Chapitre 12

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Je me souviens encore comme si c'était hier, de ses lèvres parsemant le long de mon corps de baisers avec avidité, de ses mains fermes appuyant contre ma peau y laissant à certains endroits des marques violettes, de ta voix... si rauque et puissante m'ordonnant à chaque fois de me taire et surtout de ton regard. Ce regard bestial, imbibé de rage me dévorant et me déstabilisant.

Je me souviendrai toujours de toi, plus que les autres. Car tu as été mon premier et malgré les innombrables blessures sur ma peau; seules les tiennent perdurent. Plus encore, encrées à mon coeur.

- Mírame... mírame tomar todo lo que tienes. Todo lo que le dio alguna estima en este mundo. Mírame Alita...
(Regardes-moi... regardes-moi te prendre tout ce que tu as. Tout ce qui te donnait un peu d'estime dans ce monde. Regardes-moi Alita...)

À ces mots, il empoigna mon cou avec fureur voyant que j'avais baissé le regard. Mes pupilles se logèrent aux siennes comme dépossédées.
- Acuérdate.
(Souviens-toi.)

...

Je n'osais pas de suite ouvrir mes paupières, je devais me concentrer sur mon environnement. Où j'étais. Je ressentais des draps sur moi, l'odeur de cannelle, le léger grincement d'une porte; j'étais bel et bien dans ma chambre.
Mon corps était bien lessivé, je n'arrivais à bouger mes doigts dans la douleur de mes cauchemars semblaient heurter ma réalité. C'est alors que j'ouvris les yeux, des larmes y ruisselaient.

J'avais si mal. Je n'étais que souffrance à cet instant, je dûs me tordre sur le côté ainsi tomber de mon lit pour tenter de réveiller cette enveloppe charnelle; la mienne. Le choc fût rapide et le bruit sourd, la douleur était moins dense que celle qui contrôlait toujours mon corps: il fallait que je rentre sous la douche.
Je rampais littéralement vers ma salle de bain, la joue légèrement enflée par ma chute brusque. Arrivée à mon saint graal, j'activais le jet d'eau chaude au maximum et me retint de lancer un cri tant mon corps semblait réagir.
Ma peau rougissait, la vapeur envahissait toute la pièce. Je sortais quelques petits gémissements étouffés, mes plaies dans mon dos étaient les plus douloureuses.

Je restais de longues minutes avant d'arrêter la diffusion d'eau et de rester en position fœtale dans la paroi devenant étouffante. Mes sanglots incontrôlables, secouaient mon être et de nouvelles larmes apparurent. Je logeais une main dans mes cheveux et une autre sur mes lèvres.

Acuérdate.

Je frissonnais, manquait un battement. Dans ces moments, j'espérais tellement m'ôter la vie. Par ma propre faiblesse, je n'y arrivais jamais car au dernier moment je repensais toujours aux personnes qui me sont chères. Elles me retenaient égoïstement à cette existence de torture.
Je n'aimais pas la vie, je ne m'aimais et je ne méritais pas de l'être.
Mon estomac se contractait, se soulevant ainsi me provoquant un effet de bile et je crus remercier le Ciel que je n'eus rien avaler car j'aurais pu rendre mes tripes. Mon cœur à la limite de ma gorge.

J'avais enfilé un large pull et un jogging, allongée dans la baignoire; c'était mon seul endroit de réconfort après toutes mes crises.
Maman après l'adoption aimait lorsque je faisais de terribles cauchemars ou des crises d'angoisse sévère, me plonger dans un bain tiède, toute habillée. Je refusais encore qu'on me touche. Et elle rentrait avec moi, gardant une distance et chantait une cantine, je me surprenais après à dormir contre elle dans le bain, devenu trop froid. Je souris à cette image. La baignoire était vide et je fixais un point invisible en reprenant cette cantine intérieurement.

Au clair de la lune, mon ami Pierrot
Prêtes-moi ta plume, pour écrire un mot
Ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu
Ouvres-moi ta porte, pour l'amour de Dieu.

Te Amo...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant