Chapitre 3 - Je suis un monstre

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Ça faisait déjà un bon moment qu'Itachi s'était joint à l'ANBU. Depuis qu'il en faisait partie, je le trouvais changé et ça m'inquiétait plus que je ne daignais lui démontrer. Il n'était plus que l'ombre de lui-même, les yeux constamment tristes et l'air toujours grave. Lui qui était de nature taciturne,  était maintenant presque complètement muet et avait développé une tendance à s'isoler. Je ne connaissais pas la teneur de tout ce qu'il faisait, car tout était bien entendu confidentiel, mais je détestais le voir dans cet état. Toutefois, mes maigres arguments pour le convaincre de quitter les forces spéciales pour redevenir un simple chûnin ne pesaient pas lourd contre ceux du Hokage, qui semblait apprécier grandement ses services.

À cause de ses missions perpétuelles, on se voyait encore moins qu'avant, mais je comprenais parfaitement qu'il avait maintenant bien plus d'obligations qu'auparavant. Ainsi, quand nous réussissions à nous voir, nous profitions et appréciions davantage chaque instant. De mon côté, passer moins de temps avec lui me permettait d'aider mes parents à la boulangerie. Quelque temps auparavant, notre principal concurrent avait dû augmenter ses prix à cause de difficultés financières. L'effet inverse s'était produit; comme nous demandions moins cher que lui, nous avions récupéré la majorité de sa clientèle et nous croulions sous le travail. Les commandes et les clients affluaient, les affaires allaient bon train et mes parents avaient grand besoin d'aide pour répondre à la forte demande.

Parfois, en finissant l'école, j'allais visiter les Uchiwa même si Itachi était absent. Ses parents étaient toujours heureux de me recevoir et Sasuke souhaitait souvent me montrer les progrès qu'il faisait. Le pauvre était déçu qu'Itachi ne puisse pas lui apprendre davantage de choses et passer plus de temps avec lui, mais j'aimais croire que je faisais, en quelque sorte, office de placebo en attendant le retour de son grand frère chéri. De toute façon, ça me plaisait bien de le voir évoluer à une vitesse incroyable pour un gosse de son âge. Ce petit irait loin.

Néanmoins, à quelques reprises, j'avais vu les parents d'Itachi et de Sasuke aller s'enfermer dans une pièce avec d'autres membres de leur clan. Leurs messes basses me parvenaient parfois aux oreilles, mais à cause de mon grand respect pour cette famille qui m'avait tant donné, je m'empressais de sortir de la maison avant d'en entendre trop et j'entraînais Sasuke à ma suite. Ce qu'ils complotaient ne nous concernait et ne nous intéressait en aucune façon.

En cette belle soirée, la pleine lune, magnifique, éclairait le village de sa lumière argentée et l'on y voyait comme en plein jour. Je venais enfin de sortir de la boutique de mon père. Ce soir-là, j'avais dû rester plus tard qu'à l'habitude afin de préparer une commande spéciale de gâteaux qui devait être prête pour le lendemain matin. Mon père, en bon zélé qu'il était, avait tenu à rester plus longtemps encore pour prendre le temps de tout finaliser, mais m'avait ordonné de partir à la maison. En marchant d'un pas lent, je me dirigeais vers chez moi, contemplant rêveusement la voûte étoilée. Depuis la fin de l'après-midi, un mauvais pressentiment m'oppressait la poitrine, m'étouffant presque. Cette appréhension, à mesure que passait la soirée, ne faisait que s'empirer. Je n'arrivais pas à m'expliquer ce qui se passait, mais je n'aimais pas ça du tout.

En tripotant nerveusement la bague des Uchiwa qui se trouvait toujours à mon majeur droit, je pénétrai dans le vestibule, me déchaussai en saluant ma mère qui s'apprêtait à aller dormir et me dirigeai rapidement vers ma chambre afin d'aller récupérer des vêtements de nuit propres. Pressée de me débarrasser de l'odeur de pain qui me collait à la peau, je me dépêchai d'aller à la salle de bain qui se trouvait à l'étage afin de me doucher.

L'eau chaude et bénéfique qui se mit à couler sur mon corps m'apaisa au plus haut point. Je pris tout mon temps, me prélassant et me délectant de ce moment. Toutefois, le malaise qui m'habitait depuis tout à l'heure ne cessait de croître en moi et me faisait sentir comme si le monde était sur le point de s'écrouler, m'empêchant de profiter pleinement de l'instant.

The Night Raven (Itachi x Reader x Kakashi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant