Chapitre 9

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27 septembre 2010 Bayhill.

La nuit fut courte. Mark partit trois heures plus tard. Il avait pris soin de relancer une machine à laver. Oona en était ravie. 

- En plus d'être beau gosse, il est prévenant!

- S'il n' y a que cela pour te plaire, je vais aller me rouler dans la boue pour que tu aies du linge à laver! rigola Oliver. 

Oona haussa les épaules. 

- Prêt pour le second round, patron? demanda-t-elle. 

- Je suis à tes ordres, Oona!

- Ok. Ce matin, j'ai contacté deux associations, commença-t-elle. Ils viendront demain pour emporter tout ce dont tu veux te débarrasser. Nous allons mettre en carton tout les objet qu'on pourra. On devrait être livré d'ici une petite heure par une société de déménagement. J'ai pris la liberté de te faire envoyer la facture. 

Oona extirpa de ses poches des liasses de post-it. Oliver la regarda avec un air interrogateur. 

- Les jaunes: on garde, les verts: on donne, les rouges: on jette!

- Ah ! fit Oliver simplement en se demandant comment elle pouvait avoir eu l'idée de ça. Ca ne lui serait jamais venu à l'esprit: il aurait simplement fait des tas. 

Ils commencèrent leur journée de tri après avoir passé l'aspirateur partout dans la demeure et ouvert toutes les ouvertures qu'ils pouvaient: l'odeur de l'insecticide prenait un peu à la gorge. Oliver commença par déménager tous les petits meubles et les objets. Il ne souhaitait pas garder grand'chose. Oona rattrapa plusieurs objets et meubles dont la valeur lui sautait au yeux. Inconsciemment, Oliver avait évité les chambres qui concentraient peut-être trop d'objets personnels. Oona n'avait pas la même préoccupation et s'en occupa. Elle porta sans lui dire les bijoux des Heston-Nite, la collection de pièce de monnaie et médailles dont elle soupçonnait la valeur au grenier. Elle avait d'ores et déjà remisé un service à thé en porcelaine plus que centenaire et quelques nappes brodées qui devaient être dans la famille depuis un siècle. 

Oliver entra dans la bibliothèque. Ses murs  étaient presqu'entièrement recouverts d'étagères où des livres somnolaient depuis des lustres. D'emblée, le jeune anglais s'y sentit bien. Certes, il y avait quelques travaux de rafraîchissement à faire mais dans l'ensemble, Oliver prit la décision de la garder en l'état.  Deux tableaux , des portraits se faisaient face. Le premier représentait Sol Heston. Un homme d'une quarantaine d'année, habillé simplement mais avec classe d'un costume blanc. Il posait adossé contre une barrière et derrière lui se trouvait la demeure  familiale. En face de Sol, posait Jon Nite aka John Reuben Hartfield. Jon Nite devait aussi avoir la quarantaine sur ce tableau. Un homme dans la force de l'âge, debout, dans un costume de ville avec un papier à la main. Derrière lui, une fenêtre ouverte  donnait sur la mer, la nuit. Le portrait était assez étrange mais il montrait un bel homme assez éloigné de la photo qu'Oliver avait rapportée d'Angleterre. Jon Nite avait une carrure que John Reuben n'avait pas encore, sa peau avait été tannée par le soleil, sa mâchoire était plus volontaire, débarrassée des oripeaux de l'adolescence. On sentait en lui de la force de caractère et de l'assurance. 

Oliver décida de garder les deux tableaux car ils avaient leur place dans cette demeure. Il resta un  long moment à contempler son aïeul pour essayer de trouver une ressemblance. Tout juste lui trouvait-il un air de famille mis à part ses yeux qu'il avait aussi clairs que lui. Un regard presque effrayant tellement il était clair, sensation augmentée par la pénombre qui entourait le sujet. Il en émanait cependant une certaine mélancolie si on y regardait de plus près. Les yeux avaient cette clarté mais ils ne fixaient rien en particulier. Le sourire esquissé de Jon n'était pas aussi franc que celui qu'arborait Sol Heston. 

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