Prologue

8.3K 173 83
                                    

JUNE

« Au cour de notre vie, on fait des choix, cependant, le reste appartient à l'univers »

     Généralement, l'une des premières choses que l'on nous apprend dès l'enfance, c'est de se relever quand on tombe, ainsi que de garder la tête haute peu importe les circonstances. Seulement, en grandissant chacun fait le choix de le faire ou non. Si je prends mon cas pour exemple, il m'a été impossible de remonter la pente. Vous allez surement vous demander pourquoi ai-je favorisé cette option plutôt que de continuer à me battre ? Seulement par simplicité, je n'avais pas la foi de poursuivre.

Je n'arrivais pas à me dire que la personne qui m'apportait le plus de force, de joie et de bonheur au quotidien s'est éteinte du jour au lendemain. La vie l'a subitement emportée comme le vent arrache un pétale d'une rose.Certes, ce qui lui est arrivé était imprévisible, et en aucun cas je n'aurais pu agir. Cependant, cette culpabilité m'envahit et me ronge tous les jours. Vous allez surement penser que j'en fais des tonnes, mais imaginez vous vivre une seconde sans la personne qui vous a offert le plus beau cadeau; celui de la vie. Ou celle qui a fait en sorte que vous ne manquiez de rien quel qu'en soit le prix à payer. Et surtout celle qui a su vous combler de tout l'amour du monde dès votre naissance.

Suite à cet événement, j'ai commencé à m'isoler et à refouler ma souffrance sur mes amis les uns après les autres. Je pensais que prendre du recul et du temps pour réfléchir seule à ma vie m'aiderait à aller de l'avant. Mais, au lieu de ça, je me suis plongée dans une solitude profonde, c'est ce qui a donné naissance à ma dépression. Au fil du temps, je me suis bâti une carapace dans l'objectif de cacher les cicatrices que son décès à entrainer. Mais dorénavant, en échange d'un "petit" effort de ma part, tout était sur le point de changer, enfin je l'espère. Jusqu'à hier après-midi, j'ignorais encore que mon été n'allait pas se dérouler comme je l'imaginais, c'est-à-dire seule, sans encombres isolée dans ma chambre. À la place, j'allais devoir prendre l'avion, chose que je n'ai jamais faite auparavant, pour me rendre en Californie.

Là-bas, je serais logée dans un centre de vacances rénové au cœur d'un camping Californien afin d'y passer toutes les vacances dans le but de " changer d'air ".

* *

Les heures défilent à toute vitesse et le moment du départ se rapproche de plus en plus. Je demeure perdue dans mes pensées, les yeux rivés sur l'extérieur, perchée sur le rebord de ma fenêtre. Quand tout à coup, la voix rauque de mon beau-père me ramène à la réalité .

June, dépêche-toi, tu vas louper ton vol, s'exclame-t-il d'un ton impatient. Je ne te le répéterai pas dix mille fois !

J'arrive accorde-moi encore quelques minutes, répliqué-je tout en descendant les escaliers, mes deux valises à la main. Si tu m'aidais, ça irait nettement plus vite !

C'est alors que je passe devant le miroir. Je m'arrête net, histoire d'énerver Christopher, mon beau-père et prends le temps de me détailler. Mes cheveux bruns sont arrangés en une queue de cheval, mes yeux verts semblables aux siens sont cernés. Le point positif est qu'au moins, je pourrais rattraper mes heures de sommeil dans l'avion.

Jeune fille, si tu loupes cet avion, je te préviens que je n'attendrai pas une seule seconde avec toi le prochain ! Annonce à mon beau-père un poil énervé. Tu passeras ta journée à errer telle une âme en peine dans l'aéroport !

C'est si gentiment dis.. j'adore Chris pour son côté poétique. Sur cette pensée, je me mets à rigoler.

En plus tu rigoles, toujours aussi déconcertante, lâche-t-il.

En ce qui concerne l'humour, il n'est pas champion dans ce domaine.

Je te hais, je souffle tout bas.

Je jure toutes les cinq minutes en voyant l'heure tourner, puis le rejoint devant la voiture, d'un pas décidé.Le trajet se fait dans un silence absolu, chose qui n'est plus dérangeante puisque nous y sommes habitués.

Avant son décès, notre maison débordait de joie, d'amour tandis qu'à l'heure actuelle celle-ci est constamment plongée dans un silence de mort. Je ne sais pas quoi dire ni penser de la situation et de ce qui va m'arriver. Je suis mitigée. Cependant je dois reconnaître qu'à San Diego, il y aura la plage, le soleil, je pourrai donc bronzer, rêver sur le sable brûlant. Ou encore rencontrer de nouvelles personnes, chose qui s'avère compliquée pour moi. Mais, après réflexion, si tout le monde à le droit d'être heureux, pourquoi je ne peux pas l'être à mon tour ? Comme on dit, « qui ne tente rien n'a rien. » Je ne vais pas ignorer l'opportunité de sortir de mon enfer quotidien. D'autant plus que je veux vraiment sortir de cette dépression qui me retient prisonnière depuis trop longtemps.

Enfin arrivée à l'aéroport, j'extirpe ma valise du coffre, le referme, et commence à m'approcher de la fenêtre conducteur pour dire au revoir à mon beau-père.

Tu vois nous sommes dans les temps, ça ne servait à rien de paniq-..

À cet instant, j'entends un bruit de moteur retentir, je pivote sur moi-même et aperçois la voiture avancée. Prise de cours, je laisse la fin de phrase en suspend. Pitié, tous sauf ça.. Ne me dites pas que, il ne va quand même pas oser !

Sérieusement, c'est une blague, tu ne vas quand même pas me laisser en plan devant l'aéroport, crié-je en tapant sans relâche sur la carrosserie. Je te hais, continué-je, enragée !

Au lieu de s'arrêter, il accélère d'un coup et un petit nuage de poussière sort du pot d'échappement, ce qui me fait tousser. Rectification, il a osé, le culot. Je prends une dernière inspiration, puis soupire d'un ton las : Quel début d'été génial.. Hâte de découvrir ce que ce voyage me réserve. Et comme si ça ne suffisait pas, tous les passagers qui attendent dehors me dévisage sévèrement d'un air moqueur. Allez-y rigolez, ne vous gênez pas de toute façon, vaut mieux en rire qu'en pleurer.

Toutefois, à part des rires, personne ne réagit, personne ne vient vérifier si je ne suis pas perdue. À croire que c'est normal qu'une adolescente de dix-sept ans se fasse abandonner comme une ordure devant un aéroport.

93 Raisons D'exister [ En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant