Chapitre 11

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28 Septembre 2010, Bayhill, Nouvelles Galles du Sud, Australie. 

La fatigue avait eut raison d'Oliver malgré l'excitation que provoquait la lecture du carnet. Cependant,  il s'éveilla à l'aube. Tout était silencieux. Oliver jeta un œil dehors alors que le soleil peinait à se lever. Les fils à linge étaient encore un peu encombrés mais ils devraient être libérés dans la journée. La cour retrouverait un aspect plus académique. Oona finirait sûrement par trier tout ce linge aujourd'hui, les mettre en sac pour qu'il reparte vers une nouvelle vie; revendus ou distribués aux plus nécessiteux. Ensuite viendrait le tour de tous les cartons qu'Oliver avait remplis et des meubles et électro-ménager. Il tablait sur au moins trois voyages de camion pour tout emporter. 

Etrangement, plus Oliver avançait dans la lecture du journal de Jon Nite, plus un sentiment d'appartenance à ce lieu s'éveillait en lui. Était-ce dû au fait de redonner une sorte de virginité à ce lieu en vidant la grande demeure de tous ses souvenirs ou en découvrant en même temps qui avait pu être John Reuben Hartfield? Le jeune anglais n'en savait rien. Peut-être... sans doute un peu des deux. Avec le carnet, John Reuben devenait moins abstrait, plus vivant, plus humain qu'un nom sur un papier et moins figé qu'un portrait. En vidant maison principale, on la purgeait du vécu de toute cette famille dont il devait sa fortune: la propriété tournait la page des Heston-NIte. 

La lecture des premières pages du carnet l'avait captivé et il avait hâte de poursuivre. Oliver aurait pu s'y mettre maintenant que le gros du travail avait été fait. Déménager les meubles incombait aux associations. Pièce par pièce, les unes après les autres, elles se videraient de leurs souvenirs encombrants et de leurs fantômes qui n'existaient que dans l'imagination des hommes. Il resterait à les nettoyer et ensuite... Oliver ne savait pas. Qu'allait-il faire de cette maison immense? Y habiter? Non. Il n'était pas un fermier: Parker le lui avait clairement fait comprendre. Il ne pouvait pas se débarrasser de la ferme. C'était une clause de l'héritage. Du reste, Oliver n'avait pas envie de s'en débarrasser par respect mais aussi parce qu'il commençait à s'y attacher et à s'y sentir bien. Il aimait l'atmosphère de Bayhill, son calme, sa situation un peu perdue et la nature qui l'entourait. Cette demeure méritait de continuer à vivre et cette ferme de fonctionner car après tout, c'était là où tout avait commencé. 

Le soleil se levait à peine. Oliver descendit sans s'apercevoir qu'il était tout juste vêtu d'un pantalon de jogging. Il trouvait la fraicheur matinale bienfaitrice. Il fit le tour de la maison, puis, comme la première nuit, s'adossa au 4X4, les bras croisés perdu dans ses pensées.

Lorsque Mark Parker se réveillait, la première chose qu'il faisait était d'ouvrir la fenêtre. 

- Mais qu'est-ce qu'il fous dehors à poil? dit-il tout haut en apercevant Oliver. Il fait à peine 10°c!

Mark s'habilla en vitesse, attrapa un de ses pulls et sortit en trombe. Il se planta devant Oliver qui sursauta et lui fourra son pull dans les bras.

- Vous voulez chopper une pneumonie? Mettez ça au moins! 

Oliver n'avait pas entendu arriver l'intendant. Il se sentait bien et n'avait pas pris conscience du froid qui s'installait en lui. La voix de Mark Parker l'avait ramené à la réalité. Il obéit docilement aux ordres de l'homme qu'Oona trouvait si sexy. Le pull avait un parfum de bois de santal et de fleur d'oranger. Bizarrement, l'intendant avait l'air très énervé. Il attendit qu'Oliver finisse de se vêtir. Le pull était un peu trop grand et Oliver, malgré son 1.80m nageait dedans. 

- Depuis combien de temps êtes-vous ici, à poil? 

Oliver bredouilla:

- Je ... je ne sais pas trop... je n'avais pas froid... mais enfin! Vous êtes ma mère maintenant? s'énerva-t-il.

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