Chapitre 11

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Les jours étaient passés, et j'avais pris soin d'éviter de croiser tout ce qui pouvait me rappeler le blond au regard marin.
Je n'eus pas à faire grand effort car je ne le vis pas; il semblait même qu'il avait déserté les cours après qu'il ait été mis à pied par le coach Armed. Je ne pensais pas que la sanction coulerait vite mais il fallait s'y attendre. Je m'étais donc remis à ma routine habituelle, ressentant malgré moi un nœud se créer dans mon estomac.

La nuit me rappelais sans cesse que mes pensées étaient bien assez embrumées, et je le devait à tout ce qui se passait en ce moment et il fallait que contre ma volonté le virus Thomas s'infiltre également. Je ne pouvais qu'intensifier ce ressentiment de mépris envers lui. J'avais l'humeur changeante, due à mon manque de sommeil et à mon anxiété. Le retour d'Emilio avait réveillé bien des choses enfouies en moi; et je ne pouvais pas m'y faire. Mon état d'esprit n'était pas prêt à faire face à tout ce chaos autour alors, je décidais de laisser paraître. C'était devenu ma bouée de sauvetage, le seul encrage lorsque tout n'avait plus aucun contrôle.

Nous étions enfin vendredi, j'avais pu surmonter ces insupportables journées en restant focalisée sur mes cours, les contrôles, mes réponses quant aux préoccupations des parents, toujours sourire, rire quand il faut; être tellement absorbée par tout et rien pour oublier de perdre le nord. J'avais cependant cette fatigue qui me martelait, m'empêchait de garder cette supercherie bien longtemps. Comme quoi, mon corps lui avait des failles.
C'était vendredi et je pourrais sombrer ce week-end, me fondre et me morfondre à mes démons: Il fallait que je tienne encore un peu. Juste un peu.

Hannah ouvrit brutalement la porte, en se jetant sur mon lit manquant de m'écraser. Je ne dis rien, me contentant de balayer ses cheveux qui m'avaient brouillés la vue. Elle se retournait et croisa mes yeux vides de sens.

- Je crois qu'avec Joaquim, on est fâché. Murmura-t-elle dans un soupir

Elle se mit dos à moi, tout en serrant mon ours en peluche contre elle.

- Je ne voulais pas qu'il organise cette fichue "teuf d'avant-match" comme ils disent, mais apparemment l'avis de son équipe l'emporte sur le mien. Et tu l'aurais vu, elle me fut face maintenant la mine boudeuse et renfrognée, au milieu de cette bande de dépravés! À croire qu'il s'y plaisait au milieu de l'alcool, de ses corps un peu trop proches à mon goût.
- Il n'avait pas le choix. C'était le choix de l'équipe. Réussis-je à dire avant qu'elle ne me foudroie du regard

Elle se mit en tailleur, l'ourson contre son visage se donnant un air enfantin, ce qui aurait pu m'amuser si je n'avais ce profond épuisement.

- Il aurait pu refuser, mais il semblait ravi...
- Hannah, râlais-je en roulant sur moi-même. Tu sais très bien que Joaquim t'aime et te respecte, énormément. Néanmoins, il est dans une équipe. Il se doit d'entretenir en dehors des statistiques de jeu, une certaine symbiose. Ce n'est pas qu'une fête pour lui, c'est le moment de prouver à ses coéquipiers qu'il peut... je perdis le fil des mots. Il doivent tisser des liens à l'extérieur. Conclus-je les pieds touchant le parquet bien que mon corps refusait de se lever totalement
- Il y a d'autres moyens de le faire! S'entêtait-elle
- C'est passé Hannah, tu devrais plutôt penser à quelle tenue mettre pour l'encourager. Qu'est-ce qu'il y a? C'est juste à cause de cette maudites fête? Il y en a plein chaque année, et il y en aura une même après ce match... je ne comprends pas bien cette soudaine colère.

J'étais visiblement agacée, de mauvais poil. Je pensais récupérer avant de devoir subir les cris et l'agitation de la foule aujourd'hui: le lycée avait annulé tous les cours pour préparer le match de la finale des sélections pour le championnat inter-lycée. Je n'avais aucune envie d'y aller, mais comme chaque année; à cause de cette infatigable passion que papa noue pour son équipe de lycée nous devons toujours y aller. Plus encore depuis que ma sœur s'est amouraché d'un joueur. Bien évidemment, je ne pouvais accepter qu'après ce lapsus d'accalmie que je m'autorisais il fallait que je supporte les plaintes d'Hannah.

Te Amo...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant