Un scorpion, un français, une chèvre

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Kanon l'attendait sur cette plage, sous le Cap Sounion. Son endroit préféré. Milo aimait beaucoup passer du temps avec lui. Ils s'entendaient bien, et au fil du temps, de la paix qui régnait, leur amitié s'était renforcée toujours plus.

Le chevalier du Scorpion s'assit à côté de lui, sur une serviette de bain, légèrement envahie par le sable, mais peu importait. Il n'était pas seulement là pour bronzer, mais pour parler, profiter de l'air iodé qui effleurait leurs visages et aussi écouter la mer et les vagues qui allaient et venaient en un son apaisant.

De banalités en plaisanteries, vint le sujet de leurs vies privées.

Le frère de Saga était toujours seul, mais il s'en contentait. Son ainé roucoulait comme un adolescent avec Aiolos, et tous deux rattrapaient le temps perdu, vivant pleinement dans le bonheur.

Quant à Milo, lui aussi était heureux, ne cachant même pas cette joie d'être avec Aiolia, plus proches que jamais. Il l'aimait son Lion, et cette petite maison loin des escaliers sacrés où ils vivaient ensemble, dans la nature, proche des bois du Sanctuaire. S'ils avaient besoin de reprendre leurs fonctions de chevalier doré, ils remontaient dans leurs temples. Mais jusqu'à présent, ils jouissaient de leur vie simple, et des quelques animaux qu'ils avaient adoptés.

« C'est curieux, quand même, sortit Kanon.

-De quoi...?

-Je juge absolument pas ta relation avec Aiolia, bien au contraire. Mais j'avais entendu des trucs sur toi et Camus... Je me suis demandé si lui et toi vous aviez eu un truc...

-Non, répondit sèchement Milo.

-OK! J'imagine que c'est un sujet sensible?

-Pas du tout. C'était juste une grosse escroquerie en fait...

-Comment ça? Vous avez pourtant l'air de vous entendre, tous les deux... Et tu soutiens le jeune Hyoga aussi bien que lui...

-Je ne dis pas. Juste que Camus et moi, ça a toujours été une entente cordiale. En tant que protecteurs d'Athéna, autant lui que moi, on sera côte à côte. S'il arrive qu'une mission nous soit confiée, on la remplira en bonne et due forme. Quand il est bourré, je serai là pour le ramener jusqu'à chez lui... ou plutôt jusqu'à chez Shaka, c'est moins haut. Mais c'est tout.

-Ca reste tout de même assez froid comme amitié, si je puis dire...

Milo faillit s'étouffer en buvant son gobelet de soda en entendant la blague ratée de Kanon.

-Putain... t'étais pas obligé celle là...

-Pas fait exprès...

-Mais pour te répondre, oui, je préfère passer du temps avec toi, ou même à balayer les feuilles tombées devant ma maison avec Lia ou encore arracher les mauvaises herbes dans le jardin de Aldé plutôt que rester dans le canapé du onzième à regarder des films d'auteur.

-Il est vraiment pas drôle, alors? Pourtant Camus, quand il a plusieurs verres dans le pif, c'est le premier à beugler des chansons françaises et tout.

-J'ai de ces dossiers sur lui... confia Milo.

-Mon cher, ou tu en as trop dit, ou pas assez là!

-Tu ne le sais peut-être pas pas... je suis sorti avec Camus...

-Ah, non, tu me l'apprends, là, s'étonna Kanon

-Enfin, on a essayé, mais ce fut un bide monumental.

-Il t'a jeté?

-En fait, on ne savait pas trop comment faire. C'était avant tout ce bordel qui a été mis au Sanctuaire à cause de la folie de ton frère, à l'époque. On venait d'avoir 18ans, et on avait envie d'essayer, juste comme ça. Quand tu sais que tu es destiné à mener une guerre dans l'absolu au cours de laquelle tu risques d'y laisser ta vie, dans certains moments de faiblesse, tu t'égares. Vois Death Mask qui peut pas tenir une journée sans se finir un paquet de clopes... Bref. Une fois, Camus était rentré au Sanctuaire, entre deux entrainements de Hyoga et on s'était promis à son retour qu'on s'embrasserait, d'un vrai baiser, pas d'un petit truc à se toucher les lèvres vite fait. J'étais à la fois impatient et nerveux, mais quand j'avais appris son retour dans le temple du Verseau, j'y suis allé sans réfléchir. J'étais persuadé que ça serait extraordinaire, et qui sait, si on passait au delà de la guerre, on aurait pu envisager de se mettre ensemble vraiment, et non par désespoir. J'étais vraiment jeune et stupide...

Tous les Saints, les OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant