La Sentence Du Passé - Chapitre 1

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Le matin frais. Le brouillard levant. Les feuilles, peu nombreuses à s'envoler. Les premiers rayons du soleil traversant laborieusement les nuages. La nuée de pigeons restant en hauteur puis chassée par trois corbeaux. Ces charognards patientaient, comme s'ils avaient prédit la future tragédie. Aucune âme ne semblait présente dans la ruelle frigide, sauf une.

Un individu était là, assis sur le dossier d'un banc, joignant ses mains pour réaliser une prière. Il était vêtu d'une armure jaune scintillante, couronné de nombreuses pointes autoritaires. En dessous de sa ceinture se trouvait une cotte de mailles formant une élégante tunique. Par-dessus, le torse était recouvert du symbole de deux marteaux puis son dos dégageait deux ailes de colombe ayant une taille équivalente à son corps. Enfin, son casque de légionnaire ne laissait que deux failles pour chaque œil dont émanait une puissante lumière blanche.

Il patientait...

C'est alors qu'une autre personne ressortit de la brume : sale, mal vêtu, marmonnant dans sa barbe épaisse et frappant les cailloux sur le sol. C'était un sans-abri et également un criminel ayant commis de nombreux vols avant de se faire incarcérer. Cependant, le destin avait provoqué un accident dans la prison où il avait séjourné, lui redonnant la liberté et l'occasion de reprendre sa vie de vagabond.

L'individu occupant le banc savait tout de lui, aussi il se leva puis se plaça devant l'homme à la barbe. Barrant la route, ses grandes ailes enveloppèrent l'humain. Ce dernier leva la tête et vit la personne en armure. L'effroi le gagna rapidement.

« Jahir Sutton, vos fautes ont précipité votre condamnation, vous méritez la peine capitale. »

À ces mots, une lumière blanche éblouit le sans-abri qui n'avait pu prononcer un mot. Une épée fine, radieuse, formidable, apparut dans le gantelet droit du légionnaire. D'un coup sec, la lame se planta dans le cœur du condamné qui fit un pas en arrière.

***

Tight rentra dans son vieil appartement puis ne tarda point à s'asseoir avec paresse sur son fauteuil en prenant une autre cigarette. La fumée le détendait. L'homme aux cheveux blond alluma ensuite la radio, à la recherche d'un fond pouvant bercer son atmosphère.

Lorsqu'il remarqua la présence de sa sœur dans le salon, il abaissa le volume de la musique, elle devait avoir un sujet à aborder au vu de son visage contrarié.

« Tu étais encore parti « travailler » ? lui demanda-t-elle.

- Il faut bien.

- Ça s'est bien passé ?

- Comme d'hab ! Mes petits gars sont sympas, tranquilles, mais ceux avec qui je traite, les marcheurs de l'ombre là... eux ils sont de plus en plus chiants. Ces gens-là ont un sérieux problème, se plaignit-il avant de souffler une autre fumée.

- D'accord.

Le dégoût dans sa voix se faisait entendre, Tight n'aimait pas cela. Sa sœur, Thicha, lui ressemblait, elle avait aussi les yeux bleus, la même chevelure. Les seules différences résidaient dans la faible musculature, l'absence de cicatrices en dépits de cernes profondes, et aussi le caractère. Le frère voulut connaître la raison de sa perturbation.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Tu le sais très bien tout ça ! lui lâcha-t-elle spontanément.

- Hé ! (Il se leva pour s'approcher) Ne la fais pas à moi. Qu'est-ce qui t'emmerde ?

- Mais rien ! Il n'y a rien !

Elle fit mine de repartir dans sa chambre, mais Tight la retins par le bras, elle voulut le rejeter, seulement il la serrait fort. Thicha commença à se débattre.

- Lâche-moi bordel !

La femme voulut lui infliger un coup de poing à l'aide de son autre main, mais il la saisit aussi. Ayant les deux bras liés, elle tenta de se libérer en employant toute sa force, si bien que des hurlements finirent par résonner. Tight la plaqua au mur, il hurla à son tour :

- Qu'est-ce que tu as ?!

- Lâche-moi ! Tu me fais mal ! gémit-elle.

Sur ces paroles, le grand frère desserra les poignets, qu'il tenait toujours néanmoins. Paraissant moins colérique, Thicha essoufflée lui confessa ses maux :

- J'en ai marre de ce que l'on vit Tight ! Depuis que maman n'est plus là, on vit dans la merde ! On est constamment en danger et j'en deviens folle moi !

Des larmes coulaient le long de ses joues, elle s'affaissa doucement le long du mur et finit par s'accroupir. Tight en fit de même, toujours en contenant les poignets, il l'écoutait avec attention tout en dissimulant son propre chagrin.

- J'en peux plus... chuchotait la jeune femme, je veux que ça s'arrête... je veux une vie normale... pour toi, pour moi... et qu'on parte de cette ville pourrie...

La sœur posa sa tête contre celle de son frère. Après un long silence, c'est Tight qui finit par le briser :

- Dans quelques semaines, je serai peut-être accepté pour un job en Californie. On quittera cet appart. J'aurais bientôt l'argent pour le voyage et le nouveau logement. Je dois encore un peu dealer et ce sera fini entre moi et New Saeron. Ça parait con, mais moi aussi j'en peux plus et je sens que les choses vont bientôt exploser ici. Une petite vie calme, ça pourrait être sympathique...

- Tu me promets cela depuis des années... »

Il la prit dans ses bras, Thicha, qui pleurait, posa délicatement ses mains libres sur les épaules de son frère. Celui-ci la quitta, se releva, mit sa veste en cuir dans laquelle il cacha plusieurs sachets dans les poches. Il partit travailler.

Le Démon Archangélique - Les PrémicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant