Chapitre 7

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     – Bonne nuit, Liam.

     Mon frère bailla et se retourna dans ses draps, un sourire fatigué aux lèvres.

     – Bonne nuit...

     Je refermai la porte.

     Dans le couloir, je croisai Meryl qui montait, un nouveau livre sous le bras. Celui-ci semblait encore plus épais que le précédent.

     – Tu as déjà fini celui sur l'alchimie ? demandai-je, surprise.

     Le regard de ma sœur alterna entre son livre et moi. Elle sembla soudain gênée. Je lui souris.

     – Décidément, tu lis à une vitesse... Je parie que la bibliothèque du Temple d'Ionia ne pourrait pas être assez remplie pour toi.

     À cette évocation, le regard de Meryl s'illumina et un sourire contagieux vint étirer ses lèvres. Ma petite sœur rêvait depuis des années de faire le tour des bibliothèques du pays, mais celle du temple de la Déesse de la Sagesse demeurait sa favorite. Meryl étant née sous son égide, cela ne m'étonnait guère.

     – Pas sûr, répondit-elle alors. Il parait qu'elle contient plus de livres que la bibliothèque d'Ionia elle-même ! J'ai lu que la déesse venait y entreposer ses plus précieux ouvrages !

     – Pourquoi une déesse entreposerait-elle ses biens les plus précieux dans le monde des mortels ? demandai-je perplexe.

     – Bah, parce que lorsqu'elle ne règne pas sur le ciel, elle s'occupe du Sanctuaire, pardi.

     Évidemment... Je me sentis un peu bête. Il était pourtant de notoriété que la Déesse de la Sagesse délaissait son titre pour s'occuper des enfants des Dieux dans le Sanctuaire. J'aurais dû le savoir. Et, en voyant le regard que ma sœur me lançait, je sentis qu'il allait falloir que je revoie sérieusement mes cours de mythologie...

      Je secouai la tête et vins l'embrasser sur la tempe.

     – Tache de ne pas te coucher trop tard.

     – Promis. Bonne nuit, Adaline !

     Et elle disparut dans sa chambre.

     En me retournant vers celle des jumelles, d'où s'échappaient des murmures sonores, je découvris Marietta qui se disputait avec elles.

     Encore.

     Je soupirai.

     Les travaux avaient à peine commencé. Gideon s'était chargé de déblayer une grande partie des décombres avec les filles – que père avait contraintes à l'aider. En outre, la pièce se retrouva rapidement dépossédée d'une grande partie de son mobilier. Même les fenêtres s'étaient vues débarrassées de leurs carreaux fissurés, déversant dans la pièce un vent glacé venant du nord.

     L'hiver était proche.

     – Mais on ne va tout de même pas dormir là-dedans ! geignait Gemma. Il n'y a plus rien !

     – Gideon a enlevé nos sommiers et nos matelas ont brûlés ! poursuivit sa jumelle.

     – Il fallait y penser avant de tout faire exploser, leur répondit froidement Marietta.

     – Mais ça n'était pas prémédité ! plaida Georgia, les larmes aux yeux.

     À côté d'elle, Gemma pleurait pour de bon.

     En me voyant, les jumelles se précipitèrent vers moi.

     – S'il te plait, Adaline, dis-lui toi !

De Rêve et de CauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant