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Bokuto se réveillait à peine. Il avait dormi d'un long et profond sommeil que même ses rêves n'étaient pas parvenus à troubler. Pourtant, à peine en avait-il émergé que son corps tout entier hurlait sa peine. C'est bien simple, il avait l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur. Il avait mal partout. Ses articulations grinçaient. Ses muscles étaient durs comme du bois. Le combat au palais l'avait davantage meurtri qu'il ne l'avait cru sur le coup. Le pire, c'était son oreille. Yūji Terushima lui avait enlevé la moitié avec sa diabolique lance à trois lames. Ensuite, un gars au palais, Azumane, l'infirmier, avait grossièrement recousu les morceaux. Maintenant, ça le lançait tellement que ça lui soulevait le cœur.
Il avait besoin d'antalgiques, et vite. Mais le lit était chaud et doux. Il aurait pu rester allongé là une éternité. En attendant que la douleur passe. Peut-être que s'il parvenait à se rendormir...

- Salut, comment ça va ?

Bokuto n'arrivait pas à tourner la tête. Son cou avait doublé de volume. Il ne reconnaissait pas la voix. Une voix de fille.

- J'ai connu mieux.

- Ils ont préféré te laisser roupiller un peu.

- Z'ont bien fait.

- T'as mal ? demanda la fille en se penchant au-dessus de lui, assez pour qu'il la voie.

La moitié de sa tête disparaissait sous un bandage. Ce qu'il distinguait de son visage était bleui et enflé.

- T'es la fille qu'on a sauvée à Green Park, c'est ça ?

- Ouais, je m'appelle Brooke.

- Hey, Brooke. Moi, c'est Bokuto.

- Je suis au courant. Comme tout le monde, d'ailleurs. Tu l'as assez braillé hier soir.

- Pas faux.

- T'aimes bien faire l'important, on dirait.

- Je faisais pas l'important, je disais juste les choses telles qu'elles sont.

- Eh bien, Mister Grande Gueule, toi et moi, on a au moins une chose en commun.

- Ah ouais ? Laquelle ?

- On s'est tous les deux ramassé une sacrée dégelée. Mon gars, on est rétamés. Dans mon cas, c'était contre des crevards, mais toi, visiblement, c'était un pas de deux avec un autre enfant.

- Ouais. Et ce branleur m'a découpé avec sa lance et cabossé le crâne à coups de bouclier.

- T'as dû souffrir.

- Le martyre.

- Moi aussi, dit Brooke en s'asseyant au bord du lit.

- T'as été mordue ? demanda Bokuto.

- Non. Mais cette foutue mère avait un couteau.

- Tu veux dire qu'elle était armée ?

- Comme je te le dis.

Bokuto aspira bruyamment un bouffée d'air entre ses dents.

- Première fois que j'entends ça. Mais, bon Dieu, si les zombies se mettent à défourailler, la vie va devenir sacrément compliquée.

Il la dévisagea. Ses yeux étaient cernés de noir et de bleu. Le reste de son visage avait une teinte jaunâtre. Des taches de sang séché constellaient le pansement et ses lèvres étaient craquelées, gercées, pelées.

- Je suis aussi arrangé que toi ? demanda Bokuto.

- Tu ferais bien de ne pas trop la ramener, soldat, parce que t'es pas non plus un premier prix de beauté, même si je ne sais pas à quoi tu ressemblais avant.

ENEMY Tome 3 : Les déchus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant