93 Raisons D'exister [ En Réécriture]

Chapitre Quatre

JUNE

Une heure plus tard, la course d'orientation touche à sa fin. Je dois reconnaître qu'après le démarrage assez long, la fin c'est légèrement mieux passer dans la mesure où Isaac et moi avons échangé sur tous et n'importe quoi. Comme par exemple, quelle est ta chanson favorite de Theweeknd, quel est ton roman, ton sport, ta couleur préférée, rien de franchement extraordinaire.

Après le repas collectif qui nous est imposé, tout le monde rentre dans son bungalow respectif afin de se reposer avant d'enchaîner sur la suite des évènements de la soirée.

La terrasse est en plein soleil, May et Alyssa somnolent sur les transats pendant que moi je rêve sur le hamac. Je repense au passé, aux moments partagés avec ma mère. Je me souviens quand l'après-midi nous avions pris la fâcheuse l'habitude de nous installer dans notre grand jardin en attendant mon beau-père.

Elle disait que pour qu'il rentre plus vite, il fallait lui préparer ses gâteaux préférés, les cookies. Finalement, c'est nous qui les mangions installés au bord de la piscine, jambes dans l'eau.

Revenue à la réalité, je décide de briser le silence accablant qui règne.

⎯    On va faire un jeu. Le but est de vous présenter chacune votre tour en répondant a des questions, comme ça on n'en saura plus.

⎯    Bonne idée ! Répondent-elle en chœur.

⎯    Alors voici la première question : avec qui vous vivez, où, quelles études faites-vous ?

⎯    Je commence, débute Alyssa enthousiaste.

⎯   On est toutes ouïes, lance May !

⎯    Je vous préviens, accrochez-vous. Je m'appelle Alyssa Weaver, je réside au Texas avec ma mère, mon frère et mes deux sœurs. Je faisais des études de droit dans un lycée jusqu'à ce que nous n'ayons malheureusement plus les moyens de les financer. Dorénavant je jongle entre barman le soir et serveuse la journée.

Elle lâche un soupir puis reprend.

⎯    À qui le tour ?

⎯    Allez je me lance, Dis-je. Je m'appelle June Hill, âgée de dix-sept ans. Je vis avec mon beau-père Chris dans une maison à New York depuis un an. Je n'ai pas de frères ni de sœurs. Et pour finir j'étudie l'art dans un des plus prestigieux lycées de Brooklyn.

⎯    Et ta mère, questionne Alyssa ?

⎯    Je ne préfère pas aborder le sujet si ça ne vous dérange pas.

⎯     Pas de soucis désolé ma question était un peu maladroite.

⎯    À mon tour, lance May. Je me présente, mademoiselle May Smith, dix sept ans, vit à Manhattan. J'étudie la littérature, rien de passionnant. J'ai un grand frère nommé Caleb, il est militaire, par conséquent je le vois que très rarement. La dernière fois que nous nous sommes vus remonte à six mois maintenant. Elle marque une longue pose puis reprend son récit de plus belle. Mon père est décédé au front, cela remonte à deux ans.. Après ça, j'ai voulu reprendre ma vie là où je l'avais laissée seulement je n'ai jamais réussi. Beaucoup de personnes pensent que je suis heureuse de par mon éternelle joie de vivre. Mais qui sait que ce n'est qu'un des multiples masques que je me force de vêtir. Toutefois, je dois admettre qu'ici je commence à être  heureuse.

⎯   Nous avons toutes des vies tumultueuses à ce que je vois, ironise Alyssa.

Elle avait raison, mais il faut voir le côté positif, nous sommes toutes ensembles et unies prêtes à prendre un nouveau départ ! Et nous y parviendrons coûte que coûte.

⎯   Oui c'est la cas de ne dire ! Maintenant deuxième question : Comment vous êtes-vous retrouver ici ? Alyssa tu commences , puis May enchaînera.

⎯   C'est ma mère qui m'a inscrite ici histoire de lâcher prise, réponds Alyssa. Et je dois reconnaître que c'était une très bonne idée !

⎯   Ma mère m'avait proposé un voyage comme celui-ci deux ans avant, mais la motivation n'était pas au rendez-vous. En revanche, cette année j'étais déterminée, alors j'ai recontacté ma mère mais en vain. Par conséquent, je me suis inscrite grâce à mon frère, souffle-t-elle.

J'ai remarque, qu'en prononçant ses mots, ses yeux marron se sont couvert d'un voile pétillant, et qu'une larme s'en est échappée. Sa voix s'est mise à trembler mais tout de suite, elle a sourit faisant mine de rien.

Maintenant que je connais sa vie, j'arrive mieux à comprendre son monologue de l'avion.

" ⎯ Crois-moi je suis passée par là moi aussi, le chemin est long, périlleux mais une chose est sûre, tu vas t'en sortir ! Avec une touche d'optimisme, et quelques efforts, le tour est joué. Profites et surtout ne réfléchis pas, laisses-toi guider, et tu verras ! "

⎯   Et toi June ? Lance Alyssa. Qui t'a inscrite ?

Sa voix me fait sortir de mes pensées et je réplique aussitôt.

⎯   Mon beau-père, il voulait que je sorte de mon quotidien, et que je prenne de nouveau goût à la vie. Au départ je ne voulais pas mais après réflexion je pense qu'il faut saisir chaque opportunités que la vie nous offre.

⎯   Exactement ! Et d'après moi, ils ont tous eu raisons de nous envoyer ici. On est adolescents, nous avons qu'une seule et unique vie donc autant en profiter un maximum avant de reprendre le lycée où l'université. Pas vrai ? Nous questionne May.

En guise de réponse, nous acquiesçons d'un signe de tête.

* *

Le temps passe, il commence à faire tard, le soleil se couche au fur et à mesure tout en laissant sa couleur jaune faire place à une teinte plus orangée.

Au programme ce soir après le repas, c'est soirée cinéma sur la plage face au magnifique paysage. Ce qui est bien ici, hormis les diverses activités, c'est que le soir, nous pouvons choisir de manger dans votre bungalow ou avec tout le monde au chalet.

Soudain, les filles me préviennent qu'elles partent manger, j'acquiesce d'un hochement de tête, et me replonge dans ma rêverie. Personnellement, je vais me contenter d'un bon vieux sandwich que ma mère me faisait quand elle était encore parmi nous.

Décidément aujourd'hui tous ce que je fais, on le faisait ensembles.

Un petit sanglot s'échappe laissant place à quelques larmes que je sèche immédiatement avant de soupirer ; la nostalgie du bon vieux temps.

Le temps où elle était encore présente.

Mais, malgré le fait qu'elle ait rejoint le paradis, je sens qu'elle veille encore sur moi, comme elle l'a toujours fait.