Chapitre 6

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Sydney. 10 septembre 2010.

Dans ce grand appartement moderne, Oliver s'ennuyait ferme. Il y passait le moins de temps possible. Il n'occupait qu'un minimum d'espace mais Cole insistait pour qu'il le garde. Cela faisait partie de l'image de la société. Oliver s'était résigné. 

Les dimanches soirs, il y errait comme une âme en peine  quand il ne s'abrutissait pas de travail. Depuis son accession au Conseil d'Administration de la HN Inc. il passait son temps à lire de mémos dont souvent le sens lui échappait. Il recevait aussi une quantité astronomique d'invitations, de courriers et de sollicitations dont il ne savait que faire surtout depuis qu'un article avait été publié dans un magazine d'économie. Cole avait aussi insisté pour qu'il se plie à cet exercice. Oliver avait dû se prêter au jeu d'une interview qui, pour lui, n'avait aucun intérêt. L'article avait eu un bon retour mais le revers de la médaille avait été l'arrivée massive de sollicitations de toute nature et de demandes d'interview pour des magazines et des médias plus people que d'économie. 

Le jeune PDG répondait donc invariablement de façon négative aux multiples invitations venant de toute part. Il espérait qu'à force de refuser, ils se lasseraient. Cependant, il étudiait scrupuleusement les sollicitations qu'il recevait. Beaucoup émanaient de particuliers ou d'œuvres de charité bon chic bon genre gérées par les épouses désœuvrées de la bonne société australienne. Il transmettait aussi les demandes d'emploi au service des Ressources Humaines quand il n'avait pas le temps de regarder de plus près les CV. C'est ainsi qu'il avait recruté Abraham. Ce dernier n'avait jamais passé le cap de l'entretien dans la HN Inc. Oliver l'avait alors appelé directement et ils avaient convenu d'un rendez-vous dans un café. A la fin de ce rendez-vous, Abraham avait un emploi et la DRH avait reçu la visite impromptue de son PDG dont elle se souviendrait longtemps.

Certains courriers étaient des demandes de subventions qui émanaient d'associations caritatives, religieuses ou non, touchant le social, l'écologie, la médecine... Pour toutes ces sollicitations, il étudiait la demande avec beaucoup de sérieux mais ne connaissant pas les associations concernées, il demandait souvent à la femme de ménage qui venait tous les jours.  Très rapidement et parce qu'il se sentait perdu dans son hall de gare d'appartement, il lia connaissance avec elle. C'était une femme d'une quarantaine d'année, bien en chair et au tempérament énergique. Un jour qu'il traitait une de ces innombrables demandes, il l'interpela:

- Veuillez m'excuser, Madame, mais vous venez ici tous les jours et je ne connais même pas votre nom!

- Je m'appelle Oona monsieur Hartfield.

- Oona... vous n'avez pas de nom de famille? demanda-t-il en souriant.

- Oona Durham, monsieur Hartfield.

- Bien,  madame Durham...

- Oona, monsieur Hartfield.

- Bien, Oona alors appelez-moi Oliver.

- Impossible monsieur Hartfield, ce ne serait pas correct!

- Expliquez-moi pourquoi je vous appellerai par votre prénom et vous par mon nom? Appelez-moi Oliver et puis c'est tout!

- D'accord monsieur Oliver.

- Non! Oliver, tout court!

- Pardonnez-moi mais c'est la première fois qu'un employeur me demande de l'appeler par son prénom, je n'ai pas l'habitude!

- Oona, vous venez ici tous les jours, même si ça fait bizarre de vous voir tous les jours. Autant nous appeler par nos prénoms. Ca n'a rien d'irrespectueux. 

- C'est le contrat, monsieur. 

Je sais Oona mais j'ai l'impression d'être un vrai cochon! Je salis tant que ça?

Là où la Terre rencontre le CielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant