CHAPITRE 14 : t'es jaloux ?
Mardi 27 avril
Je descendis du tapis roulant après six minutes de marche et m'installa sur une chaise. La kiné m'osculta et hocha positivement la tête en rentrant les données dans son petit carnet bleu. Aujourd'hui était le grand jour, j'allais enfin enlever mes points de suture et découvrir officiellement la tête de ma cicatrice.
Je passai voir le médecin juste après, ma mère et ma sœur étaient aussi présentes. L'homme enleva soigneusement chacun des bandages qui recouvraient mon torse, puis désinfecta ma peau blanche. Il enleva un à un les fils traversant ma chaire, ces fils qui soudaient une plaie étrange, une blessure qui ne devrait pas être. J'aurais dû mourir ce soir-là.
Une fois le travail fini, je me levai et le médecin me plaça devant un grand miroir. Je tournai mon corps afin de mettre en valeur mon profil droit. Une longue cicatrice partait de mes omoplates jusqu'à sous ma poitrine, elle était encore un peu gonflée et était de toutes les couleurs, rose, rouge, bleue, violette, verte et jaune. Je passai mes doigts sur ma peau mutilée en prenant une grande inspiration. Là dedans, il y avait le poumon de quelqu'un d'autre, une personne décédée. À vrai dire, je trouvais cette situation glauque et c'était aussi pour cela que j'avais choisi de ne pas savoir l'identité du mystérieux donneur.
Le médecin me répéta qu'elle était très jolie et bien faite, "un travail de pro" disait-il. J'hochais faiblement la tête en faisant un faux sourire cachant de mon mieux mon hypophrénie, moi je ne l'aimais pas. Je me demandais si Tenshi la trouverait cool, bien sûr qu'il penserait ça. Un petit sourire orna mon visage, il fallait que je la lui montre tout à l'heure.
Je retournai peu après à ma chambre avec ma famille. Je lâchai un petit soupir en voyant toutes ces fleurs blanches entassées. Je me tournai lentement vers ma mère avec un sourire en coin et la toisai longuement.
"Pourquoi autant de fleurs ? Demandai-je simplement en faisant un mouvement lassé de mes bras.
-Ça donne plus de vie à cette chambre. Répondit-elle en les fixant.
-Oui mais tu en abuses un peu… Tu n'as cas racheter le fleuriste ça ira plus vite.
-J'ai dis la même chose mais elle ne m'a pas écouté. Répliqua Stella.
-Maman je suis pressé de rentrer à la maison."
Elle posa ses yeux noisettes sur moi et me prit tendrement dans ses bras. Elle me chuchota que j'y serais bientôt tout en caressant mes bouclettes.
***
J'ouvris lentement les yeux avant de les refermer. Je m'étais encore endormie sans même m'en rendre compte. Une sensation agréable me prit soudainement l'ensemble de mon corps en stagnant dans mon ventre et je souriai bêtement. Je sentis une main caresser ma jambe en dessinant des formes aléatoires sur ma peau, j'ouvris subitement les yeux en me rendant compte que ce n'était pas normal. Je tombai nez à nez avec Tenshi qui était assis par terre, la tête plongée sur mes jambes en respirant profondément.
J'avais donné rendez-vous à Tenshi dans ma chambre cet après-midi, j'étais impatient de le voir et il faudrait avouer qu'il m'avait un peu manqué.
Il m'avait énormément manqué.
Je coupai ma respiration, mon cœur battait affreusement vite dans ma poitrine, je ne savais pas quoi faire. Je me contentai de faire la statue en fixant ses moindres détails, il était magnifique. Il fallait absolument que je fasse aucun mouvement, il était réveillé et si je laissais un seul signe qui prouvait que j'étais moi aussi éveillé, je pense que je mourrais de honte. Je n'eus pas le temps de faire un seul geste que je sentis son nez se frotter contre ma peau avant de tourner son visage vers moi.
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Qui sont les vivants ?
RomantizmÊtre à l'apogée de son cancer et y survivre miraculeusement... N'est-ce pas trop beau pour être vrai... ? Un petit roman à première vue simple et sans importance mais qui cache au fond un réel secret. Eden, un jeune cancéreux de 17 ans survie miracu...