi, je tournoyait au dessus de sa tête, me faufilais entre les arbres comme le vent, tirant à chaque fois dans ses angles morts. Mais la bête finit par s'arrêter brusquement, posa sa tête contre le sol, et s'écroula, étais-ce terminé ? Je sortis de derrière un arbre, et m'approcha doucement, malheureusement, je ne compris que trop tard son stratagème, elle avait enfoncé ses cornes dans le sol, et d'un coup, me projeta une vague de terre au visage. Elle m'avait aveuglé. Je tenta de m'enfuir. Mais fus rappelé à l'ordre lorsque mon ventre percuta quelque chose de dur, je sentis mon estomac se faire écraser, et l'instant d'après, je contemplais le ciel noir, jonché d'étoiles, je me demanda où étaient les arbres, sensés cacher cette beauté, j'eus ma réponse une seconde après, ils étaient en dessous de moi.
Étais-ce un coup du destin ? Étais-ce de la chance ? Le fait est que je retombais dans un petit buisson très dense, qui amortit considérablement ma chute. J'avais le souffle coupé, je peinais à me relever, et je la voyais au loin, s'approcher. Soudain, la bête se mit à chanceler, le poison faisait enfin effet, et ce n'est que maintenant que je remarquais où cette bête était. Je saisis mon arc, et une nouvelle flèche alla se loger dans un arbre, sur une corde, et un rocher s'ecrasa sur le crâne de la bête. Je l'avais inconsciemment amenée au niveau d'un de mes pièges, quelle chance. Ma réjouissance fut de courte durée, la bête ne manqua pas de se relever, et se prépara à charger. Je n'arrivais plus à bouger, à marcher, pour esquiver. Quand tout-à-coup, une magnifique cerf surgit d'un bosquet voisin, la bête l'avait effrayé, et il passa juste à côté de moi, je le saisit, et monta sur son dos, la bête chargea et c'est un arbre qui s'envola. Je descendis du cerf et tomba à même le sol, nous étions tous deux à bout, il était temps d'en finir. C'était sur ce splendide décor que cet épisode allait prendre fin, au sommet d'une butte, frontière entre la forêt, une petite clairière, et un étang, la lumière de la lune illuminait cette arène. La bête prépara sa dernière charge, j'encochais 4 flèches à ma corde. Elle me fonça dessus, laissant mon corps me guider, j'effectuais une rotation le long de sa jambe ce qui me permit de me glisser derrière la bête, elle se retourna, et balança sa tête vers moi, visant mes côtes, je sauta, pris appuis sur cette tête, et m'envola à nouveau, avant de retomber délicatement dans l'herbe, elle retenta une charge et je me mis à courir vers elle, le choc était imminent, mais au dernier moment, je me laissa glisser sur le sol, passant en dessous de sa tête, banda mon arc, sa gorge était magnifiquement exposée, et se retrouva une seconde après perforée par quatre flèches. Je marchais à présent sereinement vers la forêt, une corne brisée à la main, et entendis dans mon dos, le son d'une pierre rentrant en contact dans l'eau. Cette créature sombra dans les profondeurs de l'étang, et plus personne n'en parlera jamais.