Le Démon Archangélique - Les Prémices

La Jeune Gourmandise - Chapitre 10

Dreyson et Carlo s'écartèrent alors non loin du groupe, à environ trente mètres d'eux, vers le parking des vélos et véhicules à deux roues. Carlo enleva ses lunettes, plia les branches et les accrocha sur la poche de sa veste. Il continua d'arborer son sourire face au lycéen qui s'empressa de le lui rendre.

« Alors, Dreyson, comment vas-tu ? demanda le lieutenant humain du PADAH.

- On ne peut mieux faire Carlo ! répondit le démon de la colère, le plaisir de ta vue est intense !

- Et ça fait également plaisir de voir un enfant retrouver ses parents. Heureux que l'accident au parc ne fût pas l'œuvre d'un monstre bien plus puissant... Oh, excuse-moi de vous...

- Ne laisse pas l'inquiétude te gagner ! Je peux saisir qu'un humain voit les démons et anges comme des êtres semblables à des monstres. Après tout, nous n'avons pas pour origine ce monde, contrairement à vous.

- Oh que si ! Vous y êtes restés assez longtemps pour que vous y soyez chez vous ! Bref, ne parlons pas de culture ou d'histoire ! Nous sommes ici pour parler de toi.

- Plait-il ? Quelles nuisances ai-je encore induites ?

- Toi ? Rien. Je dois te mettre en garde. Il n'y a eu jusqu'ici que peu de crimes perpétrés par des forces angéliques ou démoniaques dans ton lycée, mais la situation risquera de changer. Tu sais pourquoi ce lieu pourrait être dangereux ?

- En effet, une source considérable sommeille ici. Je la ressens presque chaque matinée, parcourir mes veines. Tout ange ou démon y est attiré, en particulier ceux qui laissent leurs pulsions dicter leur conduite. Si quelqu'un venait à contrôler l'énergie qui se trouve sous les bâtisses de ce lieu... il deviendrait une menace pour toute la ville, voire l'ensemble des États unis.

- Exact ! Tu es bien renseigné. Malheureusement, le PADAH doit utiliser ses effectifs pour une affaire plus importante. On soupçonne la venue d'une organisation que nos collègues ont déjà rencontrée auparavant dans l'État de New York. Je ne peux pas te divulguer le nom, mais pour te donner une idée : elle baigne dans le blanchissement d'argent, le trafic de drogue, la corruption de dirigeants à travers l'occultisme et j'en passe...

- N'est-ce pas là le combat perpétuel de l'agence ?

- Mais celle-ci semble plus prometteuse que les autres, ou plutôt plus dangereuse...

- Et cette organisation se serait installée ici ? En cette ville insignifiante ?

- On ne sait pas où ils se trouvent sur le sol américain, mais tout porte à croire que l'un de leurs repères serait dans le coin ! Et nos doutes ont été confirmés dès lors que la prison fut attaquée pour libérer de puissants anges et démons.

- Plait-il ? Mesures-tu l'importance de tes propos ?

- Bien sûr ! Et c'est pour cela qu'on est débordé. On tente de tous les retrouver, mais c'est comme trouver plusieurs aiguilles dans un énorme tas de foin. Pour l'instant, aucun d'eux n'a été signalé dans ce quartier. Néanmoins (il ressortit ses lunettes pour les reposer sur son nez) ton lycée pourrait avoir quelques problèmes.

- Si tel est le cas, je me ferais une joie de perpétuer notre coopération et d'y apporter mon aide en signalant le PADAH de toute présence non humaine dangereuse.

- Certes, cependant j'ai eu un entretien avec mon capitaine. Il ne veut pas que tu joues le justicier. Si tu vois un criminel, ne cherche pas à l'affronter, contacte-moi et j'enverrai du renfort.

- Et comment puis-je faire mes preuves auprès du PADAH si je dois être poussé à l'inaction ?

- J'ai dit que mon capitaine ne voulait pas que tu affrontes qui que ce soit (il arbora ensuite un grand sourire) il ne l'a jamais ordonné !

- Tu sais très bien que jouer avec les mots est un terrain parsemé de pointes si cela implique ton capitaine...

- Moi je saurais m'en sortir, mais c'est surtout toi qui risques de perdre ton poste. Tu peux essayer de faire tes preuves, mais s'il y a des blessés, tu retourneras dans un lycée pour anges et démons. Et tu pourras dire adieu à ton prestigieux poste au PADAH. Sans parler du savon que ton père t'enverra.

- Je doute qu'il déverse sa puissante colère sur moi, il n'y aura que de la déception néanmoins je n'en ai que faire. Je veux ce poste.

- Malheureusement au PADAH, ce n'est pas qu'en suivant le règlement qu'on progresse, mais on doit quand même le faire scrupuleusement. Tu dois leur montrer que tu n'es pas un simple démon de la colère. Et cette mission que tu as, protéger le lycée Baker, peut te permettre de gravir rapidement les échelons avant même d'être adulte si tu parviens à rester dans les bonnes grâces de la loi ! Rien n'est plus important pour une agence que la discipline. Cependant une seule erreur, un seul blessé, et c'est la fin entre toi et le PADAH. Tu dois faire attention, à toi, au lycée, et... à Morgana.

- Pourquoi revient-elle souvent dans nos discussions ?

- Dois-je te rappeler que c'est toi qui as eu la brillante idée de lui apprendre la magie noire ? Depuis, mon capitaine a peur qu'elle lance un sortilège par accident. Il a alors décidé que tu en es responsable maintenant. Son potentiel serait apparemment plus puissant que la normale.

- Oui c'est ce qui en découle. Et je te remercie par ailleurs pour les enseignements de magie noire que tu m'as transmis.

- Tu n'as appris que les bases, un jour elle en saura bien plus que toi. Bref, je récapitule tes objectifs : tu dois protéger le lycée des criminels qui se sont enfuis de prison et tu dois faire attention au danger que représente Morgana.

- Elle n'est nullement un danger.

- Oui, j'ai compris qu'elle compte pour toi. Tu as tout retenu ?

- Oui chef ! Cependant, je désirerais te parler d'un autre sujet, dont nous serons seuls à savoir.

- Oh ? Tu tiens à me confier tes histoires sentimentales d'ado ?

- Je te laisse espérer en de tels rêves où je viens à me confesser. Je voulais traiter au sujet de Jacob...

- Intéressant, raconte-moi tout... »

***

Jacobson s'impatientait. Il continuait d'écouter les phrases pleines d'amour et d'attention entre Gévaudow et sa famille, seulement l'heure tournait et il risquait presque d'abandonner leur enseignement en sciences. De plus, Dreyson n'avait pas fini de parler à Carlo. Le néo hippie alluma alors une autre cigarette qu'il sortit de son paquet. Ce dernier était presque vide.

C'est seulement après cet instant que l'autre lycéen et l'agent du PADAH revinrent et ce dernier prit la parole :

« Je ne veux pas gêner les retrouvailles familiales, mais il va falloir aller au poste pour remplir un peu de paperasses ! Et il me semble que ces lycéens ont cours !

- Merci encore jeunes hommes d'avoir retrouvé notre petit monstre ! dit alors la mère en serrant Gévaudow dans ses bras.

- On ne pourra jamais vous remercier assez ! ajouta le père.

- Ça fait toujours plaisir d'aider m'sieur et m'dam ! répliqua Jacobson en jetant son mégot sur le sol, garder un œil sur lui, il court très vite !

- Bon, assez discuté, coupa Carlo, nous devons y aller. Merci encore, les lycéens, et travaillez bien !

Ils repartirent par la même ruelle par laquelle ils étaient arrivés tandis que les deux adolescents firent un signe de la main. Gévaudow, qui était dans les bras de sa mère, la tête posée sur l'épaule, vit Dreyson et Jacobson et leur fit un grand sourire. Le néo hippie sentit de nouveau une larme sur la joue.

- Mon dieu c'est tellement beau ! sanglota-t-il.

- Point de repos, les sciences nous appellent, annonça Dreyson, il me semble qu'on va commencer la reproduction humaine.

- Quoi ?! Mais moi je croyais qu'on parlait encore des cailloux ?! Vite ! Faut y aller ! On va peut-être avoir droit à la partie la plus intéressante !

- Je suis épuisé par ce toxico pervers... »