ATTENTE

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CHAPITRE 11 : attente

Dimanche 25 avril

Trois heures sonnait sur mon téléphone, ma sœur était rentrée à la maison se préparer mentalement de l'excuse qu'elle allait donner à ma mère après avoir séché les cours. Moi, je fixais toujours le jardin, espérant de l'apercevoir en bas. Ne sachant pas si je devais partir le rejoindre ou l'ignorer pour lui montrer qu'il m'avait brisé le cœur.

Je décidai de me lever et de passer à la salle de repos afin de me changer les idées et le sortir de ma tête. J'arrivai dans le petit renfoncement et salua les personnes qui s'y trouvaient déjà. La petite Inès du premier jour s'approcha de moi avec une autre enfant, la petite aux cheveux blancs de la dernière fois.

"Coucou ! S'exclama-t-elle en faisant de grands signes avec ses petites mains blanches. Il est où Ten-Ten ?

-Tenshi ? Je crois qu'il est dehors dans le parc à côté.

-Zut zut zut ! Je voulais le voir. Il m'avait promis de faire l'avion avec moi.

-Inès."

La fille aux cheveux blancs s'approcha d'elle en lui touchant l'épaule. Elle me fixa de ses yeux noirs, deux grosses iris sombres dégageant une drôle d'aura, ils faisaient même un peu peur vu la clarté du reste de son physique. Elle avait l'air sage, trop sage pour son âge, s'en était même un peu effrayant. Elle lui chuchota un truc à l'oreille et Inès me fis un petit coucou avant de partir en courant avec la deuxième petite fille dans les longs couloirs lumineux. Je trouvais qu'elle avait la même lueur dans son regard que celui de Tenshi.

Je repensai à ses yeux pâles, j'avais envie de les revoir et les sentir se poser sur moi en portant attention à chacun de mes mouvements. Je soufflai et lâchai un petit sourire béat avant de sortir de cet hôpital. Je suis tellement naïf putain.

C'était la première fois que je sortais, et je crois que je n'en avais pas réellement le droit. Le soleil tapait sur ma peau translucide en me brûlant les rétines. Je posai fermement mon pied sur le béton et m'éloignai avec appréhension du bâtiment. Je ne savais pas vraiment où aller, s'il m'attendait et si je devais finalement le rejoindre.

L'odeur de carburant emplissait mes narines, ça changeait de celle du désinfectant. Je m'avançai en suivant les vieux panneaux pourris et salis par la poussière qui indiquaient la direction du parc. Je ne marchai que quelques petites minutes avant d'entrer sur un sentier de sable où de multiples mauvaises herbes tâchaient la blancheur du sol. J'y allais clairement à l'aveugle, me perdant entre les buissons et les plantes, croisant des gens un peu chelous qui trainaient ou d'autres patients que j'avais déjà vu auparavant. Je remarquai l'emplacement de ma chambre, je me trouvais sous ma fenêtre et on voyait de l'extérieur l'amas de bouquets de fleurs blanches que ma mère m'offrait chaque jour. Je ne comprenais pas vraiment son délire mais ça lui faisait plaisir apparemment, alors je la laissais faire.

Je me sentais un peu seul finalement, le silence me pesait un peu sur les épaules et la fatigue commençait à se faire ressentir. Je ne pensais pas que la marche m'affaiblirait autant. Je me posai sur le banc le plus proche, le fer noir me brûla les mains et les cuisses à leur contact. Le soleil tapait énormément aujourd'hui, mais je crois bien qu'il n'en sera pas de même pour la semaine suivante, même si j'espérais. J'attendis patiemment sur ce banc, il allait arriver, il ne me laisserait pas tomber.

Les heures s'enchaînèrent. Quatre heures de l'après-midi étaient passées rapidement, mes yeux connaissaient maintenant chaque détail de ce lieux, j'avais observé chaques passagers qui apparaissaient dans mon champ de vision et mes ongles avaient pris un sal coup à cause de l'angoisse. Cinq heures étaient passées lentement, un état morose s'était emparé de moi, je commençais à ne plus espérer, je fixais juste le vide en attendant qu'il se passe quelque chose, le ciel s'était assombri sous les gros nuages blancs. Six heures n'allait pas tarder, l'heure de manger et l'heure de rentrer.

Qui sont les vivants ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant