reticent ᵏⁱᵐ ᵗᵃᵉʰʸᵘⁿᵍ

23

"Miran ?" La voix de Lia résonne dans l'allée, suivie de ses pas rapides pour arriver là où je suis assise, recroquevillée contre le mur de l'auditorium et pleurant à chaudes larmes.

"Je ne peux pas, Lia," Je pleure alors qu'elle s'accroupit pour me serrer dans ses bras, "Je sais que j'ai tout gâché, mais je ne peux pas."

"Shhhh," elle roucoule, me remet en position debout et me serre contre elle, "Ne t'inquiète pas, Miran-ah, on va te sortir de cette pluie."

Doucement, elle me tire à travers l'allée, passe devant l'auditorium et nous traversons rapidement le terrain de l'université jusqu'à la station de bus.

Elle ne dit rien dans le bus, elle se contente de me serrer contre elle tandis que mes sanglots se transforment en hoquets discrets et finissent par s'arrêter complètement.

Elle me serre contre elle, frottant de grands cercles apaisants dans mon dos et murmurant de petits mots de réconfort.

Elle ne pose pas de questions. Elle n'insiste pas sur le sujet, même si je sais que la curiosité doit la ronger.

Elle reste inhabituellement calme et tranquille, et c'est dans ces moments-là que j'apprécie vraiment le niveau d'attention et de compréhension que Lia a pour moi. Bien qu'elle soit bavarde, pétillante et irritante dans le meilleur des cas, elle sait quand il est temps d'être silencieuse, quand il est temps de garder les questions pour une autre fois.

Lorsque nous arrivons à mon arrêt, elle descend du bus avec moi, marchant avec un bras autour de mon épaule jusqu'à ce que nous atteignions ma porte d'entrée.

Je cherche mes clés, mes doigts tremblent trop pour que je puisse en faire quoi que ce soit, alors Lia me les arrache des mains, ouvre la porte et m'emmène directement dans ma chambre, où elle m'aide à enfiler un pyjama sec et m'embrasse sur le front.

"Miran-ah," dit-elle doucement, les yeux remplis d'inquiétude, de souci et d'amour, "Tout ira bien, je te le promets. Je vais aller chercher ta mère, d'accord ? Je t'appelle plus tard dans la soirée."

À mon hochement de tête tremblant, elle me serre une dernière fois dans ses bras et disparaît.

J'entends le murmure silencieux de sa conversation avec ma mère, et deux minutes plus tard, on frappe doucement à la porte.

Dehors, la pluie continue de s'abattre sur le ciel.

"Entre," je croasse, ma mère ouvre un peu la porte, jette un coup d'oeil et me fait un sourire crispé.

Quand elle voit dans quel état je suis, elle se précipite dans la chambre, me pousse dans mon lit et se blottit contre ma forme tremblante.

"Miran-ah... ma fille," fredonne-t-elle, et des larmes fraîches me montent aux yeux, "Parle-moi."

Je ne réponds pas immédiatement, me blottissant plus près d'elle dans le lit et ordonnant mes pensées.

"Où est Seongin ?"

"Il est déjà au lit."

Je laisse échapper un soupir tremblant.

" J'ai vu papa," je murmure, et je sens ma mère se déplacer pour mieux me regarder.

"Vu comme dans... planifier de le voir ? Ou à l'improviste ?"

"À l'improviste," je précise, "Je l'ai vu sortir avec sa copine alors que je dînais avec Lia hier soir."

"Ah," fredonne ma mère, bien qu'il n'y ait aucune surprise dans le ton de sa voix.

"Tu étais au courant pour elle ?"