Chapitre Neuf

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JUNE

Le trajet est calme, à un tel point qu'il n'y a aucuns bruits. C'est donc le moment propice pour me plonger dans mes pensées.

J'essayais délibérément de comprendre le comportement barbant de Wesley. Je me tâte à en parler à May histoire qu'elle le remette dans le droit chemin, après tout, ça ne lui ferais aucuns mal.

Je repense à ma relation avec Chris, depuis son décès, nous faisons du sur place. Avant, nous nous entendions bien malgré les pics qu'il a l'habitude de me lancer. J'ai encore du mal à le considérer comme mon père.

Dans tous les cas, même si je sais qu'il est toujours marié à ma mère, je ne veux plus d'un homme appelé "papa" dans ma vie, mon véritable paternel m'a déjà trop déçue dans le passé. Et pour rien au monde je souhaite à quelqu'un de vivre l'abandon d'un père.

Le mien n'était là que par pur intérêt, pour lui l'argent était supérieur à la famille et son comportement envers nous dépendait de son humeur. Ma mère et moi n'étions à ses yeux rien de plus que de simples erreurs.

Pourtant, avec Chris c'était différents, j'avais réussis à établir de bons liens avec lui, il m'a fait découvrir tant de choses. À la différence de mon véritable père que je caractérise d'enflure qui mérite de vivre l'enfer que nous avons dû supporter en sa présence.

D'un coup, le bus s'arrête net et je me retrouve propulser sur Isaac qui est tranquillement en train de dormir la tête appuyer sur le siège. Les rayons du soleils arrivent sur son visage à présent éclairé, ce qui laisse ressortir de grosses cernes. Et c'est étrange car depuis que je le connais il n'a jamais eu une tête aussi fatiguée.

Je présume qu'il a passer une mauvaise nuit, ça arrive à tout le monde.

D'ailleurs pourquoi je m'inquiète pour lui ? Auparavant, je me suis jamais fait de soucis pour une personne que je connais depuis à peine trois semaines ? Il faut croire que les choses changent.

Je décide d'écarter mes pensée et lui fait une petite tape sur la joue pour le réveiller. Mais rien, ses yeux restent clos, et quelques mèches de cheveux noirs tombent sur son front.

Je décide de lui redonner une toute petite claque, ce qui le réveille en sursaut et nos visages se retrouvent désormais à quelques centimètres, pour ne pas dire quelques millimètres. Je m'éloigne et lui lance un long regard.

⎯     Enfin, j'ai cru que j'allais passer l'éternité à t'attendre.

⎯    Tu as même quelques cheveux blancs qui sont apparues, dit-il grand sourire en mettant une de mes mèches derrière mon oreille. Son visage effleure ma joue, je me sens rougir. 

⎯     Très drôle tu vas m'en sortir combien de blagues comme ça, je demande avant de lever les yeux au ciel.

⎯    Jusqu'à ce que tu ne puisse plus t'arrêter de rigoler. Il marque une pause, s'étire et me dit, on y vas ?

Il a le sens de l'humour à ce que je constate..

J'acquiesce, puis nous descendons du bus pour rejoindre la boutique du surf avec qui nous avions fait l'activité l'autre jours. Une fois équipé, les autres se lancent alors que moi je reste à contempler les vagues. Isaac s'élance et je l'observe fascinée par sa facilité à dompter les vagues, on dirait qu'il est née pour le surf et que les vagues ont été conçues spécialement pour lui.

Après un moment, il apparaît afin de s'asseoir à mes côtés. Sa cuisse touche la mienne. Mon cœur manque de faire un bond. 

Je déteste le contact, seulement avec lui c'est totalement différent, j'en demanderai presque.

⎯    Tu as une aisance folle sur ta planche, je m'exclame ! Depuis quand pratiques-tu ce sport ?

⎯    J'ai toujours aimer le surf, quand j'étais petit je me suis dit que je voulais vivre de cette passion. Puis au fur et à mesure en grandissant j'ai commencé à m'entrainer tous les week-end pour mieux me préparer aux compétitions.

Il fait une courte pause, humecte ses lèvres puis reprend.

 ⎯    Mon père est un grand professionnel de surf, alors j'ai toujours pu compter sur son savoir faire. Il y a pas longtemps avant mon arrivée ici, j'ai passé les sélections, et si j'ai réussis, l'été prochain je participe au Championnat des dix-sept - vingt ans.

⎯     Honnêtement tu mérites d'avoir ta chance à ce championnat. Tu fais du surf comme si c'était un jeux d'enfant, comme s'il suffisait de monter sur la planche et de se laisser guider par les vagues. En te regardant j'ai constaté que tu étais joyeux, heureux et je suis jalouse de ça, car je n'ai jamais réussis à m'épanouir autant dans un sport. Depuis quelques années, j'ai perdue ma joie de vivre. Je n'ai tout simplement plus l'envie d'avancer.

" Non June, ne parle pas de toi ", " tu fais fuir les gens à force de tout ramener à toi " m'avait-il répété en boucle durant des heures.
" papa laisse-moi " .

⎯     Certaines personnes ont plus de facilités que d'autres dans ce domaine. Mais crois-moi, je suis persuadé que si tu me laisses t'aider, tu peux parvenir à ressentir du bonheur, de la joie. Tu as un visage magnifique, ne le gâche pas avec des larmes June. 

Il me tend sa main et me dit d'une voix rassurante. 

⎯    Prête à t'amuser et à rigoler comme tu ne l'as jamais fait ? 

J'hésite mais finis par accepter l'invitation. Celle qui, par miracle, pourra atteindre ma joie, enfouie depuis trop longtemps.

Nous commençons doucement par des exercices afin de travailler mon équilibre, ce qui n'est pas gagné pour une maladroite comme moi.

⎯    Essaie de plier un peu les jambes, ça pourrait t'être utile, me conseil Isaac. 

Mais en vain, je tombe pour la énième fois à l'eau.

⎯    Tu étais vraiment pas loin de battre ton record. 

Avec un chronomètre, celui-ci s'amuse à compter le temps que je passe debout sans tomber sur la planche. Pour l'instant, mon record est de trente secondes montres en main. 

⎯    Je te promets que si tu arrives à une minute, ça seras merveilleux tu sera une professionnelle. 

⎯    Arrête de te moquer de moi et lance ce foutu chronomètre, je sens que cette fois est la bonne, je crie à bout de force, mais déterminée. 

⎯    Donne tout June, il m'encourage entre deux fous rires. 

⎯    Combien de temps il reste, je l'interroge. 

⎯    Vingt secondes, alors concentre-toi et regarde au loin, tes jambes ne vont pas se décrocher. Ne te focalise pas dessus !

J'acquiesce.

Je ne lâche rien. 

⎯    Lâche tout, c'est bon tu es arrivée à une minute !

Mon regard se porte dans sa direction et je tressaille de joie, bien évidemment, je finis, pour changer la tête la première dans l'eau froide de l'océan. 

⎯     Félicitation ! Dit Isaac en nageant vers moi. Tu vois que tu progresses !

    Allez viens, on va rendre le matériel et rejoindre les autres. 

Il me hisse sur la planche et nous ramène jusqu'au bord. Seulement, avant  de prendre le matériel, il me susurre à l'oreille.

⎯    Si tu as besoin de plus de cours particuliers ce serait avec le plus grand des plaisirs.

93 Raisons D'exister [ En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant