Joyeux nawak et adieu dignité

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C'est un chevalier, un marina, un spectre et un guerrier divin qui devaient se retrouver dans le palais d'Asgard pour préparer les fêtes de fin d'année entre Sanctuaires. Raconté comme ça, ça sonnait comme une vieille blague de taverne entre deux chopes de bière. Et pourtant c'était devenu la tradition depuis le traité de paix entre les dieux de l'Olympe et la participation volontaire des défenseurs d'Odin depuis quelques années. À tour de rôle, chaque domaine sacré devait accueillir la divinité si possible et leurs représentants pour un banquet placé sous le signe de la joie. Et pour ce faire, un délégué de chaque partie était désigné soit au sort soit de manière arbitraire, et tous les quatre se chargeaient de tout.

Cette année donc, ce fut dans le grand nord, en Asgard que Noël allait se dérouler. Normalement ce devait être une joie pour Camus, désigné d'office par ses camarades pour se rendre dans les régions aux températures très basses en tant que chevalier d'Athéna. Normalement encore, il n'y avait aucun souci pour le Verseau qui se doutait qu'il allait y aller, que ces terres aux neiges éternelles apaisaient son cœur et son esprit et qu'il allait profiter non seulement de soirées au coin du feu avec son ami d'enfance Surt, mais aussi de la grande bibliothèque de Dame Hilda qui lui ouvrait généreusement les portes à chacune de ses venues diplomatiques. Sauf qu'il n'avait pas prévu ce léger contretemps qui lui tiraillait les intestins, l'empêchant d'avancer face à la tempête polaire.

Heureusement il n'était pas seul pour l'accompagner jusqu'au palais du dieu nordique. Milo, son compagnon le soutenait de son mieux, prenant son courage pour supporter les flocons qui arrivaient sur son visage à une vitesse vertigineuse comme s'ils le tailladaient. Lui, le Scorpion doré qui avait subi mille souffrances des années auparavant, pouvait surmonter la dizaine de centimètres de neige dans laquelle ses pieds s'enfonçaient, ce blizzard qui s'insinuait au travers de sa doudoune de randonnée et de ses trois couches de pulls polaires. Il était un valeureux chevalier et les caprices de cette nature hostile ne lui faisaient pas peur.

Par contre les menaces et les murmures à peine étouffés du Verseau à son égard...

En voyant son français de petit ami souffrir autant, il regrettait vraiment leur diner de l'avant veille. Mais est-ce qu'il avait pu prévoir cette maladresse? Lui qui d'habitude était un cuisinier hors pair qui recevait les meilleures récompenses de leurs repas en amoureux, il sentait son couple en péril, mais quelque chose de sérieux cette fois.

Milo avait toujours été fidèle, droit dans ses idéaux et envers les personnes qu'il aimait quel qu'en fut le degré et la forme. Retrouver Camus après leur retour à la vie était le plus grand bonheur qu'Athéna ait pu lui accorder en plus de la joie de voir son meilleur ami revoir son grand frère duquel il fut séparé bien trop longtemps. C'est pourquoi jamais il n'aurait fait de mal au Verseau, pas même involontairement. Mais il suffisait d'une seule fois pour que cela explose...

« Milo, on fait une pause.... fit non sans peine Camus.

-Tu es sur?

-Tu veux que je te vomisse dessus...?

Le Scorpion obéit et amena son compagnon auprès d'un arbre pour qu'il apaise ses douleurs intestinales.

-Camus, tu aurais du rester au Sanctuaire...

-Non. »

Le Verseau était très... trop têtu. Mais lorsque leur Grand Pope eut annoncé que cette année Noël se faisait en Asgard, Milo avait décelé cette étincelle dans les yeux bleu nuit de son homme, comme à chaque fois qu'il devait faire une mission dans le grand nord. C'était son bonheur à lui, son moment d'évasion dans le froid, et personne, pas même une intoxication alimentaire n'allait le clouer à son lit grec. S'il devait agoniser, ce serait avec vue sur les lacs gelés du Pôle Nord.

Tous les Saints, les OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant