Chapitre 11 - Mon ange descendu du ciel

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J'avais dépassé les limites.

Et de loin.

Toutes les barrières que j'avais érigées autour de moi, au cours de ma vie entière, avaient volé en éclats à l'instant précis où j'avais atteint l'apothéose de l'amour que je lui portais. Et le pire, dans tout ça, c'est que malgré mon abominable égoïsme envers l'une des personnes les plus chères à mon cœur, je n'arrivais même pas à me sentir coupable ou à regretter.

Lorsque Kisame était venu me voir et m'avait rapporté d'un ton plutôt cassant les paroles de T/P, j'avais ressenti une pointe d'exaspération entremêlée d'amusement et d'attendrissement. Sans même en avoir conscience, elle avait toujours réussi à faire de moi tout ce qu'elle voulait, ou presque. Et force m'était d'admettre que rien n'avait changé depuis que j'avais quitté Konoha. Cette fille était la seule personne au monde qui avait une telle emprise sur moi. Dès qu'elle me regardait, c'était à croire que j'étais victime d'un genjutsu encore plus puissant que le mien tant j'étais à sa merci. C'était parfaitement ridicule, paroxysme de l'ironie qui plus est.

Lorsque j'étais gamin, je mettais cela sur le compte de l'importante amitié qui nous unissait. Mais plus tard, quand Madara m'avait expliqué que le cœur maudit des Uchiwa avait tendance à aimer trop profondément et trop passionnément, un déclic s'était fait dans mon esprit. Ça n'avait jamais été que de l'amitié. J'étais fou amoureux d'elle, et ce, depuis le moment où elle s'était assise face à moi, près du saule pleureur au parc où j'avais l'habitude d'aller. Je me souvenais de notre rencontre comme si c'était hier. Elle s'était mise à dessiner des oiseaux, un soleil, un nuage, des fleurs et un arbre près de mes sinistres bonshommes décédés. Lorsque mes yeux s'étaient finalement posés sur elle, j'avais aperçu une éblouissante aura blanche tout autour de sa tête, et j'avais même cru, pendant un instant, que cette fille était un ange descendu du ciel. J'avais immédiatement éprouvé une fascination renversante pour elle. Elle dégageait une telle innocence, une telle douceur et une telle joie de vivre que j'en avais été tout à fait bouleversé. Et dès l'instant où elle m'avait souri, mon sort avait été scellé. Ce jour-là, j'étais tombé éperdument amoureux de T/P T/N avant même d'avoir l'âge de comprendre ce qu'était l'amour.

Tout au fond de moi, en écoutant les paroles agacées de Kisame face aux lamentations de mon amie d'enfance, je savais que je ne devais pas céder à son caprice. Elle devait absolument comprendre qu'entre elle et moi, c'était terminé avant même d'avoir réellement commencé.

En exterminant mon propre clan, j'avais, indirectement et implicitement, tranché les liens qui m'unissaient à Sasuke et à T/P. Je n'étais désormais qu'une relique de son passé qu'elle était en droit de haïr ou de chérir, à sa guise. Mais voilà, j'avais été faible. Un véritable lâche. Car lorsque j'avais compris à quel point ma santé déclinait; lorsque j'avais compris qu'il ne me restait que quelques années à vivre; lorsque j'avais compris que j'allais devenir intrinsèquement lié à la médication pour survivre et que j'aurais besoin d'aide pour me procurer ladite médication, un seul visage avait primé sur tout le reste dans mon esprit. Celui de T/P.

Pourtant, j'avais bien conscience que je commettais une irréparable erreur en revenant vers elle comme ça. À travers mes corbeaux, je l'avais vue évoluer au fil des ans. Je savais à quel point elle vivait mal mon absence et ma trahison, au même titre que Sasuke qui ne rêvait que du moment où il me tuerait pour assouvir sa vengeance. Mais contrairement à mon petit frère, T/P avait réussi à surmonter sa colère et à se libérer des griffes amères de la haine. Elle avait souffert par ma faute et elle commençait à peine à voir la lumière au bout du tunnel lorsque j'avais eu le diagnostic de ma maladie incurable. Et c'est exactement pour ça que jamais je n'aurais dû réapparaître dans sa vie. Comme un pauvre abruti, j'avais cédé aux élans amoureux de mon cœur et j'étais revenu vers elle pile au moment où elle semblait s'en sortir. Et je l'avais fait rechuter, l'entraînant avec moi tout au fond du gouffre.

The Night Raven (Itachi x Reader x Kakashi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant