ROSE ROUGE

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CHAPITRE 5 : rose rouge

Mardi 21 avril

Aujourd'hui je partis relativement tôt à la salle de repos afin de ne pas croiser Mister Jack Frost, ( ouais c'était ridicule comme surnom ), après ce qui s'était passé, je pense que je mourais de honte si je le croisais. Je m'étais assis tranquillement sur un fauteuil et lisais un livre que j'avais trouvé dans ma valise. C'était bien, c'était calme et reposant. Quelques vieilles personnes papotaient à côté et quelques infirmiers passaient de temps en temps pour demander de nos nouvelles et vérifier que tout allait bien.

"Hum… salut."

Je relevai innocemment la tête et vis un mec tellement canon posé en face de moi avec un sourire à craquer. Attends quoi ! J'écarquillai les yeux et paniquai légèrement beaucoup. Mister Jack Frost se tenait debout devant moi en me dévisageant.

"Hum… Je peux m'asseoir ?"

Je le regardai fixement droit dans les yeux tandis que tout s'embrouillait dans ma tête, je restai fixe comme un con devant lui, incapable de dire un seul mot et le cœur proche de l'infarctus. Même ses cils étaient blanc et je trouvais ça super hypnotisant. Il me montra le siège de ses yeux bleus coruscants m'incitant à donner mon accord pour qu'il puisse s'installer à côté de moi.

"Ah heu oui ! Oui bien sûr. Fis-je en replongeant ma tête dans mon bouquin afin de cacher mes joues rosies.

-Tu lis quoi ? Demanda-t-il après un moment de blanc avec une voix grave et douce.

-Heu un livre. Répondis-je trop gêné de répondre la vérité.

-Et ça parle de quoi ? Questionna-t-il en se penchant légèrement vers moi afin d'essayer de lire les lignes noires tâchant la blancheur de la page.

-Ah heu, bah… Bégayais-je en cachant le contenu. C'est de la dark, un peu spécial comme récit. Une histoire d'amour avec plein de trahison et de secret, bref plein de trucs nunuche comme ça quoi mais pas vraiment à l'eau de rose…

-Oh d'accord. Sinon c'est quoi ton prénom ?

-E-Eden.

-J'aime beaucoup, c'est comme le jardin d'Eden.

-Merci.

-Moi c'est Tenshi mais mes amis m'appellent Ten-Ten.

-Je sais. Dis-je sans faire exprès. Heu non ! Hein quoi ? J'veux dire… C'est pas un nom français ?"

Il me fixa longuement. J'avais envie de m'enterrer six pieds sous terre. Quel con j'étais. Je tournai la tête vers lui, de manière hésitante, et plongeai mes yeux noisettes dans les siens.

"Non c'est japonais. Ma mère est japonaise et elle avait toujours voulu partir au Japon pour revoir sa famille, mais elle n'a jamais pu. Et du coup me donner un prénom de son origine la consolait un peu même si mon père préférait un nom français pour que je m'intègre mieux. Répondit-il finalement en fixant les passants à l'allure lente.

-Oh d'accord. Hum… Je me demandais, c'est tes vrais cheveux ou c'est juste une coloration ?

-C'est mes vrais cheveux. Je suis albinos, comme on peut le voir. A part que je ne supporte pas vraiment le soleil, je trouve ça super cool. Ce n'est pas du tout artificiel. Vas-y touche." Proposa-t-il en aiguisant un petit sourire.

C'est vrai que j'en mourrais d'envie, mais je ne savais pas si je pouvais vraiment le faire. Je levai légèrement ma main, qui resta en suspens quelques secondes dans le vide, puis remonta jusqu'au-dessus de ses mèches blanches. J'hésitai encore un peu, puis passa faiblement mes doigts dans ses cheveux.

Ils étaient doux. Brillant. Soyeux. Fin. Agréable à toucher. Beaucoup trop agréable. Je mis un peu plus de volonté et d'envie dans mes mouvements, m'ébaudissant de cet acte, et me laissai aller en fixant de façon désireuse ses beaux cheveux. Je caressai sa tête, presque de façon érotique lénifiant mon angoisse et ma gène. Non voulu bien sûr ! J'étais juste, obnubilé par cet individu, sa beauté à mes yeux était alliciante et son comportement vraiment contradictoire entre ses yeux sévères, dénués de sentiments et d'humour et son caractère bavard et euphorique m'intriguais énormément.

Il souffla légèrement, je ne sais pas si c'était un souffle amusé ou de satisfaction, mais il me fit revenir à la réalité. Je me rendis compte que mon geste était largement déplacé, et me levai subitement avant de déguerpir aussi vite qu'un guépard.

"Eden ? Où tu vas ? Demanda-t-il en se levant, surpris.

-Je… Désolé j'ai une séance avec ma kiné." Inventai-je avant de sortir de son champ de vision.

Je trottinai rapidement jusqu'à ma chambre avant de venir me cacher sous mes draps, tel un enfant de trois ans. Le tissu enroulé autour de mon corps me réconfortait. J'étais totalement con. Pourquoi je m'étais laissé aller comme ça ? Je jurai en battant des pieds puis sortis la tête de mes draps en cherchant mon livre du regard. Et merde. Je l'avais laissé là bas. Je fis la moue et écrasai ma tête dans mon oreiller en m'insultant moi même.

***

Je me réveillai en sursaut totalement à côté de la plaque, les cheveux en bataille et la salive au coin de la bouche. Depuis quand je m'endormais sans même m'en rendre compte ? Je ne pensais pas que les médicaments m'affaibliraient autant. Je me levai et parti deux petites minutes à la fenêtre où le soleil tapait violemment dessus. J'ouvris le loquet et inspira fortement la petite brise printanière, ça sentait les fleurs sauvages et les pins. Je voyais le parc en face de l'hôpital, je pense que c'était moi qui avait la plus belle vue de tous, c'était très vert avec beaucoup d'arbres et de fleurs de toutes les couleurs. Je me recoiffai et remarquai une rose rouge et mon livre qui résidaient sur le côté de ma fenêtre me surprenant un peu. Je la pris délicatement et vis un mot écrit sur un bout de papier, posé en dessous. Je l'ouvrit et lu la belle écriture faite au stylo bleu :

"Salut, je suis vraiment désolé de t'avoir fait fuir tout à l'heure. C'est juste que je ne suis pas super habitué à parler aux gens. Mais bref, je t'ai offert cette rose, j'espère qu'elle te plaît. Rejoins moi demain à 14h sur le toit.

PS : tu ressembles à un bébé quand tu dors.

Ten-Ten"

Mon cœur loupa un battement à ces mots. Il était entré dans ma chambre et m'avait observé dormir, c'est très angoissant mais tellement mignon à la fois. En plus, il offrait des fleurs, c'était définitivement l'homme de ma vie et j'avais un date avec lui. Ce n'était pas vraiment un date mais on s'en foutait, un beau garçon m'avait quand même proposé un rendez-vous.
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~Anissa~

Qui sont les vivants ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant