93 Raisons D'exister [ En Réécriture]

Chapitre Vingt

JUNE

La voix de mon beau-père retentit, je prie intérieurement pour que celui-ci ne me lance pas de pique. Car de mon côté, je me suis résigné à ne plus le faire.

⎯  June ? Je t'entends très mal, il serait préférable de se rappeler plus tard ?

Je me surprends à lui demander de rester au téléphone. Notre conversation repose essentiellement sur mes vacances au centre, notre chien Elvis et contre toute attente, sur son fils.

J'ignore comment nous en sommes arrivés à la mais Chris vient de m'avouer qu'il a bel et bien eu un enfant avant de se marier avec ma mère.

⎯  On parlera du comment du pourquoi tranquillement à la maison June. Tout ce que tu dois savoir c'est que tu as un demi-frère.

Je ne manque pas de m'étouffer. Cette révélation me fait l'effet d'un poignard planter en plein abdomen.

⎯  J'aimerais bien qu'on en parle plus tôt c'est-à-dire avant mon départ.. Si tu veux savoir, il y a un garçon qui prétend être ton fils.

⎯  Décris-le-moi.

⎯  Blond, environ un mètre quatre vingt, sportif, têtue, lourd dingue..

⎯  Wesley, dit-il.

Je m'étouffe une seconde fois. Je ne répond pas, et un blanc s'installe pendant deux minutes.

⎯  Nous n'avons jamais voulu que tu rencontres Wesley. Les choses se sont déroulées ainsi. Grâce au temps je me rend compte que ta mère et moi avons fait le mauvais choix.

Il marque une courte pause, puis enchaîne avec une voix faible.

⎯   Il était de mon devoir de t'en parler avant le départ, c'est ce qui était prévu mais il se trouve que j'en ai été incapable.

⎯   Chris..

J'essaie de parler, mais en vain les mots ne viennent pas. Tout à coup, le bruit de la voix de Chris se réduit à d'horribles grésillements.

C'est fait, la vérité vient d'être dévoilée. Il m'a laissé, encore. Ça m'étonne, car cette fois j'ai cru en un potentiel changement.

Pourtant rien n'a changé, je suis June et lui Chris, c'est mon beau-père et je suis sa "fille". Nous sommes une famille, enfin nous en étions une, avant qu'une énorme césure se crée entre nous.

Je retourne à l'endroit où nous sommes installés tout en évitant le regard d'Isaac. Après avoir glissé mon téléphone dans sa poche, je m'allonge à nouveau sur le hamac. Mes yeux se posent sur les étoiles, je les scrute tout en pensant à cet été quand sa voix brise le silence.

⎯   Je ne voudrais pas être indiscret mais qui est Chris ? Rassure-toi je ne t'en voudrais pas si tu ne réponds pas.

⎯   Chris n'est personne d'important, c'est à peine si je le considère tel que mon beau-père..

J'ai à peine le temps de finir ma phrase qu'il plaque immédiatement ses lèvres chaudes sur les miennes.

Le temps s'arrête, il n'y a plus que nous. Au fur et à mesure ses mains descendent le long de mon corps pour trouver place sur mes hanches, et la une ruée de papillons m'envahissent.

Nos respirations saccadées s'entremêlent. Je ne pense plus à rien.

Mes mains elles, s'accrochent à sa chemise de façon à ce que quand la distance entre nous devient trop élevée, je puisse le tirer et nous rapprocher. Je ne veux pas que ce moment se termine.