Columbia,
13h47Une fumée grisâtre sortit de ses lèvres, son regard glacial contrastait avec la chaleur de sa peau couleur caramel. C'était un bel homme, grand et imposant. Il était cramponné à son siège, devant cette terrasse de café et aucun son si ce n'est celui des petits soupirs dûs à son cigare, ne semblait sortir de sa bouche.
Un homme vint alors à sa rencontre. Le crâne chauve dégarni, où ruisselaient quelques gouttes de sueur, la démarche hésitante et il prit place sur la chaise en face de son vis-à-vis. La crainte se lisait sur ses prunelles de telle manière qu'il n'osait pas le regarder. Il sortit un mouchoir et s'essuyait maladroitement le visage, commandant furtivement un café.L'homme aux yeux sombres, retira son cigare et le posa délicatement sur son cendrier.
- Tu semblais vouloir à tout pris me voir. Débutait l'homme au cigare
Un serveur arriva bien assez vite, déposant le breuvage sur la tête puis s'éclipsait. Le vieil homme au dos tassé, porta la boisson à ses lèvres et prit ensuite parole.
- Oui, les nouvelles sont bonnes mon vieil ami. Très bonnes, il reprit une autre gorgée et mit sa tasse grossièrement sur la table
Il manqua de renverser le fond de café sur la nappe immaculée. Il fouillait dans son manteau quelque chose, jura quelque peu et sourit lorsqu'il trouva ce qu'il cherchait: un bout de papier tout froissé. Et il tira ce dernier vers son interlocuteur.
- Je l'ai trouvé. Put-il dire en passant sa langue sur ses lèvres rugueuses
Un éclair de surprise passa sur le visage du charmant homme, un éclair où son visage paraissait déformé par une malice épouvantable. Il se reprit et toussotait en fixant le bout de papier.
- Tu es sûr?
- Certain, mon vieil ami. Je ne te ferai pas déplacer si je n'avais pas vérifié mes sources. Je sais combien ton temps est précieux. Cela m'a pris un temps monstre, il passa son mouchoir usagé sur son cou grassouillet, mais je l'ai retrouvé: Elle est encore plus belle que dans mes souve-Il comprit bien trop tard son erreur, il avait sorti ces mots sans vraiment réfléchir et allait très vite déchanter.
Il se retrouvait déjà tiré vers celui qu'il renommait vieil ami, le col empoigné par ce dernier. Ses yeux, il ne pouvait soutenir son regard et s'excusait vigoureusement; paniqué. Les employés, spectateurs de la scène ne bougeaient pas. Ils savaient que trop bien qui était cet homme à l'élégant trois pièces; ils savaient ce qu'ils se risquaient en essayant une quelconque intervention.- Tu l'as su depuis quand?
- Trois semaines, trois semaines!Le plus en forme projeta le grossier personnage, manquant de lui briser le dos. Il gémissait de douleurs et les passants continuaient leur marche, se donnant l'air de rien.
- Trois semaines Giuseppe, j'espère pour toi que tu sauras faire pardonner ton insolence en m'envoyant tout ce dont j'ai besoin de savoir.
Il réajustait sa cravate.
- Je connais bien tes penchants pour les photos.
Il partit sans écouter les dernières paroles de l'empoté.
- Oui, patron!
...
Javier avait passé tout son après-midi à se repasser en boucle les photos prises de celle qui avait désormais pour nom Karol Michael, ainsi que toutes les informations qui concernaient sa nouvelle vie. Elle n'avait plus l'air de la petite fille fragile qu'il connaissait que trop bien, si ce n'est quelque fois dans son regard émeraude. Elle avait changé, mais pour devenir une délicieuse créature; il voulait savoir si le goût de sa peau serait la même qu'autrefois. Si elle avait cette même expression lorsqu'elle le sentait dans une pièce. Si sa voix pourrait encore se briser sous ses coups. Il se remémorait tout d'elle, assis dans son bureau plombé dans le noir.
Soudain, le son de la poignée qui venait d'être tournée. Machinalement, il ferma son ordinateur privé et le rangeait dans ce même tiroir. La femme qui entrait, ne prit pas le temps d'actionner la lumière, elle avançait de manière sensuelle. Il ne lui accordait aucun regard approbateur, il détestait lorsqu'on l'interromp lors de ses sessions et elle le savait que trop bien.
Elle se posait sur ses cuisses, gloussant telle une gamine. Elle se savait belle, et elle l'était vraiment. Pourtant, sous ses prunelles froides elle en doutait. Des années qu'elle tentait de sauver quelque chose qui n'a jamais existé.Il soupirait, las et elle se sentit tristement ridicule à présent.
- Chéri, je voulais te faire plaisir... dit-elle d'une petite voix
- Lorsque je suis dans mon bureau, je n'aime pas être dérangé et tu le sais. Sonnait-il tel un reprocheElle tremblait dans un sanglot à peine étouffé, elle se relevait. Il ne le retint pas mais ne semblait pas vouloir qu'elle parte.
- Oui, je le sais mais... tu ne regardes plus. Des années. Je n'en peux plus, peut-être que tout simplement tu ne me désires plus.
Elle sortit tous ces mots, le regard dépité et un sourire amer. Elle avançait vers la porte, lorsqu'elle fût sans douceur plaquée sur le ventre contre cette dernière. Elle prit peur et il respira fort derrière elle.
- J'espère que tu ne comptais pas partir sachant que tu m'as frustré après ton interruption.
- N-Non...Il la retournait alors, les iris plus noires que jamais.
- À genou. Prononçait-il autoritairement et elle exécutait le visage baigné de larmes. N'oublies jamais que sans moi, tu ne vaux rien. Tu ne reflètes rien. N'inspires rien.
Tu n'es pas elle, se retint-il de dire.
Elle se souvint d'une autre vie en compagnie de cette homme, une vie heureuse et chaleureuse. Avec des rires, des baisers, des mots d'amour. Un homme et une femme qui s'aimaient. Où elle attendait un enfant...
- Pourquoi tu ne m'aimes plus? Pleurait-elle la tête baissée. Hein? Pourquoi?
Elle le détestait, non, elle détestait ce qu'il était devenu: un monstre. Hélas, une partie d'elle l'aimait encore. Même si la bête avait tout pris de son mari. Elle n'en pouvait plus. Des années qu'elle endure toute cette folie. Était-ce vraiment de sa faute? Pourquoi...
- Tu le savoir Esmeralda?
Sa voix paraissait sortir des tréfonds des enfers, tellement elle frissonnait. Elle le fixait et fût pétrifiée. El Malo.
- Pourquoi je ne t'aime plus? C'est simple pourtant.
Il se rapprochait d'elle et elle se reculait, il empoignait ses cheveux. Elle criait avant qu'il ne l'étrangle vigoureusement et qu'elle avale ses gémissements.
- Je ne t'aime pas Esmeralda, je ne t'ai jamais aimé.
Il prit son menton de son index et son pouce, forçant à le regarder. De son autre main, il attrapa violemment son avant-bras pour qu'elle ne s'écroule pas.
- Celle que je veux, celle que je désire est à milles lieux de toi, de tes tentatives plus que lamentables.
Les larmes baignait désormais son visage meurtri, son ventre se contractait douloureusement. Son corps connaissait que trop bien ce qui pourrait l'attendre. Comme toutes ces fois, elle déconnectait son esprit de son enveloppe charnelle. Elle ne semblait pas ressentir, la souffrance lorsqu'il la relevait sans douceur, à ses premiers coups. Dès que ses mains agrippaient sauvagement sa chair, elle était dans un état léthargique. Même ses larmes avaient cessé, elle s'étonnait à vouloir mourir si fort qu'elle bloquait sa respiration.
Hélas, il continuait. L'instant où il la ressentait partir, il la balançait à l'autre bout de la pièce comme une poupée de chiffon. Et il sortit.
***
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Te Amo...
General Fiction- No tienes ese derecho; el derecho a volver y poner todo patas arriba en mi vida... ahora tengo una familia real. Por favor vete. (Tu n'as pas ce droit; le droit de revenir et de tout chambouler dans ma vie... j'ai une vraie famille maintenant. S'i...