Chapitre 5 (2/2)

121 24 115
                                    

     – Comme Rhen ne savait pas trop où aller, continua-t-elle en se tournant vers nous, je lui aie proposé de m'accompagner pour le reste de mon périple. J'en ai profité pour le rallonger un peu, ajouta-t-elle avec malice en nous faisant un clin d'œil qui fit rire mes sœurs. Nous avons donc pris la direction de Polaris dans les Terres de Chioné. J'avais à faire là-bas, expliqua-t-elle en fouillant dans son sac, et nous en avons profité pour visiter un peu. Les lacs gelés de Polaris sont parmi les plus beaux. Mais lorsque les aurores boréales qui s'y reflètent, cela devient tout bonnement magnifique.

     Elle sortit enfin un ourson en peluche qu'elle plaça fièrement devant Liam.

     – C'est pour moi ? demanda-t-il plein d'espoir.

     Elle opina. Liam prit timidement l'ourson et l'étudia avec attention. De bonne taille, il était blanc comme la neige. Ses petits yeux bleus brillaient comme des saphirs alors qu'un ruban de velours couleur de nuit était joliment noué autour de son cou. Liam passa de longues secondes à le scruter, puis, après un hochement de tête, décida qu'il lui plaisait et le serra fort dans ses bras. Presque aussitôt, ses yeux s'écarquillèrent et il sautilla sur son siège.

     – Il est tout doux ! s'extasia-t-il. Il est tout doux ! Merci tante Vitali !

     Meryl m'avait appris que les Terres de Chioné étaient connues pour ses manufactures de textile. Les tissus et les fourrures qu'ils produisaient étaient d'une telle qualité qu'ils se vendaient à prix d'or. En outre, l'ourson en peluche dans les bras de Liam était de ces articles de haute qualité que les habitants de l'Hiver affectionnaient tant.

     Calista, qui était la seule à ne rien avoir reçu, commençait à s'impatienter dans son coin mais n'osait pas dire un mot. De quoi aurait-elle eu l'air devant notre invité ? De la petite fille capricieuse et gâtée qu'elle est restée, me répondit une petite voix fielleuse.

     – Qu'avais-tu à faire à Polaris ? demanda Marietta alors que Liam – qui avait complètement oublié le monde autour de lui, venait me présenter son ourson.

     – Je devais y rencontrer un ami, nous apprit Vitali. Un joaillier de talent à qui j'avais passé commande il y a un moment.

     Et de son sac elle sortit un écrin qu'elle tendit à Calista. Pour le coup, ma sœur sembla prise au dépourvu et reçut le coffret avec appréhension. Après un regard timide à notre tante, elle l'ouvrit et découvrit la plus belle parure de rubis et de diamants qu'elle ait jamais vu, si belle qu'elle en resta sans voix.

     – Il me semble me souvenir que tu te plaignais de n'avoir aucun bijou pour aller avec ta jolie robe rose du Jour des Cœurs.

     Calista ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Le rouge commençait à lui monter aux joues.

     Le Jour des Cœurs était le premier jour du règne d'Amore, une fête où l'on célébrait la déesse et où les amoureux du monde entier s'offraient des présents. Un grand bal était organisé en ville et de nombreuses déclarations étaient faites ce jour-là. Calista en recevait généralement au moins une dizaine tous les ans.

     J'avais toujours trouvé fascinant le fait que ma sœur soit précisément née ce jour-là, comme si son monde ne tournait vraiment qu'autour de l'amour.

     – Je... C'est beaucoup trop... balbutia-t-elle. Enfin...

     – Je ne le reprendrai pas, prévint très sereinement Vitali en piquant un biscuit. Il s'agit d'ailleurs de ton cadeau d'anniversaire. Très en retard, je te l'accorde et j'en suis profondément navrée, mais il s'avère que mon ami joaillier est un tantinet perfectionniste. Et en apprenant à qui je destinais ce sublime cadeau il tenait à ce que tout soit parfait.

De Rêve et de CauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant