reticent ᵏⁱᵐ ᵗᵃᵉʰʸᵘⁿᵍ

14

"Il y aura une collaboration entre les trois cours d'art cours dans les prochains mois," dit M. Choi sur son ton monotone, "Les facultés de théâtre, de photographie et de danse vont se réunir pour créer une production théâtrale comme l'Université Yonsei n'en a jamais vu auparavant."

Les mots mettent un certain temps à être compris par les étudiants, mais quand ils ont compris, les yeux brillent, et nous nous asseyons tous un peu plus plus droits sur nos sièges. Taehyung est pratiquement en train de percer un trou dans la tête de M. Choi avec l'intensité de son regard bleu.

"Avant de discuter de cela, cependant, je voudrais mentionner, dans l'esprit de l'événement, qu'il y a une production théâtrale qui se tiendra en ville dans deux jours. Docteur Faustus est la pièce jouée, et je vous invite à tous d'y assister. Ce sera gratuit pour les étudiants de Yonsei tant que vous montrez votre carte d'étudiant en entrant, et on vous fournira un environnement instructif pour vous tous afin d'acquérir une certaine perspective sur le processus complexe de la conduite d'une production théâtrale."

À la fin de son discours, M. Choi nous a assigné des tâches à compléter avant la fin de la leçon, et la classe se met à discuter alors que nous nous occupons tous
avec le travail de classe.

"Est-ce que tu vas y aller ?" Taehyung demande, en appuyant ses avant-bras sur la table et se penchant vers moi.

Je fredonne pensivement, en griffonnant la date en haut de ma feuille de papier ligné et en regardant aveuglément l'épais manuel scolaire sur la table.

"Je ne suis pas sûr... je ne veux pas y aller seule," je sens Taehyung remuer à côté de moi, et je lève les yeux pour le voir tripoter une de ses boucles d'oreilles en me regardant dans l'expectative, "Ça va être difficile de persuader Lia de venir avec moi."

"Oh ?"

"Ouais. Il y a une raison pour laquelle elle a choisi la danse plutôt que le théâtre, après tout."

Taehyung grogne en réponse, mais son agitation s'intensifie, et il se lève pour ébouriffer ses cheveux soyeux et cendrés, les yeux ne me quittant pas pendant que j'écris la réponse de la première question sur le papier.

"Eomma et Seongin pourraient apprécier," je songe, "Je devrais leur demander."

Taehyung reste immobile à côté de moi, et son changement de comportement fait que mes yeux se tournent vers lui.

Ses lèvres affichent un petit sourire tendre, et ses yeux sont chaleureux, mais il y a quelque chose qui ressemble à de la déception dans ses yeux, "Je suis sûr que ta maman adorerait ça."

"Et toi ?" je lui demande, et il hausse les épaules.

"Aucun des gars n'est vraiment intéressé par les pièces de théâtre. Mais je pourrais peut-être convaincre Yoongi-hyung de venir, s'il n'a pas déjà d'autres projets."

À la mention de son nom, Taehyung a sorti son téléphone de sa poche, trouvant le contact de l'homme en question.

"J'espère qu'il est libre."

"Ouais."

__

"Je n'arrive pas à croire que tu aies pris le temps de me le demander," se moque Lia une heure plus tard alors que nous nous dirigeons vers l'arrêt de bus, "Tu savais que la réponse serait non."

"Ça valait le coup d'essayer," je grommelle, sentant mes espoirs de trouver quelqu'un avec qui y aller, "Je suis sûr que eomma et Seongin donneront une chance."

"Tu penses sérieusement que ta mère laisserait Seongin s'approcher d'une émission qui parle de vendre son âme au diable ?" Lia rit d'incrédulité, et à cette réalisation, mon cœur s'enfonce dans ma poitrine.

Docteur Faustus. L'histoire tristement célèbre d'un homme qui vend son âme pour tous les pouvoirs dont il pouvait rêver, pour ensuite les gaspiller dans des tours de passe-passe et farces.

Je gémis de frustration.

"Merde," je marmonne dans mon souffle, et Lia ricane, "J'avais oublié que c'était comme ça que l'histoire se passait."

"Eh bien, ce n'est pas la fin du monde, n'est-ce pas ? Pourquoi ne pas demander à Taehyung ?"

Et là, ça me frappe.

Les regards glacés, pleins d'espoir. L'agitation et la façon dont ses épaules s'affaissaient quand je mentionnais quelqu'un d'autre que lui.

La culpabilité s'abat sur moi comme une vague toute puissante, et mes propres épaules se relâchent en réalisant cela.

"Je n'ai pas pensé à lui demander," je respire, "Je pensais qu'il serait parti par défaut."

"Espèce d'idiote," glousse Lia, en me donnant un coup de poing enjoué sur mon bras, "Appelle-le maintenant !"

Des papillons de joie explosent dans mon ventre, et un gloussement impuissant s'échappe de ma gorge alors que je sors mon téléphone de mon sac.

Il décroche à la troisième sonnerie.

"Miran-ah ! Est-ce que tout va bien ?"

"Tae, tu as réussi à convaincre ton colocataire d'aller avec toi ?" je demande, à bout de souffle.

Il y a un petit silence à l'autre bout du fil, et mon sourire faiblit.

"Non," dit-il avec un petit rire, "Il est avec sa petite amie ce soir-là... Je suppose que je vais y aller seul."

"Et si-" je fais une pause pour prendre une énorme inspiration, "Et si on y allait ensemble ?"

"Vraiment ?" sa voix, profonde de baryton est empreinte d'excitation, avant qu'il ne tousse, et quand il parle de nouveau, sa voix est un grondement sourd, "Je veux dire- euh- ouais, c'est une excellente idée."

"Je suis ravie," je murmure, incapable d'empêcher le sourire de s'épanouir sur mes lèvres.

"Moi aussi...," répond-il, et il y a encore quelques instants de silence alors que nous nous prélassons dans le succès d'un plan bien fait.

"Est-ce que, euh, je te retrouve chez toi cette fois ?" je lui demande.

"Ouais ! Comme ça tu pourras rencontrer les autres gars. Ils ont tous hâte de te rencontrer."

"J'adorerais ça."

"Et ce n'est pas un rencard, hein ?" demande-t-il malicieusement, et je peux entendre le sourire narquois
dans sa voix.

"Non," je réponds en expirant un rire, "Non, ça ne l'est définitivement pas."

"J'ai déjà hâte d'y être," répond-il, beaucoup plus sérieusement, avant que nous nous disions au revoir.

Quand je raccroche, je sursaute presque en réalisant que Lia est toujours avec moi à l'arrêt de bus, et elle me regarde fixement avec une expression partagée entre l'approbation, le dégoût et la fierté, ses sourcils rapprochés et ses lèvres tordues en une expression comique mi-sourire, mi-grimace.

"C'est quoi cette tête ?" demande-t-elle, et elle s'ébroue violemment.

"T'es putain de dingue de lui," elle bredouille, "Je n'ai pas vu un sourire aussi mielleux depuis qu'appa a regardé toutes mes photos de bébé. C'est un peu dégoûtant, vraiment."

Elle glousse comme une folle devant le fuchsia qui éclate sur mes joues, et doit se baisser pour éviter mon poing qui se balance vers elle, mais quand elle se redresse, son sourire est authentique, et ses yeux brillent de chaleur et de tendresse.

"Je suis contente que tu l'aies, Miran-ah," dit-elle dans un moment inhabituel de sincérité, m'attirant dans un câlin aussi réconfortant que son sourire, "Je suis heureuse de te voir revenir à la vie."